Alors que la Paris Fashion Week s’achève, à la suite de celle de New York, Milan ou Londres, revenons sur les moments où des designers chinois ont fait leurs apparitions sur les podiums occidentaux.


Bosideng remarquée à Paris
Lors du dernier jour de la Paris Fashion Week, la marque chinoise Bosideng a fait une entrée remarquée dans la capitale mondiale du luxe. Spécialisée dans la doudoune depuis plus de quarante ans et générant plus de trois milliards d’euros de chiffre d’affaires, la griffe a présenté son premier défilé parisien sous la majestueuse verrière du Palais Brongniart. Cet événement, marque une nouvelle étape dans la stratégie d’internationalisation du géant chinois. Sous la direction artistique de Pietro Ferragina, créateur italo-chinois à la tête du style depuis 2017, la collection “Master Puff” a mis en lumière une ambition claire : transformer Bosideng en référence mondiale de la doudoune haut de gamme.
Le défilé, structuré en trois actes, a démontré une maîtrise technique exceptionnelle et une créativité affirmée, sublimant le vêtement utilitaire en pièce de mode contemporaine.
Le président du groupe, Gao Dekang, a rappelé que l’expansion internationale ne se limite pas à l’exportation de produits, mais implique un véritable échange culturel et stratégique entre les marchés, les talents et les innovations.

Huishan Zhang, Demon Zhang et JD.com à Londres
Pour son quarantième anniversaire, la London Fashion Week a célébré la diversité culturelle et l’ouverture internationale, mettant en avant une nouvelle génération de créateurs chinois. Parmi eux, Huishan Zhang, Mithridate et plusieurs marques soutenues par JD.com, le géant chinois du e-commerce, ont illustré la vitalité d’un dialogue esthétique entre l’Asie et l’Occident.
Huishan Zhang, installé à Londres depuis plusieurs années, a proposé une collection inspirée du court-métrage érotique The Hand de Wong Kar Wai, où sensualité et raffinement se rencontrent. Robes à franges perlées, trenchs structurés et transparences savamment dosées incarnent cette fusion entre cinéma asiatique et tailoring britannique.
De son côté, Mithridate, dirigée par la créatrice Demon Zhang, diplômée de Central Saint Martins, a rendu hommage à sa province natale du Yunnan, surnommée le “royaume des fleurs”. Son défilé à la Lindley Hall a célébré la richesse culturelle de cette région à travers des motifs floraux, des techniques ancestrales de teinture et des ornements en argent local.
Enfin, JD.com a consolidé la présence chinoise en organisant le défilé “Red Journey” à Somerset House, réunissant des marques comme Ellassay, Marisfrolg et Pure Tea. Ce partenariat avec le British Fashion Council illustre la nouvelle dynamique bilatérale entre Londres et la Chine : promouvoir les créateurs asiatiques à l’international tout en facilitant l’accès des marques britanniques au marché chinois.

Heaven Gaia à Milan
À Milan, la créatrice chinoise Xiong Ying a transformé la Fashion Week en un véritable voyage spirituel. Sa marque Heaven Gaia, fondée en 2013 à Pékin, a présenté sa collection Printemps/Été 2026 intitulée “Chinese Civilization – Flower · One Flower, One Life”, un hommage à la sagesse orientale et à la beauté éphémère de la nature.
Inspirée par la maxime “une fleur, un monde”, la collection explore la symbiose entre l’homme et l’univers. Les soies et brocarts se déploient comme des pétales, les drapés évoquent la légèreté du papillon, et chaque couture devient un acte de méditation. Xiong Ying puise dans la philosophie pré-Qin, la grandeur des Han occidentaux et l’héritage de la Route de la Soie pour tisser une harmonie entre force et fragilité.
Le défilé milanais a célébré la rencontre entre artisanat traditionnel chinois et coupe occidentale contemporaine, une alliance où la broderie de Suzhou, la teinture manuelle et les incrustations de cristal racontent la continuité d’un art ancestral.
Heaven Gaia se distingue par sa capacité à concilier poésie culturelle et modernité pratique. En sublimant la féminité à travers la sérénité et la puissance, la marque incarne une vision de la mode comme philosophie vivante. Milan, cité du design et de la rigueur, devient ainsi le théâtre d’une renaissance culturelle chinoise, où le vêtement ne se contente plus d’habiller le corps, mais révèle l’âme du monde.

Zane Li à New York

Lors de la New York Fashion Week, Zane Li, fondateur de la marque Lii a présenté son travail, à la croisée du pragmatisme américain et de la sensibilité chinoise. Les créations du designer originaire de Chongqing se distinguent par leur géométrie épurée et leur dialogue entre praticité et poésie. Inspiré par Balenciaga, il s’affranchit des tissus fragiles pour explorer des matières empruntées au sportswear : coton dense, nylon, anoraks.
Son travail attire rapidement Nike, qui choisit de sponsoriser la collection Printemps 2026 de Lii. Quelques pièces, conçues à partir de matériaux Nike, fusionnent l’esprit du sport et l’esthétique du luxe minimaliste. À travers Zane Li, New York découvre une nouvelle génération de designers chinois innovants et cosmopolites.
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