Terminée l’exception carioca : de nouvelles mesures ont été annoncées hier pour lutter contre l’augmentation des cas de Covid-19, et notamment le début de “supervacances“ à partir de vendredi 26 mars. Les Cariocas vont-ils manquer de vitamine D ?
Un week-end éprouvant. C’est ce qu’a dû se dire Eduardo Paes, le maire de Rio, à l’issue de ces derniers jours de discussions. Après des réunions avec les autres acteurs politiques de l’État de Rio, puis avec le comité scientifique, il a finalement annoncé la mise en place de nouvelles mesures de lutte contre la Covid-19, lors d’une conférence de presse conjointe avec le maire de Niteroi, Axel Grael.
A partir de vendredi 26 mars, et jusqu’au 4 avril, les écoles seront fermées dans les deux villes, et seuls les commerces essentiels seront ouverts – supermarchés, pharmacies, banques, etc, une liste désormais bien connue depuis le début de la pandémie. Les restaurants et bars ne pourront faire que de la vente à emporter. Et les plages, enjeu majeur à Rio, seront accessibles, mais uniquement pour les activités sportives.
Avant même l’annonce de ces mesures, les trois principaux musées de la ville, le Museu de Arte, le Museu de Arte Moderna et le Museu do Amanhã, avaient annoncés qu’ils fermaient leurs portes pour trois semaines – un signe de plus de ces cafouillages perpétuels à Rio, où les acteurs privés doivent prendre les décisions avant les acteurs publiques.
Supervacances et vitamine D
L’annonce des nouvelles mesures à Rio et Niteroi témoigne aussi d’importants désaccords politiques entre les Mairies (Prefeituras) et l’État de Rio. Dimanche, une réunion s’est en effet tenue entre Eduardo Paes, Axel Grael et Cláudio Castro (le gouverneur d’extrême-droite, proche de Bolsonaro), pour tenter de prendre des mesures pour l’État de Rio tout entier. Mais, à l’issue de cet entrevue, une seule décision avait été prise : avancer les vacances d’avril pour les faire commencer le vendredi 26 mars, et terminer après le week-end de Pâques, le 4 avril.
Un superferiado, i.e. des supervacances ou superjoursfériés, dont le nom somme toute plutôt joyeux tend à faire oublier la réalité de l’épidémie de Covid au Brésil, ce qu’Eduardo Paes a vivement critiqué : « Je n’appellerai pas ça des vacances. […] J’appellerai ça un moment d’isolation sociale. Car le terme “vacances“ sous-entend un moment de voyage, de loisirs, ou de boire une bière sur la plage avec ses amis“, a déclaré le maire pendant sa conférence de presse.
D’autant que le gouverneur a annoncé qu’il était du ressort de l’Etat, et non des municipalités, de décider si les bars et les restaurants pouvaient être ouverts pendant cette période - “C’est le cirque de Castro ! La fête foraine du gouverneur !“ a réagi Eduardo Paes sur son compte Twitter. “Il n’a définitivement rien compris à l’objectif des mesures.“
Le président Bolsonaro s’est également invité dans la discussion, pour critiquer l’annonce de la fermeture des plages dès le week-end dernier, avec un argument inédit: privés de soleil et de vitamine D, les Cariocas auraient selon lui plus de chances d’attraper la Covid-19.