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Florian Cardinaux se confie : départ du consulat, bilan et avenir tech

Dans un entretien au Petit Journal, le consul général de France à San Francisco revient sur les raisons de son départ, dresse le bilan de 15 mois intenses avec une centaine d'événements organisés, et dévoile ses projets dans la tech.

Florian Non Offical - LPJFlorian Non Offical - LPJ
Écrit par Anne-Lorraine Bahi
Publié le 2 décembre 2025, mis à jour le 5 décembre 2025

 

Les raisons de son départ 

“Je considère que je dois à la communauté française de la circonscription quelques explications, à la suite de la publication la semaine dernière de l’avis de vacance du poste que j’occupe.”

Après 15 mois à la tête du consulat général de France, Florian Cardinaux s'apprête à tourner une
page importante de sa vie professionnelle. Un départ qu'il qualifie lui-même de "concerté"; avec le Ministère des Affaires étrangères, et présente comme avant tout motivé par des raisons personnelles et familiales.

"Il y a d’abord une histoire assez intime que je n'ai pas envie d'étaler ", confie-t-il. " J’ai traversé une année rude sur le plan personnel. J’ai vécu une séparation d’avec la mère de mon fils. Diplomate de carrière, elle est depuis septembre en poste au consulat.  C’était objectivement une situation délicate, difficilement tenable dans la durée".

Le consul insiste sur le fait qu'il n'y a "aucune faute professionnelle, aucune sanction" derrière cette décision. "Après une mission de l'inspection du ministère et trois mois de reflexion, nous sommes convenus qu'il était préférable, dans l'intérêt du service, que je quitte mes fonctions. Je suis en paix avec cette décision que je respecte totalement".

 

Un manager exigeant à la tête d'une équipe solide et engagée

Je suis un manager dynamique et exigeant

Florian Cardinaux ne cache pas son style de management. “Je suis un manager dynamique et exigeant. Mon style, hérité de mes années au centre de crise et en cabinet, peut être perçu comme très stimulant dans certains contextes, plus difficile dans d’autres. Je l’assume avec lucidité. Le management est un art délicat et un apprentissage de tous les jours. ”

« J'ai demandé beaucoup d’efforts à l’équipe. Il m’a aussi été demandé de mettre en œuvre des changements qui n’ont pas été faciles à vivre pour les agents consulaires : gains de productivité, remise en cause de certains acquis. Cela a créé du ressentiment ».

Pour autant, le consul tient à saluer le travail de son équipe. "J'ai eu la chance de pouvoir compter sur un collectif formidable, à la résidence comme au consulat, plein d'énergie." 

Il ajoute : "Je tiens en particulier à souligner la qualité des services consulaires, rendus par une équipe dévouée aux Françaises et aux Français de la circonscription, avec à sa tête un vice-consul solide, qui connaît son métier."

 

Un bilan dont il peut être fier

Faire rayonner la France dans tous les domaines et capitaliser sur cette communauté française extraordinaire que j'ai découverte ici.

Malgré un contexte d'arrivée difficile - il sortait de quatre années éprouvantes, à gérer les plus graves crises internationales récentes (Afghanistan, Ukraine, Gaza) au sein du centre de crise du Quai d'Orsay puis comme conseiller Asie, Pacifique et affaires consulaires de Catherine Colonna - Florian Cardinaux a marqué son passage par une activité intense et une vision claire : valoriser l'excellence française sous toutes ses formes.

"L’activité consulaire est le cœur du consulat, mais ce qu’on attend d’abord d’un consul général à San Francisco, c'est l'influence", explique-t-il. "Faire rayonner la France dans tous les domaines et capitaliser sur cette communauté française extraordinaire que j'ai découverte ici. Des gens qui malgré la distance et les années, ont gardé un attachement fort à leur pays, auquel s’ajoute cette notion très américaine de 'give back'."

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 100 événements organisés à la Résidence de France en 15 mois, près de 10 000 personnes accueillies, une stratégie équilibrée entre économie, science, échanges universitaires, culture et éducation. "J’ai eu à cœur d’ouvrir au maximum la Résidence de France, qui est la maison de tous les Français ", souligne-t-il.
 

