

La Cour de cassation a pris une décision particulièrement rare en annulant deux condamnations en assises. Loïc Sécher et Marc Machin, condamnés respectivement pour viol et meurtre, ont vu leurs peines révoquées. Tous deux sont renvoyés une troisième fois devant la cour d'assises de Paris afin d'être définitivement blanchis
Loïc Sécher et Marc Machin (AFP)
La Cour de révision n'a prononcé que huit révisions de procès criminels depuis 1945 en France, ceux de Marc Machin et de Loïc Sécher en font partie. Tous deux ont subi sept années de détention avant que cette décision ne soit prise. Le premier avait été condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'une jeune femme. Loïc Sécher avait été condamné deux fois aux assises à 16 ans de réclusion criminelle pour le viol d'une adolescente.
Marc Machin reste détenu
En décembre 2001, une dizaine de jours après le meurtre, à coups de couteau, de Marie-Agnès Bedot sur le Pont de Neuilly dans les Hauts-de-Seine, Marc Machin est interpellé par la police. Alors âgé de 19 ans, le jeune homme avait reconnu les faits en garde à vue, sans donner trop de détails, car il en avait "marre des questions, des auditions et de la pression psychologique". Mais il se rétractera devant le juge d'instruction. A l'époque, Marc Machin dépendant de l'alcool et du cannabis vivait en marge de la société et disposait d'un lourd casier judiciaire. Condamné en 2005 à 18 ans de réclusion par la cour d'assises d'appel des Yvelines, il est finalement libéré en octobre 2008 car David Sagno, un SDF, vient se livrer à la police pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot, et celui de Maria-Judith Araujo, également au pont de Neuilly, le 22 mai 2002. Des analyses ont permis de retrouver l'ADN de David Sagno sur les corps des deux femmes, entraînant sa mise en examen pour "assassinat, viol et vol". Libéré, Marc Machin écrit son histoire dans un livre "Seul contre tous", mais peu de temps après, il est soupçonné de trois agressions sexuelles, qu'il a reconnues en garde à vue. Depuis 2009, il est en détention provisoire à la maison d'arrêt de La Santé. La même année, il avait également été condamné à cinq mois de prison dont trois avec sursis, pour "violences" sur un surveillant de prison. Mardi, Marc Machin a été renvoyé une troisième fois devant la cour d'assises."C'est gaspiller l'argent du contribuable, c'est du gaspillage d'argent public", a réagi son père, qui s'appelle également Marc Machin. Il avouait ne "pas être trop déçu" mais "ne plus avoir trop confiance en la justice".
Loïc Sécher en attente d'un troisième procès
Incarcéré à Nantes, Loïc Sécher a été condamné en 2003 pour avoir violé à plusieurs reprises une adolescente de 13 ans. Emilie R., la plaignante, s'était ensuite rétractée. Une contre-enquête menée par la Cour de cassation a montré que la jeune fille était vierge au moment des faits, et perturbée psychologiquement, si bien qu'elle avait accusé d'autres personnes d'abus sexuels, dont son père. Innocenté en moins de deux minutes, mardi, par la Cour de révision des condamnations pénales, Loïc Sécher devra tout de même à nouveau affronter les assises puisqu'un troisième procès se tiendra vraisemblablement dans l'année à venir. Cette libération sera toutefois assortie d'un contrôle judiciaire "assez léger", a précisé Me Eric Dupond-Moretti, son avocat. Loïc Sécher devra notamment résider chez son ancien employeur, dans le Finistère, et s'abstenir de paraître dans les quatre départements, lieu des présumés viols. Il ne pourra rencontrer aucun des acteurs de l'affaire, surtout pas Émilie, son accusatrice. A l'issue de l'audience, son avocat Me Dupond-Moretti, a expliqué qu'il ''s'attendait à une annulation pure et simple. Mais la justice a toujours autant de mal à reconnaître qu'elle s'est trompée.''
LR (www.lepetitjournal.com) jeudi 15 avril 2010
En savoir plus :
Le Nouvel Obs, Seulement huit révisions de procès criminels depuis 1945
Le Monde, Marc Machin et Loïc Sécher vont être rejugés
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