Bertrand Fouquoire a été longtemps en charge de l’éditorial du petitjournal.com Sinapour dont il est resté un contributeur actif depuis son retour en France, début 2017. Il vient de lancer une campagne de financement participatif en vue de la publication du « Petit Tracteur Rouge », premier volet des aventures de Zoé et Louis. Un livre jeunesse, illustré par Aude Gooly, dont les vedettes sont 3 enfants et un tracteur qu’ils vont aider à trouver sa place parmi les siens.
Lepetitjournal.com Singapour : Dans quel contexte as-tu écrit cette histoire ?
Bertrand Fouquoire : J’ai écrit cette histoire il y a plusieurs années, à l’occasion d’une expatriation aux Etats-Unis. Mes enfants étaient petits. Je venais de quitter mon emploi de DRH pour accompagner ma femme et m’étais aperçu que je ne pouvais travailler sur place. J’avais toujours eu envie d’écrire. Je me suis dit que c’était une bonne occasion pour le faire. J’ai écrit plusieurs histoires à cette époque : plusieurs aventures de Zoé et Louis ; une autre, plutôt pour les jeunes ados : « l’élixir de l’oubli ». J’ai démarré plusieurs histoires qui sont dans mes tiroirs, prêtes à être reprises et développées.
Ça a été compliqué ?
L’inspiration est quelque chose qui se travaille. Même quand on a du temps, il faut s’organiser et se mettre à écrire de manière régulière. En ce qui me concerne, j’avais pris le parti de me lever à 5 heures du matin. Ce n’était pas toujours évident et pas forcément productif. Je garde un souvenir très fort de ces petits matins que je passais seul, dans le silence, devant mon ordinateur. L’avantage des histoires pour les enfants, c’est qu’on n’y passe pas des mois, comme pour un roman. Et puis, quand l’histoire est écrite, le bonheur du « papa qui écrit », c’est qu’il a un public. Mon public à moi était, il faut le reconnaître, généralement tout acquis et enthousiaste. C’était un moment précieux, le soir, que celui où je sortais mon histoire pour la lire à mes enfants.
Pourquoi écrire pour les enfants ?
C’est un certain état d’esprit. On joue avec les procédés classiques de la narration et on imagine comment les enfants réagissent. Je pense aussi beaucoup à ceux et celles, parents ou grands-parents, qui peuvent lire l’histoire à leurs enfants. Il y a un peu partout des détails qui sont des clins d’œil aux lecteurs adultes, qui les renvoient potentiellement à leurs propres souvenirs d’enfance, à des images dites « d’Epinal » qui peuvent être le prétexte de multiples histoires. J’espère que Le Petit Tracteur Rouge suscitera ces moments intimes de partage entre ceux qui lisent à voix haute et les enfants qui écoutent, se laissent embarquer par les images et peuvent avoir mille questions sur le détail de ce qu’on leur raconte : c’est où la Normandie ? Comment poussent les carottes ? Pourquoi les autres tracteurs n’aiment-ils pas le petit tracteur rouge ? Une petite fille peut-elle vraiment conduire seule un tracteur ? Qu’est-ce que font les enfants quand ils s’ennuient ? …
Qu’est-ce qui, plusieurs années après, t’a donné envie de reprendre cette histoire avec l’intention de la publier ?
C’est ma rencontre, à Singapour, avec Aude Gooly. J’apprécie énormément ce que fait Aude dans le domaine de la peinture. C’est plein de délicatesse et de poésie. J’avais beaucoup aimé sa série « piscines » et savais qu’elle avait réalisé une bande dessinée. Je lui ai proposé d’illustrer l’histoire du petit tracteur rouge. Elle a accepté. J’ai été très ému de voir ses premiers dessins. Je ne lui avais donné aucune précision sur le village de Réville et sur les enfants. Elle est partie du récit et s’est laissé guider par ses propres souvenirs d’enfance en Normandie et par son imagination. Le résultat est épatant. Du coup, j’ai moi-même retravaillé le rythme du texte pour que l’association avec les images fonctionne bien et qu’on ait le plaisir de parcourir le livre comme on regarderait un film.
De quoi parle Le Petit Tracteur Rouge ?
Cela parle d’un petit tracteur, de conception révolutionnaire, qui fait l’événement quand il débarque à Réville. Le problème est que ce tracteur, parce qu’il est différent, est rejeté par les tracteurs des fermes alentours. Il faudra l’amitié de Zoé et Louis, dont « le petit tracteur rouge » raconte la première aventure, et des circonstances dramatiques, pour que le petit tracteur parvienne à trouver sa place parmi les siens. Au-delà du récit, il y a le décor – un petit village de Normandie – et le regard de deux enfants partagés entre enthousiasme et ennui ; deux émotions qui se succèdent aussi souvent que le soleil et la pluie.
C’est une région à laquelle tu es visiblement très attaché
Oui, c’est un attachement qui remonte loin. Mon arrière-grand-mère est la dernière à y être née, mais une petite maison, dans le bourg, la « villa les roses », a abrité l’été plusieurs générations : depuis ma mère et sa sœur quand elles étaient enfants jusqu’à mes propres enfants et leurs cousins qui s’y retrouvaient tous avec leurs grands-parents. Avec mes frères et sœurs, j’y ai longtemps passé la totalité de mes étés. C’est d’ailleurs pour cette raison que le village tel qu’il est décrit dans « le petit tracteur rouge » est un peu intemporel, car il renvoie à mes propres souvenirs, autant qu’à la réalité qu’ont connue mes enfants.
A telle enseigne que tu reprends une librairie sur place
En effet, c’est un plaisant retour des choses. Je suis actuellement en train de reprendre la librairie « La Chaloupe » à Saint Vaast-la-Hougue, tout près de Réville. C’est une nouvelle aventure passionnante. J’espère y retrouver tous ceux et celles à qui la lecture du « petit tracteur rouge » aura donné envie de revoir ou découvrir la région.
Tu viens de lancer une campagne de financement participatif sur Ulule. Pourquoi cette démarche puisque vous avez un éditeur ?
Compte tenu de la nature du projet, nous avions à cœur, Aude et moi, de le porter jusqu’au bout afin de nous assurer que son format, la mise en page des textes et des images et la qualité de l’impression soit conforme à ce que nous souhaitions. Quand je suis rentré dans le détail, je me suis vite aperçu que nous avions besoin de nous appuyer sur un éditeur, mais un éditeur qui interviendrait comme un véritable partenaire. C’est l’esprit du partenariat tissé avec les éditions du Volcan, avec qui nous faisons équipe pour assurer au « petit tracteur rouge » la meilleure mise en forme et le maximum de succès.
Concrètement comment peut-on en savoir plus sur « Le Petit Tracteur Rouge » et le soutenir ?
Tous les détails sont sur la page du Petit Tracteur Rouge sur Ulule et sur la page Facebook du projet. Le principe est de proposer aux gens de faire l’acquisition d’un ou plusieurs exemplaires du livre à paraître que ce soit pour eux-mêmes pour leurs enfants ou petits-enfants, pour leurs amis, une bibliothèque ou une école. Le livre paraîtra officiellement en janvier prochain, mais nos soutiens pourront le recevoir avant qu’il soit dans les librairies.