L'IA et la tech au cœur de l'action

C'était un honneur de contribuer, depuis San Francisco, à la stratégie IA du Président de la République, à ce moment charnière

Le fil conducteur de son mandat ? L'AI Action Summit à Paris, et ses suites. "Convaincre les forces vives de l'IA basées ici de participer au sommet de Paris, accueillir notre ministre de l'IA de l’époque Clara Chapaz pour le préparer, accompagner l’invitée d’honneur du Président, la chercheuse Fei-Fei Li à Paris... C'était une lourde responsabilité, et un grand honneur. »

Cette ambition s'est traduite par des actions concrètes : organisation d’événements de préparation et de suivi du sommet, avec L’Inde ; soutien à la mise en place, par l’équipe scientifique du consulat, d’un événement phare pour l’attractivité scientifique de la France Science Beyond Borders, dont la 2ème édition a vu en septembre la participation de la présidente de l'Agence nationale de la recherche et de nombreuses agences françaises ; promotion des réformes engagées par les autorités françaises pour faire de la France une "start-up nation" et la porte d'entrée de l'Union européenne pour la tech.

 

Innovation : la création de quatre clubs thématiques

Faire des brainstormings collectifs pour capitaliser sur leur expérience ici.

L'une de ses initiatives les plus remarquées restera la création de quatre clubs pour mobiliser l'expertise française : le Club Culture, le Club IA, le Club Énergie et le Club Santé du consulat. "L'idée n'était pas de réunir les Français au titre de l'entreprise qu'ils représentent, mais pour l'expérience qu'ils peuvent partager. Faire des brainstormings collectifs pour capitaliser sur leur expérience ici."

Le Consul aura également, en 15 mois, multiplié les déplacements dans toute sa circonscription – Seattle à trois reprises, Portland, Sacramento, Salt Lake City, Boise. Et Hawaii - avec un objectif particulier : valoriser la France du Pacifique. "Je suis très attaché, pour diverses raisons, à la France des outre-mers, et convaincu que les diplomates doivent en promouvoir les atouts. J'ai cherché à renforcer les liens entre la côte ouest, Hawaii et la Polynésie française. Le potentiel de coopération est important."
 

 

Un soutien actif au secteur culturel et éducatif

Je voulais qu'on soit fier de cet art de vivre à la française

Au-delà de la tech, Florian Cardinaux a tenu à valoriser toutes les facettes de l'excellence française. Il a rencontré individuellement les 13 écoles homologuées de la circonscription, et aussi mis en avant la gastronomie et la viticulture françaises. "Je trouvais qu'on ne rendait pas suffisamment justice à ce monde, qu'on s'en servait un peu trop comme d’un faire-valoir. Je voulais qu'on soit fier de notre Art de vivre à la française pour ce qu’il est ; qu’on le mette au centre. Avec le lycée français de San Francisco, nous avons ainsi porté un projet de cantine scolaire très novateur aux Etats-Unis, et prometteur, pour mettre en valeur la gastronomie française"

 

La bascule dans le secteur privé, un nouveau défi

Ce qui m'a le plus marqué, c'est la richesse humaine extraordinaire que j'ai découverte ici.

À 40 ans, Florian Cardinaux se lance désormais dans une reconversion dans le secteur privé dans la Baie de San Francisco, porté par sa garde alternée et par une conviction profonde :

« J’ai découvert ici une communauté d’une richesse exceptionnelle. Le monde de la tech, du spatial, de l’aéronautique, c’est un univers d’audace et de vision. J’ai envie de contribuer à cet élan ».

Il souligne que son parcours en Europe, au Moyen-Orient et en Asie, ainsi que son expertise en gestion de crise, affaires publiques et diplomatie économique « résonnent avec les défis des acteurs de l’IA et de l’innovation ». 

Il ajoute "au sein du quai d’Orsay, une expérience dans le privé est de plus en plus valorisée. Il me semble important de connaître le secteur privé de l’intérieur, y compris pour exercer le métier de diplomate, aujourd’hui très tourné vers la défense de nos intérêts économiques."
 

 

Une transition en douceur

 Je resterai en fonction au moins jusqu’à la fin de l’année pour assurer la meilleure transition possible

 “Je suis fier du chemin parcouru et reconnaissant envers la communauté française. Je resterai en fonction au moins jusqu’à la fin de l’année pour assurer la meilleure transition possible. Cette mission a été un grand honneur et m’a profondément enrichi humainement”

 

Ce qui ressort avant tout de ses mots, c'est une vraie gratitude envers la communauté française qu'il a servie. "Ce dont je suis le plus fier, ce n'est pas tant les événements ou les chiffres, c'est d'avoir contribuer à valoriser cette communauté chaleureuse, qui reste très attachée à la France. Quand on va vers les Français pour leur demander non pas « pourquoi êtes-vous partis » mais « êtes-vous prêts à aider votre pays », ils répondent tous présent. On en sort grandi, humainement."

 

 

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