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Jean-Loup, Michel, Claude, Stanley,… et les autres

Jean-Loup Dabadie, Michel Piccoli, Claude Sautet, Stanley HoJean-Loup Dabadie, Michel Piccoli, Claude Sautet, Stanley Ho
Écrit par Patrick Huchet
Publié le 31 mai 2020, mis à jour le 3 juin 2020

Drôle d’amalgame… Jean-Loup, c’est Dabadie, accessoirement académicien, sublime parolier dialoguiste qui vient de nous quitter à 81 ans. Michel, c’est Piccoli, 94 ans, qui vient également de nous quitter. Un personnage trouble, équivoque, dérangeant, comme la vie… Claude, c’est Sautet, le seul et unique. Il nous a quitté beaucoup plus tôt, en  l’an 2000. Il avait 76 ans. Et pour finir, Stanley, c’est Stanley Ho, Tycoon de Hong Kong, un des hommes les plus riches de la planète, il est décédé il y a quelques jours, quasiment en même temps que Jean-Loup et Michel.

 

Les étoiles s’éteignent trop souvent en même temps…

Par la magie du cinéma, je viens de retrouver les trois premiers  dans ce magnifique film de Claude Sautet : « Les choses de la vie » où Claude met en scène, Michel assume le premier rôle aux côtés de la belle Romy, et Jean-Loup écrit les dialogues.

Marrant le nombre de cigarettes consumées ! Ils avaient alors le courage de se foutre du cancer du poumon comme de la guigne. Depuis, nous avons inexorablement commencé à penser à notre petite santé, aux frilosités du temps, à la vie éternelle… Nous avons pavé le chemin au principe de précaution, les cigarettes d’abord , l’alcool ensuite, puis la nourriture et maintenant, les sourires et la joie d’être ensemble…

 

Mais, Stanley ? Que vient-il faire là-dedans ?

A part le fait d’être mort presque en même temps que Jean-Loup ? Il se trouve que j’ai eu le rare privilège de rencontrer Stanley et Jean-Loup, séparément, bien sûr, et que cette coïncidence m’interpelle au moment de leur disparition… synchronisée.

Stanley Ho, ce fût à Macao, au début des années 80. Il avait déjà fait fortune aves ses ferries qui reliaient Hong Kong à Macao de jour comme de nuit, et ses casinos qui faisaient doucement mais sûrement pâlir les néons de Las Vegas. C’était à l’occasion de l’inauguration d’une agence bancaire française  à Macao. L’homme était discret, à l’asiatique, mais les yeux pétillaient. Il ne fût apparemment pas insensible à ma jeunesse et à mon air candide. Nous parlâmes assez longuement de... tennis et de tango ! (Disciplines dans lesquelles il excellait.) Derrière le sourire, il y avait une culture impressionnante et une grande humanité.

Jean-Loup, ce fut beaucoup plus tard, il y a 3 ou 4 ans, au restaurant de la « Colombe d’or » à Saint Paul de Vence où il avait sa table réservée. Au dessert, je me suis approché en donnant comme excuse que je venais de promettre ce matin à mes copines présentes de leur chanter, le soir venant, à l’apéritif, «  Ma préférence », à la Julien Clerc. Et le parolier se trouvait soudain en face de moi. Il me demanda tout de suite si il pouvait se joindre à nous pour la soirée !

Moment magique : l’auteur de « Le petit garçon » et de « L’Italien » pour Reggiani, « On ira tous au paradis » pour Polnareff, « Femme, je vous aime », « J’ai le cœur trop grand pour moi » pour Julien, et combien d’autres. Il m’a posé beaucoup de questions sur mes motivations d’amateur de la chanson, comment je choisissais mes morceaux ? Est-ce que je composais ? Est-ce que je jouais souvent ? Seul ou en orchestre ? Je lui ai demandé comment on pouvait composer sans musique des textes qui allaient se retrouver en mélodie comme si c’était une chose naturelle ? Ca l’avait fait sourire.

 

Différents, le Tycoon et l’académicien ?

Pas tant que ça. Chacun dans son domaine, ils se sont investis et se sont trouvés.

Je pense sincèrement que Stanley, ses milliards, il s’en fichait. (il est vrai qu’il est plus facile de s’en foutre quand on les a, mais quand même !)

Jean-Loup, la notoriété, il l’assumait mais elle l’ennuyait. Sa vie s’était brisée à la séparation de ses parents - le père, écrivain d’opérette avait quand même offert aux Frères Jacques le « Général Castagnettas » ole ! De cette brisure sont sortis ces cris du cœur et de l’âme qu’il a su traduire en chansons, en sketches, en réalisation de films et en dialogues divers. Il savait tout simplement parler la vie.

Ces deux caractères, apparemment aux antipodes, avaient quelque chose en commun : L’amour de la vie, mordre dedans à belles dents, et réaliser leurs rêves. Pensons-y dans nos jours difficiles et reprenons le bel adage de Benjamin Constant : « Il vaut mieux s’habituer aux intempéries de l’air que de vivre dans un souterrain. »

 

lepetitjournal.com

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