Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

TREMBLEMENT DE TERRE- Bilan en bref

Écrit par Lepetitjournal Santiago
Publié le 2 mars 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

Photo Paola Arriagada Fernandez

BILAN PROVISOIRE- 802 morts dans tout le Chili
Le tremblement de terre de magnitude 8,8 qui a touché le Chili le 27 février a fait 802 morts, dont 300 dans le seul village côtier de Constitución, balayé par une immense vague après le tremblement de terre, et plus de 500 blessés dans tout le pays. Un million et demi de maisons ont été détruites ou endommagées, et le coût total des dégâts oscillerait entre 15 et 30 milliards de dollars. Au total, près de 2 millions de personnes, soit un Chilien sur huit, a été touché.


SERVICES DE BASE- Toujours pas d'eau ni d'électricité dans le Sud
De la 5ème à la 9ème région, le service d'eau potable est irrégulier. Les 7ème et 8ème régions souffrent de problèmes de distribution importants, surtout vers Talca et Concepción, où seulement 20% de la population a accès à l'eau potable. A Cartagena et San Antonio, personne n'a encore accès à l'électricité, alors qu'à Concepción et Talcahuano, l'électricité a été réinstallée dans deux secteurs pour permettre l'ouverture de supermarchés, et seulement 50% du réseau fonctionne à Chillán.
Plus de 25 hôpitaux ne sont toujours pas en état de fonctionnement, notamment dans les régions du Maule et du Biobío, alors que le réseau téléphonique présente toujours de gros problèmes, par exemple dans la région du Maule, où seulement 15% des antennes de téléphonie mobile fonctionnent. Entel et Movistar ont décidé de ne pas faire payer les appels de certaines régions. Quant aux transports, alors que le Transantiago fonctionne de nouveau presque normalement, le métro de Valparaíso et le Metrotren  (de Santiago à Rancagua) n'ont pas repris leur activité. Les premiers avions ont décollé hier, pour acheminer l'aide humanitaire dans les villes du Sud. 
L'aéroport de Santiago a repris peu à peu le trafic depuis lundi, le retour à la normale est prévu vendredi. 

PILLAGES- La panique des habitants
A Concepción et d'autres villes de la région règne un climat de psychose, renforcé par le manque de nourriture et l'absence des services de base. Pour l'instant, la police a l'ordre de faire preuve de tolérance concernant les vols de nourriture, car presque tous les magasins restent fermés. Durant la nuit de lundi à mardi, des groupes d'habitants ont passé la nuit entière devant leurs maisons, avec toutes les armes qu'ils pouvaient trouver, pour défendre leurs biens des bandes de pilleurs, qui ont déjà dévalisé et incendié les supermarchés, et s'attaquent maintenant aux quartiers résidentiels. Les militaires n'ont pu arrêter que 55 personnes cette nuit-là.

ETAT DE CATASTROPHE-  Pleins pouvoirs aux militaires
Devant l'ampleur des dégâts, la Présidente chilienne a décrété l' "état de catastrophe" dans les deux régions les plus touchées, du Maule et du Biobío, mettant en place un couvre-feu dans plusieurs villes, dont Concepción, Talca, Cauquenes et Constitucion, et donnant les plein-pouvoirs aux 7.000 militaires envoyés dans la région pour maintenir l'ordre et assurer les opérations de secours. Sebastian Piñera , futur Président de la République, a appelé le secteur privé à venir en aide à l'Etat. D'autre part, s'organisent des expéditions  aériennes et maritimes pour transporter nourriture,  médicaments et personnel de santé.

AIDE INTERNATIONALE- Le pays s'organise
Lundi, après avoir demandé à la communauté internationale d'attendre 24 heures, le Chili a soumis une liste précise de ses besoins aux Nations Unies, comprenant entre autres des téléphones satellites, des hôpitaux de campagne, des ponts mécaniques et des générateurs électriques. La Croix-Rouge internationale a débloqué un fonds d'urgence de 380 000$ pour le Chili, d'autant plus que les ponts brisés et les routes défoncées rendent les régions les plus touchées difficiles d'accès. Par ailleurs, l'Union Européenne a offert 3 millions d'euros, le Japon 2 millions, la Chine et l'Indonésie 700.000 euros, et des avions contenant du matériel d'aide humanitaire commencent à arriver depuis le Brésil, le Pérou ou encore la Russie.

