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Un poisson « fantôme » découvert en Chine

Yunnan, Chine – Dans les profondeurs calcaires du bassin de la rivière Jinsha, une équipe de chercheurs chinois a mis au jour une nouvelle espèce de poissons cavernicole : Triplophysa baishuijiangensis. Le spécimen a été découvert près du village de Xiaoganxi, dans la Réserve aquatique nationale de ressources génétiques de Baishuijiang. L’étude détaillant cette identification a été publiée le 23 septembre 2025 dans la revue scientifique ZooKeys, apportant de nouveaux éléments à la compréhension de l’évolution des espèces vivant dans les milieux souterrains.

© Institut de zoologie de Kunming, Académie chinoise des sciences, Kunming, Chine© Institut de zoologie de Kunming, Académie chinoise des sciences, Kunming, Chine
Écrit par Marion Burlaud
Publié le 20 octobre 2025, mis à jour le 21 octobre 2025

Un poisson parfaitement adapté à l’obscurité

Le Triplophysa baishuijiangensis présente plusieurs adaptations typiques de la vie cavernicole. Dépourvu d’écailles et de pigments, il possède une peau translucide laissant entrevoir ses organes internes. Ses yeux, très réduits, ne sont pas fonctionnels.
Pour compenser l’absence de vision, l’espèce dispose de barbillons sensoriels autour de la bouche, riches en terminaisons nerveuses, qui lui permettent de détecter les vibrations et la présence de nourriture dans l’eau. Son système de ligne latérale, particulièrement développé, joue un rôle essentiel dans son orientation et ses interactions avec l’environnement.

Un dimorphisme sexuel intrigant

Les chercheurs ont observé des différences nettes entre mâles et femelles. Chez les mâles, la tête s’affine près des yeux et le museau est arrondi, tandis que les femelles présentent un nez plus pointu. Ce dimorphisme sexuel, déjà constaté chez d’autres loches cavernicoles, pourrait renseigner sur les pressions évolutives propres à la vie souterraine.

Avec cette découverte, le nombre d’espèces cavernicoles du genre Triplophysa recensées passe à 43. Selon le Dr Yuan-Chao Chen, co-auteur de l’étude, « le fait de découvrir encore de nouvelles espèces en 2025 montre à quel point les écosystèmes souterrains du sud-ouest de la Chine restent largement inexplorés ».

Un écosystème fragile à préserver

Le site de découverte se trouve dans une zone protégée, mais les chercheurs rappellent la vulnérabilité des milieux karstiques face aux pressions humaines.
« Ces environnements sont extrêmement sensibles. Une pollution ou un changement hydrologique peut suffire à menacer une espèce avant même qu’on ne la connaisse », explique le Dr Wen-Ming Liu, également coauteur de l’étude.

Le sud-ouest de la Chine abrite l’un des réseaux karstiques les plus étendus du monde, dont les grottes et rivières souterraines constituent un habitat pour de nombreuses espèces endémiques encore non décrites. Cependant, ces écosystèmes sont confrontés à la pollution, à l’extraction d’eau et à l’aménagement du territoire.

La découverte de Triplophysa baishuijiangensis rappelle ainsi que, sous la surface des montagnes du Yunnan, subsistent des formes de vie encore peu étudiées. Elle met aussi en lumière l’importance des recherches et des efforts de conservation pour préserver ces milieux uniques, témoins silencieux d’une évolution à huis clos.

 

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