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Aude Gooly : « Quand je peins, le temps s’arrête »

Aude Gooly, SIngapourAude Gooly, SIngapour
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 15 avril 2019, mis à jour le 15 avril 2019

Plongée dans l’univers d’Aude Gooly, peintre, illustratrice et professeur d’arts plastiques. Un univers tout en couleur, où dansent les techniques avec les sens, dans une chorégraphie qui met en scène des histoires et des souvenirs d’enfance, de voyages et de rencontres.

 

21h à Singapour, 14h à Paris, à l’heure où j’échange, par Skype, avec Aude Gooly

Elle travaille, à son bureau, sur une série de robes qui, chacune, s’inspire d’une émotion : tristesse, enthousiasme… La nuit est fraîche, Aude Gooly est en vacances. Elle peut, comme elle aime le faire, s’immerger dans une activité de création quasi méditative. Elle le fait avec simplicité, sans brusquerie, laissant ses doigts et son pinceau jouer avec la matière, tissus et petits papiers qu’elle froisse et qu’elle étale, laissant au hasard toute sa place pour guider son inspiration. « Je commence à travailler et puis je suis emportée. Je ne connais rien de plus satisfaisant que de me réveiller le matin en me disant : « j’ai fait quelque chose ». Même si je n’ai pas réalisé exactement ce que je souhaite. J’ai fait un pas. C’est une étape sur le chemin de la création en cours. Quand je peins, le temps s’arrête. Et puis je m’aperçois que le jour s’est levé. Les oiseaux chantent. Quand je fais une peinture, il arrive souvent que je veuille aller jusqu’au bout et que j’oublie de dormir. Quand les idées sont là, il ne faut pas les arrêter ».

Robes, Aude Gooly

 

Aude Gooly a toujours dessiné. 

Quand elle était enfant, elle dessinait des personnages qu'elle appelait "ses amis de papiers". Elle a aussi beaucoup voyagé – au Gabon, à Maurice, à Tahiti, au Maroc, au Japon, à Singapour…, nouant à chaque fois une relation profonde avec les pays et avec les gens. Dans son travail, qu’il s’agisse de BD, d’illustrations ou de toiles grand format, elle dessine, à la pointe de son pinceau, un lassis d'accords entre les lieux traversés, les croyances, la mémoire et les histoires des personnes rencontrées. Certaines de ses peintures racontent la grand-mère de son mari, à l'Ile Maurice. D'autres représentent les grandes montagnes de Tahiti, les amis laissés sur place, la poésie des pays hôtes ou seulement traversés : Singapour, la Birmanie, le Japon, le Cambodge… « J’aime mettre de la texture dans mon travail. Sur les grandes toiles, j’utilise des tissus et parfois du plâtre. Sur le papier, je me sers d’une multitude de matériaux que je récupère ou que j’achète. Je fais des collages. Je collectionne. Je récupère systématiquement les papiers de soie des emballages… J’aime froisser le papier. Cela forme des plis avec lesquels je travaille, le dessin s’inscrivant dans le prolongement de ces mouvements qui sont nés du hasard ».

De ses séjours au Cambodge et au Japon, elle a tiré deux séries de peintures dans lesquelles elle utilise cette technique du marouflage : merveilleuses associations de la matière et de la couleur. La série Japon plonge l’observateur dans l’univers des miniatures : ici un papier doré reproduit la technique de la feuille d’or ; un cercle d’or encadre un paysage simplissime composé d’un arbre au bord d’un étang. Là, c’est un arbre qui déploie le détail de sa ramure sur un fond rose, vert et or stylisé. Le trait est délicat, la peinture est déposée à petites touches comme des flocons de neige ou des graminées en suspension dans le vent.

série japon feuille d'or Aude Gooly
série Japon Arbre Aude Gooly

 

La série Cambodge transporte ailleurs

Bas reliefs inspirés des sites d’Angkor ; temples, villages, habitants et histoires. Les scènes défilent comme des instantanés sur une pellicule décorée de motifs chamarrés.

Cambodge temple Aude Gooly

 

Dans un travail précédent - "piscines", le voyage était intérieur.

"J’aime, aller nager quand la piscine est déserte. Je me perds dans ce bleu. Mon corps forme un trait d'union entre le ciel et l'eau. C'est un moment de lâcher prise, de réflexion, presque de méditation. Parfois, on est comme en lévitation. On ne voit pas l'eau, on se sent en suspension". Dans les tableaux de la série, la piscine, vue du ciel, occupe toute la place. Parfois s’y trouve une jeune femme qui symbolise le bien-être. Ailleurs, les formes de la piscine, la présence même de l'eau, s'estompent, ne laissant que les jeux, très graphiques, de la lumière flirtant avec les bleus, entraînant le tableau jusqu'aux lisières de l'abstraction.

 

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