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Quelles collaborations entre musées français et chinois ?

Alors qu’Emmanuel Macron rencontre son homologue chinois, nous avons souhaité mettre en avant les collaborations entre musées français et chinois. Elles mêlent grands partenariats institutionnels, expositions de longue durée et projets de recherche destinés à rapprocher les publics et à faire circuler œuvres et savoir-faire des deux côtés. Explications.

Pièces Haute Couture des maisons Chanel et Dior pour l'exposition Golden Thread à ChengduPièces Haute Couture des maisons Chanel et Dior pour l'exposition Golden Thread à Chengdu
Pièces Haute Couture des maisons Chanel et Dior pour l'exposition Golden Thread à Chengdu
Écrit par Juliette Robieux
Publié le 5 décembre 2025, mis à jour le 4 décembre 2025

 

La "diplomatie des musées"

En 2019, le Centre Pompidou et le groupe public Shanghai West Bund ont lancé le partenariat « Centre Pompidou x West Bund Museum Project », fondé sur un accord de cinq ans combinant la construction d’un musée signé David Chipperfield sur les rives du Huangpu et le prêt d’une partie des collections d’art moderne et contemporain de Paris. Le West Bund Development Group verse une redevance annuelle d’environ 3 millions d’euros pour pouvoir présenter ces œuvres au sein du West Bund Museum, inscrit dans une stratégie française plus large de « diplomatie des musées » déjà illustrée par le Louvre Abu Dhabi ou le Pompidou Málaga.​

Le 24 novembre 2023, à l’occasion du 60e anniversaire des relations diplomatiques sino-françaises, ce partenariat a été prolongé pour cinq années supplémentaires, de 2024 à 2029, lors d’une cérémonie en présence des ministres des Affaires étrangères Wang Yi et Catherine Colonna. Cette reconduction consacre le succès de la première phase et confirme la volonté des deux pays à collaborer dans la sphère culturelle. Plus récemment, l'artiste chinois Cai Guo Qiang a également été sélectionné pour créer les feux d'artifices à l'occasion de la fermeture temporaire du Centre Pompidou. 

 

Expositions phares entre la France et la Chine

Pendant la première période de coopération, le West Bund Museum a présenté trois expositions semi‑permanentes issues des collections du Centre Pompidou “The Shape of Time” (2019–2021), “The Voice of Things” (2021–2023) et “Mirrors of the Portrait” (2023–2024), faisant venir à Shanghai plus de 700 œuvres majeures de l’art moderne et contemporain. À ces accrochages au long cours se sont ajoutées de nombreuses expositions temporaires, solos d’artistes et performances mettant en scène à la fois des figures internationales (comme Vasily Kandinsky, Bill Viola, Marguerite Humeau ou Laurent Grasso) et des artistes chinois contemporains tels que Yu Ji, Chen Wei ou Hu Xiaoyuan.​ Ce modèle d’exposition partagée se retrouve dans d’autres coopérations sino-françaises.

Le musée du Palais du prince Gong à Pékin et le château de Chantilly ont ainsi signé un accord d’amitié qui ouvre la voie à des échanges de collections, à la numérisation conjointe d’archives et à des projets de recherche, chaque institution valorisant son patrimoine, architecture et jardins impériaux pour l’un, château Renaissance et trésors médiévaux pour l’autre. Les responsables mettent ainsi en avant un engagement commun pour la préservation du patrimoine.

 

Nouvelles expositions thématiques 

Les collaborations ne se limitent pas à l’art moderne ou au patrimoine aristocratique: elles englobent aussi de grandes expositions thématiques qui racontent les échanges entre civilisations. À Chengdu, le musée de la ville a inauguré le 29 Novembre, sa nouvelle exposition “Golden Thread: The Art of Dressing from North Africa to East Asia”, conçue avec sept institutions françaises dont le musée du Quai Branly, Jacques Chirac, le Musée d’Archéologie nationale et le Muséum national d’Histoire naturelle. Plus de 200 pièces dont vêtements, brocarts, accessoires ornés d’or, y retracent l’usage du fil d’or du Maghreb à de Byzance jusqu’en Chine, en soulignant le rôle des routes de la soie dans la circulation des techniques et des symboles.​

L'artiste chinoise Guo Pei, dont les collections ont été présentées au M+ à Hong Kong l'année passée, a également participé au projet en incluant certaine de ces pièces dans l'exposition. Ce partenariat présente aussi des soieries et broderies chinoises issues de grands musées nationaux et provinciaux, montrant le sommet de l’intégration du fil d’or à la soie et la manière dont la Chine a dialogué visuellement avec d’autres cultures textiles. Les équipes de Chengdu et des musées français insistent sur le caractère partenarial du projet et sur l’idée que ces projets permettent aux civilisations “de s’inspirer mutuellement par l’échange et de s’élever par l’intégration”.

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