La latitude de la cité-État étant d’un peu plus de 1° Nord, il est normal d’y connaitre les pluies fréquentes et abondantes propres au climat équatorial. Cependant, ces derniers mois, les précipitations semblent avoir été plus fortes que d’habitude, le mois de novembre ayant battu le record de ces 45 dernières années. Est-ce la manifestation d’une évolution à long terme ou de simples aléas météorologiques ?
Novembre et décembre sont les mois les plus pluvieux alors que le mois de février est le plus sec
Chaleur et humidité, les deux caractéristiques du climat équatorial
Le climat équatorial touche des régions qui se trouvent jusqu’à 10° de part et d’autre de l’équateur. À ces latitudes, le soleil ne descend jamais au-dessous de 56°par rapport à l’horizon au zénith. À Singapour, qui se trouve pratiquement à l’équateur, c’est même 66°. Cela explique l’absence de saisons, la faible variabilité au long de l’année de la longueur de la journée (de 12h 5’ en hiver à 12h 14’ en été) et des heures de lever et de coucher du soleil (6h55 ± 10’ et 19h07 ± 15’). Cette hauteur du soleil dans le ciel explique aussi la brièveté des crépuscules (une vingtaine de minutes) et surtout la forte chaleur qui règne tout au long de l’année (en moyenne 23° à 25°pour les minima et 31° à 33° pour les maxima), car au zénith les rayons du soleil frappent la terre perpendiculairement, donc avec la plus forte intensité.
Cette chaleur provoque une intense évaporation de l’eau. L’air surchauffé, chargé de beaucoup de vapeur d’eau, monte dans le ciel. En montant, il se refroidit, la vapeur se condense, d’épais nuages se forment. L’accumulation de ces nuages provoque l’agglomération des gouttes et la pluie tombe diluvienne. Typiquement, l’évaporation a lieu du lever du soleil jusqu’au milieu de l’après-midi, les nuages s’accumulent dans le ciel et il pleut en fin d’après-midi. Ce phénomène est encore plus marqué à Singapour, car l’évaporation concerne aussi les mers environnantes. C’est pourquoi, la cité-État est un des dix pays où il pleut le plus au monde (environ 3000 mm pour 2023) derrière la Malaisie, les Philippines, et quelques iles du Pacifique. Les pluies ne sont cependant pas réparties uniformément dans l’année. Novembre et décembre sont les mois les plus pluvieux alors que le mois de février est le plus sec.
Cependant, il pleut assez régulièrement tout au long de l’année, entre 10 et 20 jours par mois, mais pas tous les jours, comme le voudrait le climat équatorial typique.
Notons enfin que, malgré la petite taille du pays, l’aspect très localisé de certaines perturbations fait que le temps peut différer sensiblement d’un endroit à l’autre.
Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’inondations à Singapour ?
Une évolution non significative sur le long terme à Singapour
Le graphique suivant qui recense les précipitations annuelles à Singapour par année depuis 1980, montre que les précipitations sont éminemment variables selon les années. Cependant, au-delà des hauts et des bas, très marqués, une analyse mathématique permet d’identifier une très légère tendance à la hausse de 83 mm par décennie. Mais, contrairement aux températures, qui augmentent année après année, 2024 ayant encore battu le record en la matière à Singapour, l’évolution des précipitations n’est pas régulière : l’année la plus arrosée de ces 45 dernières décennies a été 2007 ! De plus, cette tendance, qui n’est basée que sur l’observations des 45 dernières années, est infime (+ 0.35 % par an), difficile à percevoir à l’échelle d’une vie humaine.
Cette variabilité des précipitations est encore plus marquée quand on raccourcit la période de référence. Cependant, si le mois de novembre dernier a été le plus pluvieux depuis 1980 avec 419 mm d’eau, le précédent record date de 1992 ! Le graphique suivant, qui présente les maximums de précipitation quotidienne par année, montre aussi qu’il n’y a pas d’évolution régulière, lorsqu’on considère les records de précipitations journaliers.
Tout cela montre que, s’il y a une tendance croissante dans la pluviosité, celle-ci est très faible et largement occultée par sa variabilité, même si certains pensent que le réchauffement climatique tend à exacerber les phénomènes extrêmes - fortes pluies ou sècheresse. Mais alors, pourquoi cette variabilité ? Réponse la semaine prochaine sur lepetitjournal.com...