A SANTIAGO- "Les voitures se soulevaient de dix centimètres"
Trois jours après le tremblement de terre, les Santiaguinais retrouvent peu à peu leur quotidien au milieu des débris. À 500 km de l'épicentre, les dégâts matériels sont mineurs par rapport à la situation dramatique dans les régions de Maule et de Bío Bío. Mais le tremblement de terre a laissé les habitants de Santiago en état de choc.
Hier, on en était encore à déblayer les rues et à tenter d'obtenir des nouvelles de ses proches. Les quartiers de Maipu et de Santiago Centro sont ceux qui ont subi le plus de dégâts, mais il y a aussi quelques maisons écroulées à Macul ou à Nuñoa, sans parler des banlieues plus pauvres comme San Bernardo ou La Pintana.
Les bâtiments qui risquent encore de s'effondrer sont maintenant sécurisés, et des agents d'entretien de la ville s'emploient à ramasser les débris pour dégager les routes. Le réseau téléphonique, complètement paralysé pendant deux jours, fonctionne partiellement, et les métros et les bus fonctionnement maintenant presque normalement. Le réseau de distribution de l'eau et de l'électricité fonctionne maintenant à 97% de sa capacité.
Depuis samedi, une grande inquiétude est palpable dans les rues. Les gens ont peur des répliques et se hâtent de faire le plein d'essence ou de remplir leur frigo, ce qui provoque des files d'attente interminables et des pénuries de nombreux produits, malgré les appels au calme de la présidente Michelle Bachelet. Depuis hier, à Maipu, les magasins ouvrent seulement quelques heures par jour et ont tous posté des vigiles devant l'entrée par peur des violences.
Néanmoins, «il faut commencer à envoyer des signaux de normalité aux gens», dit Ricardo, propriétaire d'un restaurant dans le quartier Bellavista. Hier, la majorité des restaurants du quartier ont rouvert, tout comme les centres commerciaux. «La vie doit reprendre son cours.»

LA NUIT DU SEISME: "Les voitures se soulevaient de dix centimètres"
À 3h34 dans le quartier Bellavista, la porte du restaurant où travaille Ignacio se met à trembler. «J'ai immédiatement pensé à un «temblor», dit-il.
«Nous nous sommes levés, ma copine et moi, et tenus dans l'embrasure de la porte, pour attendre que ça passe. Au bout de trente secondes, les secousses sont devenues très violentes et les lumières se sont toutes éteintes. Les voitures stationnées devant nous s'entrechoquaient, et se soulevaient de dix centimètres.» 
Au bar où travaillait Gonzalo, dans la même rue, les gens sont tous sortis en courant, paniqués. «Ils sont partis sans payer, en laissant leurs vestes, paquets de cigarettes et consommations sur les tables», dit-il. 
Jorge, lui, était dans sa maison à San Bernardo, quartier populaire de Santiago, avec sa femme et son petit garçon. «En 1985, le seul autre grand tremblement de terre que j'ai vécu, j'étais resté immobile, sans savoir quoi faire. Maintenant que j'ai une famille, hors de question de s'égarer, j'ai uniquement pensé à protéger mon enfant et ma femme, à les amener dans la rue, car ma maison, trop vieille, risquait de s'écrouler»,explique-t-il.
A Nuñoa, quartier de classe moyenne, Pilar et Juan José allaient s'endormir, quand arrivèrent les premières secousses. «J'étais tellement paniquée que je ne trouvais pas la clé pour ouvrir la porte d'entrée, on était coincés dedans», se souvient Pilar. À ce moment est arrivée sa colocataire, Carolina, qui rentrait d'un concert et ouvrait justement la grille. «L'eau de la piscine formait des vagues qui sortaient du bassin», se souvient-t-elle.
Pour ceux, comme Ignacio, qui ont ensuite dû rentrer à pied chez eux, a commencé une autre aventure. «Il n'y avait plus aucun bus ni taxi, bien sûr, et nous avons dû marcher une heure et demie dans le noir total, sur les trottoirs déformés. Certaines rues étaient impossibles à traverser, car aucun feu rouge ne marchait, et les voitures ne pouvaient pas nous voir», raconte-t-il. 
«On a tous passé la nuit dehors ensuite, n'osant plus rentrer par peur des répliques. Partout dans Santiago, les gens ont sorti des matelas et des couvertures, et se sont installés dans les pelouses pour la nuit», dit Carolina. 
Olga, quant à elle, a de trop mauvais souvenirs des tremblements de terre de 1960 et de 1985. Elle refuse de dormir sous un toit tant que les répliques ne seront pas terminées. «Pour l'instant, je préfère dormir dans mon jardin. Et de toute manière, dans la maison, il n'y a pour l'instant ni électricité ni eau courante.» 
Mathilde Nicolaï (www.lepetitjournal.com Santiago) Mercredi 3 mars

diaporama photos Paola Arriagada Fernandez

logofbsantiago
Publié le 2 mars 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

Flash infos