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ESTA : Trump serre la vis. Agissez vite avant que le projet de loi ne passe.

Fini le simple formulaire en ligne! L'administration américaine vient de publier une proposition qui transforme radicalement l'entrée sur le territoire : les Français devront bientôt dévoiler cinq années d'historique de leurs réseaux sociaux, leurs emails, numéros de téléphone et données familiales pour obtenir leur autorisation de voyage ESTA. Une mesure qui inquiète autant les défenseurs de la vie privée que les professionnels du tourisme.

Une femme devant son ordinateur pour une demande ESTA Une femme devant son ordinateur pour une demande ESTA
Écrit par Anne-Lorraine Bahi
Publié le 11 décembre 2025

 

Donald Trump poursuit son offensive contre l'immigration. Après avoir durci les conditions pour les étudiants étrangers, les travailleurs qualifiés et les diplomates, l'administration américaine s'attaque désormais aux simples touristes.

Selon un avis publié mercredi 10 décembre par les douanes américaines dans le Federal Register, tous les ressortissants des 42 pays bénéficiant du programme d'exemption de visa (dont la France), devront fournir cinq ans d'historique de leurs réseaux sociaux pour l'obtention de l'ESTA.

 

Un fichage numérique systématique

La liste des informations exigées dépasse largement les simples identifiants de comptes sociaux. Les autorités américaines réclameront désormais : tous vos numéros de téléphone des cinq dernières années, vos adresses email sur dix ans, les informations personnelles complètes de votre famille immédiate (noms, dates de naissance, lieux de résidence), ainsi que les adresses IP et métadonnées de vos photos.

Impossible de contourner ces exigences : le CBP ( US Customs and Border Protection)  précise que l'historique des réseaux sociaux sera obligatoire, pas optionnel.

 

Après la fusillade, le verrouillage

Cette escalade sécuritaire fait suite à la fusillade de fin novembre à Washington impliquant un ressortissant afghan, qui a coûté la vie à un membre de la Garde nationale. L'administration Trump a immédiatement suspendu toutes les demandes d'immigration de 19 pays et lance une réévaluation des cartes vertes déjà accordées.

Depuis janvier 2025, les étudiants étrangers doivent déjà rendre publics leurs comptes de réseaux sociaux. En décembre, cette obligation s'est étendue aux titulaires de visas H-1B. La nouvelle proposition généralise la pratique à tous les visiteurs, y compris les touristes en vacances.

Dans un déclaration faite au Washington Post, Farshad Owji, ancien président de l'Association américaine des avocats spécialisés en immigration prévient: "Avoir la citoyenneté d'un pays ESTA ne signifie pas que cette personne partage les opinions politiques de l'administration actuelle".

Une question subsiste: il est certain que ces nouvelles surveillances envahissent la vie privées des voyageurs, mais l'efficacité pour identifier les terroristes a-t-elle été prouvée? 

 

Un tourisme américain déjà en berne

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les États-Unis sont la seule économie parmi 184 analysées à connaître un recul prévu des dépenses des visiteurs internationaux en 2025, selon le World Travel & Tourism Council. Cette nouvelle contrainte administrative risque d'accentuer la tendance, d'autant que le coût de l'ESTA a déjà doublé le 30 septembre, passant de 21 à 40 dollars.

 

Le conseil : anticipez maintenant

La proposition entre dans une période de consultation publique de 60 jours avant examen par la Maison Blanche. Aucune date d'application n'est annoncée, mais une chose est sûre : si vous prévoyez un voyage aux États-Unis dans les deux prochaines années, faites votre demande ESTA dès maintenant.

L'autorisation reste valable deux ans et vous permettra d'éviter ces nouvelles exigences intrusives. Le formulaire actuel se remplit en vingt minutes sur le site officiel. Une fois approuvé, votre ESTA sera valable jusqu'à son expiration, quelles que soient les nouvelles règles adoptées entretemps.

Le rêve américain se complique. Reste à savoir si les voyageurs français sont prêts à ouvrir leurs vies numériques pour quelques jours sous le soleil californien.

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