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Domitille MONVILLE : « Maintenant, c’est nous qui accueillons »

Domitille MonvilleDomitille Monville
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 27 février 2020, mis à jour le 27 février 2020

Juste retour des choses. Après avoir savouré, pendant 15 ans, le plaisir de la découverte de nouvelles cultures, les rencontres en version originale et les amitiés fidèles tissées ici et là, Domitille et son mari ont fini, une fois rentrés en France, par passer de l’autre côté du comptoir. A la tête de Monville « Epicerie gourmande », ils accueillent désormais le monde qui vient à eux. Une divine providence pour les touristes étrangers et les habitants de l’Ile de la Cité, qui trouvent là des produits « 100% français, bons et sains». Un point de ralliement pour les expatriés et ex-expatriés qui veulent ré-apprivoiser, en douceur et en saveurs, les charmes de Paris.

 

Qui, flânant dans Paris l’été, ne s’est arrêté un moment sur le pont Saint Louis, saisi par la poésie des lieux, l’esprit en allé avec le flot de la Seine, de la musique plein la tête et l’envie d’une pause à la terrasse d’un café. C’est là, rue du Cloître Notre Dame, à 50 metres du chevet de Notre Dame que l’on retrouve Domitille dans le café-épicerie gourmande Monville - store rouge, décoration élégante-, qu’elle a lancé en mars dernier avec son mari. Depuis, la cathédrale a souffert du terrible incendie que l’on sait. Pour d’autres que Domitille et son mari, le sinistre eut pu sonner prématurément le glas d’un rêve. Est-ce l’effet d’une résilience particulière acquise au contact des autres cultures ? Ils ont saisi l’opportunité dans la crise. Le concept a évolué mais l’essentiel a tenu : la passion d’accueillir et l’offre de produits …«à tomber » .

 

Vous avez vécu de nombreuses années à l’étranger. Dans quelle mesure ces expatriations vous avaient-elles déjà entrainée à vous réinventer sur le plan professionnel ?

Domitille Monville - Nous avons vécu 15 ans à l’étranger : 5 ans ½ à Budapest, 4 ans en Indonésie, 4 ans à Singapour et 2 ans à Londres. A l’issue de mes études en histoire de l’Art, j’avais travaillé presque 10 ans à Paris, à l’école du Louvre, puis pour une start-up dans le marche de l’art, m’orientant ensuite vers le domaine de la communication au Centre des Monuments Nationaux. En Hongrie, j’ai travaillé à l’Institut Français ainsi qu’au Musée des Beaux Arts de Budapest. En Indonésie, je me suis reconvertie dans l’enseignement du Français pour enfants et adultes et me suis investie dans les activités de l’Indonesian Heritage Society. A Singapour, j’ai passé le diplôme FLE et travaillé pour French@work. Enfin, à Londres, j’ai rejoint French Touch Properties, dans l’immobilier.

 

Et au moment de votre retour en France, vous décidez avec votre mari de vous lancer dans un nouveau projet…

Nous souhaitions retrouver une activité qui nous rapproche de l’essentiel. Très gourmands tous les deux, nous nous posons beaucoup de questions sur la qualité de ce que nous mangeons. Notre objectif était de nous installer dans un quartier à la fois cosmopolite, à la rencontre des étrangers et le plus près possible du centre historique de Paris. C’est un ami, marchand de biens, qui a trouvé pour nous cette opportunité de racheter les murs d’une boutique rue du cloître Notre Dame.

 

Monville epicerie fine Notre Dame de Paris

 

Quel est le concept de Monville ?

« 100% français, bon et sain ». Nous misons sur la qualité. Des clients américains nous ont dit qu’ils étaient épatés de trouver cette qualité dans un quartier touristique. Nous avons opté pour le café de spécialité avec la rolls des machines à café, la Marzocco, très prisée des etrangers. En restauration sur place, nous proposons des planches de fromages de la ferme, des assortiments de charcuterie de producteurs français dont le ‘Prince de Paris’, le dernier jambon artisanal de Paris ou encore des assiettes végétariennes… En épicerie, en plus des produits utilisés pour les planches, nous proposons aussi des vins bio ainsi que toute une gamme de produits spécialement destinés aux hôtes de logements AirBnB, à la fois pour le petit déjeuner, et les pique-niques au bord de la Seine. Nous avons aussi la possibilité d’organiser des soirées privées pour des groupes de 15-20 personnes. L’activité de Monville nous permet de garder un lien avec l’expatriation. C’est l’opportunité d’accueillir d’anciens copains de Singapour, de Jakarta, de Budapest, ainsi que notre réseau de l’Hexagone. Le fait d’avoir vécu longtemps à l’étranger entretient une forme de connexion particulière avec la clientèle qui vient d’un peu partout. La différence est que, maintenant, c’est nous qui accueillons.


Vous avez créé Monville avec votre mari. Qu’est-ce que cela change?

Le fait d’entreprendre à deux est une force. Nous sommes très complémentaires. François est le Financier. Il s’occupe également du sourcing des vins, fromages et charcuteries. De mon côté, j’aime le contact. J’aime coordonner les différents corps de métier. Je me suis beaucoup investie dans la décoration, la communication et la conception des salades et desserts maison.

 

En avril 2019, Notre Dame a été ravagée par les flammes. Quel impact cela a-t-il eu sur l’activité de Monville ?

Nous avons ouvert le 15 mars. L’incendie de Notre Dame est intervenu jour pour jour un mois après. Le nuit de l’incendie, après une phase de stupéfaction, nous nous sommes réjouis que Notre Dame soit restée debout : c’est un miracle. Ensuite, les choses ont été plus compliquées. Notre rue est restée fermée au public pendant 5 semaines et, par rapport au concept de départ (nous étions partis avec 3 employés et une offre de plats cuisinés), nous avons été obligés de réduire la voilure. La boutique a ré-ouvert le 20 mai. Nous sommes encore en négociation avec les assurances qui doivent nous indemniser pour notre perte d’exploitation. Le plus important, avec le changement durable des abords de la cathédrale et de la clientele, plus nombreuse qu’auparavant mais qui ne s’attarde pas, c’est de reinventer notre concept. Nous sommes en train de travailler sur des desserts : tarte fine aux pommes, tarte au citron et gaufres bio, un produit beau et bon, facile à emporter et qui devrait répondre à la nouvelle clientele : elles auront surtout une forme unique pour le bonheur des fans d’instagram !

 

l'education à singapour
Reprise de l'article paru dans le magazine Singapour n°14 (Nov 2019 – Avril 2020)

dont le dossier central était : « L’éducation à Singapour ».

Bertrand Fouquoire
Publié le 27 février 2020, mis à jour le 27 février 2020

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