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Anecdotes et petits secrets sur le monde de l’art par Frédéric de Senarclens

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© Martin Wilfart, Librairie Peinture Fraiche
Écrit par Catherine Zaccaria
Publié le 22 février 2022, mis à jour le 25 février 2022

Marchand d’art de Genève à Bruxelles en passant par Singapour, Frédéric de Senarclens nous livre à travers son ouvrage « Cent regards sur le monde de l’art » une suite d’aphorismes, de récits et de réflexions sur ce monde secret et sournois.

Ancien galeriste, marchand d’art et consultant, Frédéric de Senarclens nous raconte dans son premier livre ses expériences, des anecdotes et petits secrets que tout un chacun est loin de se douter s’il n’est pas coutumier des pratiques exercées dans le monde de l’art. Cent textes courts sont à découvrir dont certains sont surprenants, d’autres déroutants mais qui reflètent la réalité des coulisses de ce monde.

Lepetitjournal.com de Singapour a décortiqué avec l’auteur les révélations et les pratiques dévoilées dans son ouvrage.

 

Frederic de Senarclens
Frédéric de Senarclens@Chiara DelliCompagni

 

La comédie humaine

Dans cette première partie, Frédéric de Senarclens nous décrit les comportements des marchands, des galeristes, des artistes, des faussaires et des experts : la comedia dell’arte comme il dit. Chacun y joue un rôle, fait semblant d’être celui qu’il n’est pas dans le but de tromper son monde. Le client, lui, essaie d’y voir clair et fera lui aussi semblant de s’y connaitre afin de se donner de l’importance. A chacun son mensonge !

N’avez-vous pas l’impression de dénoncer des pratiques à la limite de l’honnêteté ?

FdS : Ce livre est né dans la période de confinement. Les mots sont venus, les phrases se sont enchainées et le récit s’est ainsi créé.  Je n’y vois pas un brulot sur le monde l’art mais je me pose plutôt la question : « Qu’est-ce que c’est que l’art ? Qu’est-ce que c’est que d’être artiste ? D’être un collectionneur ? » J’essaie de susciter une réflexion chez le lecteur.

L’argent, encore !

Pour intéresser, une œuvre d’art contemporaine doit être chère ! Le prix est la question première, la signification de l’œuvre et le processus de sa création sont secondaires. Le prix d’une œuvre, tout à fait aléatoire selon où elle est vendue, par qui et pour qui, est fixé selon des règles propres au marché. Le montant va servir à rémunérer le galeriste, l’expert, le marchand, le propriétaire et éventuellement l’artiste. « C’est la notoriété du vendeur et le lieu de vente qui fixent le prix » nous explique l’auteur. Et il ajoute « Ce n’est pas la qualité ni la rareté qui fixent la valeur, mais la puissance du marchand et l’ego de l’acheteur. »

Comment évaluer la valeur de l’œuvre que l’on achète ?

FdS : Le marché est tellement puissant, la demande est tellement forte qu’on ne se pose plus la question de savoir si une œuvre est vraiment une œuvre d’art. Est-ce qu’elle me parle, évoque-t-elle quelque chose en moi ou est-ce juste une œuvre d’un artiste qu’il faut absolument acquérir ? Lors de l’acquisition d’un objet d’art, il faut que celui-ci suscite une émotion chez l’acheteur.

Canailles & faussaires

Voilà un titre qui n’est pas pour nous rassurer ! « Dans le monde de l’art…l’abus de confiance et le recel sont tolérés. L’évasion fiscale et le blanchiment sont sous-jacents. » Les salles des ventes sont occupées par des marchands de connivence pour ne pas faire monter les enchères au détriment du propriétaire. Inversement, dans certains cas les prix sont poussés à la hausse par le vendeur lui-même afin de valoriser une œuvre avant une exposition. Ce procédé est évidement interdit mais toléré. Côté faussaire, ce n’est guère plus glorieux ! « Les faux qui s’échangent ne sont pas détectés. Les virtuoses de la tromperie parviennent à se moquer des plus vertueux experts. » Frédéric de Senarclens nous explique que « toutes les branches de l’arbre sont pourries ».

Comment l’acheteur peut-il être sûr de ce qu’il achète ?

FdS : Beaucoup de faussaires repentis ont écrit leurs mémoires. J’ai lu plusieurs de ces livres et j’ai d’abord ressenti du dégout. Et puis je me suis posé la question : « Qu’est-ce que c’est que le faux ? Qui est le faussaire ? Est-ce l’artiste qui crée une œuvre originale sans originalité mais qui a pour vocation d’imiter une tendance qui est à la mode et qui va plaire à un large public ou le faussaire qui, plein de talent, sera capable de recopier à la perfection une œuvre ? » Je cherche ici à provoquer le lecteur à se faire une réflexion sur le sujet.

 

Frederic de Senarclens en dedicace
© Martin Wilfart, Librairie Peinture Fraiche

 

Le collectionneur

Il n’y a pas UNE description du collectionneur. Toutes les personnalités se retrouvent dans le monde de l’art et encore plus avec l’art contemporain. Le collectionneur peut vite se retrouver dans une spirale d’acquisition à travers le monde. Il ira de Venise à Londres en passant par Hong Kong pour être sûr de ne pas passer à côté de LA pièce qu’il faut avoir ! « Collectionner, c’est donner un sens à sa vie… L’art devient…une raison sociale… ». Le besoin d’appartenir à ce monde, de faire partie de cette élite pousse le collectionneur à acquérir encore et encore. Il prend de l’importance vis-à-vis de ses paires.

Comment un collectionneur choisit ses acquisitions ?

FdS : L’offre est abondante. Impossible de trier sans se tromper. Le collectionneur coure les foires et les galeries pour trouver ce qui lui manque. Mais le fait-il avec obsession, avec passion ou avec émotion ? Il ne se pose pas toujours ces questions et acquiert des œuvres pour suivre un effet de mode et donner un sens a sa vie.

Le nouveau monde

« Internet a tout changé ! » Le XXIe siècle a bouleversé le marché de l’art. On découvre les artistes sur Instagram. Plus besoin d’aller au musée, dans les galeries ou les salons huppés. L’art est à la portée de tous. L’artiste se constitue son public et son audience à coup de publications sur les réseaux sociaux. Il n’y a plus d’intermédiaire. Les œuvres peuvent être vues simultanément aux quatre coins du monde. Les algorithmes proposent au client exactement ce qu’il veut voir.

Quel est le pouvoir des réseaux sociaux dans le monde de l’art ?

FdS : Il existe des personnes capables de créer des faux profils de collectionneurs sur Instagram pour promouvoir des artistes un peu bidon et du coup intéresser des gens qui ont peu de sens critiques et ne font que suivre le mouvement. Internet a une telle capacité d’influence à travers les réseaux sociaux qu’il est possible de faire monter des artistes qui n’ont aucune valeur ou existence réelle.

 

librairie
© Martin Wilfart, Librairie Peinture Fraiche

 

Cet ouvrage vous propose un regard décalé sur ce monde à travers de courts chapitres qui donnent un rythme soutenu à la lecture. Le ton est critique, incisif et sincère. L’auteur partage avec ses lecteurs ses expériences avec humour et sincérité. C’est instructif, déroutant et porte à la réflexion. Vous trouverez ce livre sur toutes les plateformes de vente en ligne et Kinokuniya se fera un plaisir de le commander pour vous.

Bonne lecture !

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