Avec l'arrivée du livre électronique le monde de l'édition est en pleine mutation. Didier Millet l'a bien compris et les nouveaux défis ne lui font pas peur. Parcours d'un amoureux des livres
Tout a commencé à Tahiti ou "Les Editions du Pacifique" ont vu le jour en 1971. S'ensuit alors un parcours entre la France et l'Asie : sollicité par le groupe Straits Times, Didier Millet crée en 1984 une nouvelle maison d'édition à Singapour en partenariat puis décide dans les années 90 de fonder à Paris les "Editions Didier Millet"(EDM), et de relancer en France "Les Editions du Pacifique". EDM sera par la suite enregistré dans la cité du Lion, tandis que Marie-Claude, sa femme, s'occupe plus particulièrement de l'activité à Paris.
"C'était alors très facile de créer sa société ici et il y avait bien peu de concurrence à l'époque. Le marché local était très limité", confie-t-il.
Travaillant aussi bien pour la communauté française que pour des institutions singapouriennes, Didier Millet s'est rapidement fait un nom et collabore avec le Singapore Art Museum, l'Asian Civilisation Museum ou le National Museum (cf. le très original et très nostalgique Vintage Singapore) NUS, de grandes sociétés locales et des sponsors institutionnels font également appel à son savoir faire, comme pour Singapore, The Encyclopedia publié en association avec le National Heritage Board. Cependant, les crises de 1998 et de 2009 sont passées par là, et les commandes et les sponsors se sont faits plus rares. Comme beaucoup de secteurs, l'édition est tributaire de la conjoncture économique.
La place de l'édition électronique
Alors que Borders ferme ses portes à Singapour, et qu'Amazon étouffe les acteurs traditionnels de l'édition, les prédictions sont plutôt sombres pour les librairies généralistes. e-publishing, livres électroniques, ? la dernière foire de Francfort ne résonnait que de ces noms là !
Didier Millet prend la chose très au sérieux mais semble prêt à franchir le pas de l'édition électronique. A Noël dernier, Amazon a déclaré avoir vendu plus de livres électroniques que de livres papier format poche.
"Les guides de voyages sont en chute libre. Le net a pris le relais et l'édition électronique prend ici tout son sens avec des remises à jour instantanées. Tout bouge si vite, à Singapour en particulier. Finis les stocks de guides qui pouvaient attendre 3 ans dans la réserve du libraire. D'un point de vue écologique, l'édition électronique a ceci de bon qu'elle supprime le papier, les transports et simplifie les problèmes de stockage, et ceci est également valable pour les journaux. Par ailleurs, l'impression des livres coûte cher et demande des budgets importants, ce dont les gens ne se rendent pas forcément compte".
Les spécialistes du net prévoient qu'en 2020, 80 % des librairies auront disparu. Seules subsisteront les librairies spécialisées dont les clients, esthètes pour la plupart, seront sensibles aux beaux ouvrages et à un support papier de qualité. Les collectionneurs continueront de rechercher des livres d'Art pour les exposer dans leurs bibliothèques.
Quels ouvrages pour quels sujets
Nombreux sont les sujets abordés par EDM.
Une des meilleures ventes reste le Singapore Sketchbook, vision aquarellée de la cité état, publié en 1995 et que l'on trouve toujours dans toutes les bonnes librairies. Décliné depuis pour de nombreuses autres villes, ce livre constitue le cadeau parfait. Le Pictorial History of Singapore conçu il y a 10 ans, connait également un beau succès. Singapore the Encyclopedia passe au crible la cité du Lion avec des informations détaillées mises en images sur plus de 630 pages dans absolument tous les domaines : politique, art, loisirs, etc.
A venir, l'histoire de la présence française à Singapour depuis sa fondation. Ouvrage de 224 pages, The French in Singapore sera joliment émaillé de photographies et de documents d'archive. Maxime Pilon et Danièle Weiler collectent depuis 4 ans déjà, une mine d'informations et dressent des portraits contrastés des français qui ont marqué Singapour. L'Ambassade de Malaisie, intéressée par ce projet souhaiterait s'en inspirer et le décliner chez eux.
Les Editions Didier Millet ont encore de beaux jours devant elles !
Propos recueillis par Florence Notté (www.lepetitjournal.com-singapour) jeudi 31 mars 2011