Hommage à Michel Testard - Ancien élu au CSFE pour l'Asie du Sud Est
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Michel Testard, ancien élu pour l’Asie du Sud Est au Conseil Supérieur des Français de l’Etranger - CSFE (qui deviendra plus tard l’Assemblée des Français de l’Etranger - AFE) est décédé du Covid19 ce vendredi 14 mai 2021 en Thailande. Sa suppléante à Singapour durant les 14 années de son mandat de 2000 à 2014, Valérie Bonin, lui rend hommage.
Hommage de Valérie Bonin à Michel Testard
Mon grand ami n’est plus parmi nous : Michel Testard est décédé ce vendredi 14 mai, dans un hôpital en Thaïlande. Il avait été plongé dans un coma artificiel il y a quelques semaines, après avoir contracté le COVID-19.
J’ai rencontré Michel à Bangkok en 1999. Je m’étais expatriée seule, je travaillais pour une entreprise étrangère, je n’avais aucun contact avec « la communauté française », j’ignorais même qu’elle existât. Un soir, j’ai été entraînée par des amis insistants dans une soirée improbable, française, où je ne connaissais personne. Michel est le seul qui s’est levé et est venu me parler. C’était sa forme de politesse, constante, de ne jamais laisser quelqu’un isolé, a fortiori en société, et de vouloir toujours que chacun se sente à l’aise.
Quelques mois plus tard, en juin 2000, Marc Villard et lui, étaient élus au Conseil Supérieur des Français de l’Etranger (qui deviendra plus tard l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE), pour l’ADFE-FdM (Français du Monde). J’étais sur le point de partir m’installer à Singapour, et, la circonscription étant étendue, Michel me demanda de devenir sa correspondante localement. J’acceptai, sur la confiance que j’avais en cet homme que je voyais s’impliquer pour les autres.
Michel Testard, un esprit généreux
Marc et lui ont ainsi réuni une équipe pour les seconder dans onze pays d’Asie du Sud-Est et j’ai eu le bonheur et l’honneur de travailler avec Michel pendant 14 ans, le temps de ses deux mandats à l’AFE. Nous étions bénévoles, nous n’avions aucun budget et notre rôle consistait à écouter les personnes, faire remonter leurs problèmes à l’Assemblée par un travail de plaidoyer afin de promouvoir de futures lois aidant les Français de l’Etranger dans des domaines sociaux, économiques, familiaux, fiscaux pour nos concitoyens de la région. En équipe, nous avons beaucoup appris et travaillé pour conseiller nous-mêmes ou mettre en relation avec des professionnels tels qu’avocats, psychologues, juristes, et autres, dont nous manquions encore dans plusieurs pays ou dont les honoraires étaient trop élevés pour les personnes qui nous présentaient leurs problèmes. Nous avons travaillé avec les Consulats pour défendre les bourses scolaires et d’autres sujets concernant la vie quotidienne de nos concitoyens.
Durant toutes ces années Michel, outre mon ami, a été aussi mon mentor : c’est lui qui m’a appris la bienveillance, un mot galvaudé aujourd’hui, mais qui pour lui signifiait tout simplement la gentillesse et l’inclusion de tous. Sa tolérance l’a fait accepter que je l’assiste au nom de la mise en actes concrets de convictions humanistes que nous partagions, sans m’obliger à adhérer à une famille politique. Je l’ai vu ne jamais compter son énergie, pour aider tout le monde, quelles que soient les appartenances de chacun, dans les communautés françaises de la région. C’est lui qui m’a appris le service aux autres et, en cela, il a modifié profondément ma conscience et ma vision du monde.
C’était un homme profondément bon, que j’ai vu défendre ses convictions, aller sans peur s’opposer à des personnes de pouvoir plus grand que le sien, toujours dans le respect d’autrui. Trilingue français-anglais-thaïlandais, je l’ai vu évoluer dans les communautés française et thaïlandaise, avec le même bon vouloir de connaître les hommes avant les cultures, dont il avait recherché préalablement les arcanes dans le silence et l’humilité, afin de mieux comprendre les premiers. Il m’a montré par son exemple ce qu’est un homme de grande tenue, dans sa morale et son action.
Pour moi, c’est un grand Monsieur qui s’est éteint. Nous restons nombreux à Singapour aujourd’hui à conserver dans nos cœurs l’honneur et l’affection qu’il nous a portées et nous présentons nos condoléances sincères à sa famille.
Un amour pour la Thaïlande et l'Asie du Sud-Est
Originaire du Puy, Michel rencontre sa future épouse, une étudiante thaïlandaise, pendant leurs études en France. Il commence une carrière dans le secteur textile en France, notamment en tant qu’acheteur en Chine, dont il écrira plus tard les aventures dans l’ouvrage «Ma Chine - Pérégrinations d’un acheteur français en Chine de 1976 à 1984». Michel aura deux enfants. La famille est installée à Bangkok, où Michel travaille notamment dans la distribution (grands magasins) pour une grande entreprise thaïlandaise avant de monter sa propre société, Servex, qui représente des sociétés françaises en Thaïlande ou dans la région. Son expertise dans le secteur textile le verra remporter en fin de carrière un gros contrat de formation dans le design et la mode, sponsorisé par le gouvernement thaïlandais. Divorcé, il rencontre sa seconde épouse, avec laquelle, par la suite, en semi-retraite dans leur maison de Khao Yai, il se consacre à des projets d’édition, d’écriture, de design et de peinture.
La contribution de Michel aux communautés françaises d’Asie du Sud-Est est importante : je me souviens notamment de la société de bienfaisance qu’il a fondée à Bangkok ; il soutient la création de l’école de Pattaya ; il négocie un accord entre un hôpital à Bangkok et la CFE ; il défend l’école laïque à l’étranger. Il accueille en Asie du Sud-Est la première mission du Conseil Economique et Social sur la condition des entrepreneurs français à l’étranger (personnes créant leur entreprise localement, non détachés par des entreprises ayant leur siège en France), puis, en tant que CCE, il participe au groupe de travail régional pour la reconnaissance des EFE (entreprises françaises de l’étranger). Pour ses services rendus, il est décoré Officier dans l’Ordre National du Mérite.
