Avec Stranger Eyes, le cinéaste Yeo Siew Hua signe un thriller à la construction vertigineuse, explorant la descente aux enfers d’un couple dont la fillette disparaît mystérieusement. Une production à découvrir en salle dès le 25 juin 2025.


Dans un Singapour oppressant et mystérieux, Stranger Eyes installe d’emblée une tension aiguë. Yeo Siew Hua, en maître du mystère, propose une narration fragmentée, lente et troublante, où l’angoisse monte à mesure que le couple se divise.
Tourné à Singapour et en Malaisie, plus particulièrement dans des HDB flats (logements publics), Stranger Eyes recrée l'atmosphère d'une ville-œil : « Une partie de ce film est née de la vie dans un HDB, un appartement où l'on observe constamment ses voisins, qui vous observent probablement en retour, et où l'on sait en même temps que l'État vous observe en train de regarder quelqu'un d'autre. Il y a ce jeu qui consiste à se regarder les uns les autres, et j'ai réfléchi à la manière dont je pouvais traduire cela dans un film par un jeu de subjectivités et par un changement de perspective », a déclaré le réalisateur du film.
Dans Stranger Eyes, l’intimité placée sous surveillance
Dans ce nouveau film de Yeo Siew Hua, un couple, Junyang et Shuping, voit leur fille disparaître dans un parc de jeux. Leur quête désespérée prend une tournure déroutante lorsqu’un mystérieux voyeur commence à leur envoyer des enregistrements intimes de leur quotidien. Très vite, le rythme se fait étouffant : fragments de souvenirs, surveillance téléphonique et vidéos étranges.

Au bout d’une trentaine de minutes, la narration se recentre sur Lao Wu, d’abord présenté comme un harceleur, filmant à son insu, Shuping et son nourrisson. Interprété par Lee Kang-sheng, figure emblématique du cinéma de TsaiMing-liang, le personnage gagne en épaisseur : est-il animé par une fascination amoureuse pour Shuping, ou par une blessure intime ? Le film ne tranche pas, et c’est ce qui le rend fascinant.
L’enquête semble s'essouffler tandis que le récit bascule dans une réflexion sur la solitude urbaine et le regard de l’autre. L’explication finale, presque banale, met en lumière l’intention première du cinéaste : faire du thriller un prétexte pour explorer le vide de nos vies connectées et saturées d’images.
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