

Le souverainiste vendéen Philippe de Villiers a multiplié tout au long de sa carrière les casquettes et les étiquettes. Une constante est notable pourtant dans le parcours de cet eurosceptique : une farouche opposition à la gauche. Ce combat le pousserait aujourd'hui à rejoindre la majorité qu'il a pourtant tant critiqué
Philippe de Villiers est tombé dedans quand il était petit
Né en 1949, à Boulogne en Vendée, Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon (dit Philippe de Villiers) a grandi dans une famille anoblie, dont sont issus de hauts gradés de l'armée française. Son père, Jacques de Villiers entre en politique après la seconde guerre mondiale et endosse le poste de maire de Boulogne pendant près de 40 ans. Il occupe également des fonctions de vice-président du conseil régional de Vendée et de conseiller régional des Pays de la Loire. Philippe de Villiers (AFP/Franck Fife) souhaite suivre les traces de son père. Il se lance, maîtrise de droit public en poche, dans des études politiques et est élève à l'ENA de 1976 en 1978.
Il débute sa carrière dans la culture
En parallèle de ses études, il se retrouve en 1977 à l'origine du spectacle du Puy-du-fou, un des spectacles son et lumière les plus populaires en France, qui retrace l'histoire de la Vendée lors de la révolution française. L'endroit est aujourd'hui un parc à thèmes retraçant chaque année, grâce à des petits spectacles, de nouvelles périodes de l'histoire de France. Philippe de Villiers écrit encore aujourd'hui le livret du grand spectacle du Puy-du-fou. Après la libéralisation des ondes radios par François Mitterrand en 1981, il se lance dans l'aventure en créant la station Alouette FM, dont son frère Bertrand assure aujourd'hui la présidence, et Alouette Hebdo. Il crée en 1984 une école privée de communication Sciencescom à Nantes (Loire-Atlantique).
Philippe de Villiers est un homme politique qui a la bougeotte
Philippe de Villiers rejoint le Parti républicain en 1985 mais ne rentre réellement en politique qu'après la victoire de la droite aux élections législatives de mars 1986 et la nomination de Jacques Chirac en tant que Premier ministre de François Mitterrand. De par son expérience au Puy-du-fou, "le chouan de la culture", comme il est surnommé, obtient un premier poste au gouvernement en tant que secrétaire d'Etat du ministre de la Culture et de la Communication de l'époque François Léotard. A cause de nombreux malentendus avec son ministre de tutelle, Philippe de Villiers préfère quitter son poste pour récupérer les sièges de député et de conseiller régional de Vendée laissés vacants par le décès de Vincent Ansquer. Il devient ensuite président du conseil général de Vendée où il imposera le développement des lieux d'enseignement catholiques. Il crée en 1991 le mouvement affilié UDF, Combat pour les valeurs, puis quitte l'UDF en 1994 pour fonder son propre parti de droite souverainiste, le mouvement pour la France (MPF). Il alterne alors aussi bien les postes au Parlement européen et à l'Assemblée nationale que les alliances politiques. Il a ainsi fait liste commune tour à tour avec Olivier d'Ormesson, Charles Pasqua, Christine Boutin ou plus récemment Declan Ganley (Libertas). On lui prête même des liens étroits avec le FN de Jean-Marie Le Pen. Le souverainiste eurosceptique refuse cependant de faire partie du "système"et de la majorité.
Il entre dans la majorité
Il n'aura pourtant suffi que d'un appel de Nicolas Sarkozy pour le faire changer d'avis. Le président du Mouvement pour la France a ainsi déclaré que son parti rejoindra à la rentrée le comité de liaison de la majorité présidentielle l'UMP avec qui il fera bannière commune lors des prochaines élections législatives de mars 2010. "J'ai accepté pour deux raisons. La première, c'est qu'il sera plus facile de faire entendre la voix du MPF à l'intérieur de la majorité qu'à l'extérieur (?) La deuxième raison, c'est que je souhaite apporter ma contribution au combat des régionales contre la gauche", explique Philippe de Villiers au Parisien. Cette décision est loin de plaire à tout le monde et a même entraîné la démission de plusieurs membres du parti. "Comment le président du MPF peut-il désormais soutenir un président de la République dont il a contesté récemment les principales décisions (Traité de Lisbonne, retour dans l'OTAN etc..) ?" s'est insurgé l'ancien allié Nicolas Dupont-Aignan, qui critique "la petite soupe"de Philippe de Villiers. "Le MPF n'entre pas dans ce comité pour aseptiser son discours, mais au contraire pour le faire entendre"s'explique Philippe de Villiers, qui semble prendre à c?ur l'adage : "les ennemis de mon ennemi sont mes amis' .
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mercredi 12 août 2009
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Interview du Parisien, De Villiers : "Pourquoi je rentre dans la majorité"