Le 18 décembre 2025, l'administration Trump a suspendu le programme de visa diversité, mettant un coup d'arrêt à l'une des voies les plus accessibles vers la résidence permanente aux États-Unis. Cette décision, annoncée par la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem, marque un tournant radical dans la politique migratoire américaine.


Un programme historique suspendu sans préavis
Créé par le Congrès en 1990, le Diversity Visa Program permettait chaque année à 50 000 personnes issues de pays sous-représentés dans l'immigration américaine d'obtenir une carte de résident permanent par tirage au sort. En 2025, plus de 20 millions de candidats du monde entier avaient tenté leur chance, avec environ 131 000 personnes présélectionnées.
La suspension intervient suite aux fusillades tragiques survenues le 13 décembre à l'université Brown et au domicile d'un professeur du MIT. Le suspect, Claudio Manuel Neves Valente, un ressortissant portugais de 48 ans, avait obtenu sa green card via ce programme en 2017. Avant de se suicider, il aurait tué deux étudiants et un professeur, blessant neuf autres personnes.
Que signifie concrètement cette suspension ?
L'impact est immédiat et potentiellement durable. Le département de la Sécurité intérieure a ordonné aux services de citoyenneté et d'immigration (USCIS) de cesser tout traitement des dossiers. Marco Rubio, secrétaire d'État, a également suspendu la délivrance de ces visas « jusqu'à ce que nous sachions exactement qui nous laissons entrer dans notre pays ».
Les personnes déjà sélectionnées dans les récents tirages et qui attendaient leur entretien consulaire ou le traitement de leur dossier se retrouvent dans l'incertitude. Aucune date de reprise n'a été annoncée, et la suspension pourrait se prolonger indéfiniment.
Un débat qui dépasse la sécurité
Donald Trump n'a jamais caché son hostilité envers ce programme qu'il juge insuffisamment sélectif. Dès 2017, après l'attaque terroriste au camion-bélier à New York en octobre qui avait fait huit morts (l'auteur était entré via la loterie), il avait tenté de le supprimer.
Pour l'administration Trump, ce système favorise une immigration basée sur le hasard plutôt que sur le mérite. Le président privilégie les visas liés à l'emploi ou à l'investissement, comme la nouvelle « Gold Card » lancée en décembre, accessible moyennant un investissement de 1 à 5 millions de dollars.
Une base légale incertaine
La suspension soulève toutefois des questions juridiques. Le programme ayant été établi par le Congrès, l'autorité du pouvoir exécutif pour le suspendre unilatéralement reste floue. Trump peut invoquer la section 212(f) de la loi sur l'immigration, qui lui permet de bloquer l'entrée de certaines catégories d'étrangers pour des raisons de sécurité nationale.
La fin d'une opportunité unique
Au-delà des débats politiques, cette suspension met fin à l'un des derniers mécanismes permettant à des personnes sans attaches familiales ou employeur américain d'obtenir la résidence permanente. Pour des millions de candidats à travers le monde, notamment en Afrique, en Europe de l'Est et en Asie, c'était une porte d'entrée vers le rêve américain qui vient de se refermer brutalement.
Les candidats ayant déjà participé aux loteries précédentes devraient surveiller les annonces officielles du département d'État et envisager d'autres voies migratoires, bien que celles-ci exigent généralement un sponsor ou des qualifications professionnelles spécifiques.
Après tous les changements liés à l'obtention des visas H1-B, ou encore le projet de loi sur les ESTA, le rêve américain s'éloigne de plus en plus pour un grand nombre de personnes.
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