Chaque année, le mardi qui suit Thanksgiving marque une journée bien particulière outre-Atlantique : le Giving Tuesday. L'an dernier, cette mobilisation a battu tous les records avec 3,6 milliards de dollars collectés et 36,1 millions de participants à travers les États-Unis. Un phénomène qui interroge : comment expliquer cet engouement massif pour une journée de dons ?


L'origine du Giving Tuesday
Créé en 2012 comme contrepoint consumériste au Black Friday et au Cyber Monday, le Giving Tuesday est devenu bien plus qu'une simple opération caritative. Il incarne une culture philanthropique profondément ancrée dans l'identité américaine, où donner ne se limite pas à un geste financier mais relève d'une véritable participation citoyenne. Près de 90% des Américains effectuent un don chaque année, et deux tiers d'entre eux consacrent également du temps au bénévolat.
Une différence culturelle qui se chiffre
Pour comprendre l'ampleur du phénomène, quelques chiffres suffisent. La philanthropie représente 2,01% du PIB américain, contre seulement 0,30% en France. Le don moyen d'un foyer aisé américain atteint 35 000 euros par an, là où son équivalent français donne environ 6 000 euros. Au-delà des montants, c'est toute une philosophie qui diffère.
Aux États-Unis, la générosité s'inscrit dans une tradition historique liée aux racines religieuses du pays. Les organisations confessionnelles captent 38% des dons, les églises constituant le réceptacle historique de cette philanthropie. Mais le phénomène dépasse largement le cadre religieux : éducation, santé, culture, services sociaux... Tous les secteurs bénéficient de cette culture du "give back", l'idée qu'il faut redonner à la communauté ce qu'elle nous a apporté.
Cette approche contraste fortement avec le modèle français, où l'État a historiquement monopolisé la définition de l'intérêt général. En France, la tradition républicaine a longtemps entretenu une méfiance envers les corps intermédiaires, perçus comme une menace pour l'unité nationale. Résultat : les Français comptent davantage sur les services publics que sur les initiatives privées pour répondre aux besoins collectifs.
Giving Tuesday : comment effectuer un don philanthropique aux Etats-Unis ?
Une mobilisation locale impressionnante
Dans la région, le Giving Tuesday 2024 a connu une mobilisation remarquable. La San Francisco-Marin Food Bank, qui distribue chaque semaine de la nourriture à quelque 36 000 familles, a bénéficié d'un système de triple matching grâce à la Fondation Genentech : chaque dollar donné permettait de financer six repas au lieu de deux habituellement. Second Harvest of Silicon Valley a dépassé son objectif initial d'un million de dollars dès le début d'après-midi.
Ces opérations de matching, où des donateurs généreux doublent ou triplent les dons des particuliers, illustrent parfaitement la philosophie américaine : la philanthropie n'est pas l'apanage des ultra-riches, mais une responsabilité partagée. En 2024, 12,9 millions d'Américains ont donné des biens matériels et 9,2 millions ont fait du bénévolat, démontrant que la générosité prend de multiples formes.
Si vous cherchez à soutenir une association française à San Francisco, vous trouverez liste sur le site du comité officiel . A vous de choisir celle qui retient votre intérêt.
Les limites du système
Cette culture philanthropique n'est pourtant pas exempte de critiques. La concentration des richesses accentue les inégalités dans les dons : 1% des ménages américains donnent désormais 50% des dollars collectés, contre 22% des euros en France. Cette concentration pose la question du pouvoir d'influence : qui décide des causes prioritaires lorsque les financements privés deviennent prépondérants ?
Par ailleurs, si la participation au Giving Tuesday ne cesse d'augmenter, seulement 3% des personnes qui ont fait un don en décembre 2024 l'ont fait lors de cette journée spécifique. Cela suggère que de nombreuses associations pourraient mieux capitaliser sur cet élan de générosité collective.
Deux modèles qui évoluent
Malgré ces différences marquées, les approches française et américaine tendent à se rapprocher. En France, le nombre de fondations a été multiplié par quatre en quinze ans, et les pratiques de dons se développent avec une image de plus en plus positive. Côté américain, le bénévolat progresse fortement parmi les plus fortunés, une pratique déjà bien ancrée en France où 55% des personnes aisées sont bénévoles.
Le Giving Tuesday illustre finalement une vision américaine de la démocratie : celle d'une société civile active, où les citoyens organisés suppléent aux carences de l'État et financent directement les causes qui leur tiennent à cœur. Pour les Français habitués à un État providence central, cette approche peut sembler déroutante. Mais elle pose une question universelle : qui, de l'État ou des citoyens organisés, est le mieux placé pour produire le bien commun ? La réponse se situe probablement quelque part entre ces deux modèles.
Souvenez-vous que aucune somme n'est trop petite....Que vous donniez $1, $5, $100, $2000....Soyez assuré que vous aiderez à faire la différence pour l'association de votre choix.
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