Pour lutter contre le machisme au Chili, des sociologues ont créé un Observatoire contre le Harcèlement de Rue. Derrière le projet se dessine la volonté pour les femmes de se réapproprier leur corps
Si la législation protège les femmes au travail et chez elles, elle ne s'attaque pas à l'espace public, où elles sont particulièrement vulnérables. C'est en partant de ce constat que cinq sociologues de l'Université du Chili ont créé l'Observatoire Contre le Harcèlement de Rue. Exaspérés par un machisme omniprésent dans les rues de leur pays, ils se penchent sur ce phénomène en étudiant les types de harcèlement, les tranches d'âges concernées et les conséquences psychologiques qui affectent les relations entre les femmes. Car le sexisme n'est pas qu'une affaire d'hommes et peut être intériorisé par les femmes – comme dans certains rapports mère-fille par exemple. Ce projet fait écho à de nombreuses campagnes de sensibilisation du gouvernement, destinées à lutter contre un machisme enraciné dans la société chilienne. Mais cette fois-ci, l'initiative offre également un champ d'expression aux femmes et aux hommes qui se sentent concernés. Sur la page Facebook de l'Observatoire, les images défilent : des femmes dans la rue, avec une pancarte (« Mon décolleté n'est pas une invitation à me harceler », « Je m'habille pour moi, pas pour toi »,…). Une façon de se réapproprier l'espace public, ainsi que leur corps.
Le machisme, un phénomène ancré dans la société
Cet observatoire, créé par trois femmes et un homme, est une nouvelle réponse à un sexisme récurrent en Amérique Latine. Malgré les récentes élections chiliennes qui ont vu deux femmes se présenter aux présidentielles, les pratiques machistes restent nombreuses. Miguel Moreno Garcia, bientôt sous-secrétaire au Biens Nationaux du gouvernement de Michelle Bachelet, a été puni par la justice en 2011 pour avoir touché les fesses d'une femme dans le métro.
Clément Ourgaud (www.lepetitjournal.com/santiago) mardi 11 février 2014