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PORTRAIT D'EXPAT - Océane met la pâtisserie française à l'honneur

 

Jeune française de 27 ans, Océane est originaire de Pau dans la région Midi-Pyrénées. Aujourd'hui expatriée à Dublin, elle officie à son compte pour sa petite entreprise de pâtisserie française nommée Océane's French Cakes.

C'est en septembre 2016 qu'elle pose ses valises sur l'île d'émeraude pour y commencer une vie d'expat, à mille lieux de ce pour quoi elle se prédestinait.

Après des études de commerces débouchant sur un emploi d'agent immobilier, elle décide de tout quitter pour une reconversion professionnelle pour le moins atypique, celle de pâtissière.

 

C'est ainsi qu'elle débute un CAP de pâtisserie en tant que candidat libre depuis chez elle. Après ça, elle suit une mention complémentaire en pâtisserie, chocolaterie, glacerie et confiserie et s'entraîne à confectionner des desserts à l'assiette afin de travailler en restauration.

elle suit une mention complémentaire en pâtisserie, chocolaterie, glacerie et confiserie et s'entraîne à confectionner des desserts à l'assiette afin de travailler en restauration.

S'en suit une année de BTM, un Brevet Technique des Métiers, avant qu'elle ne commence sa nouvelle carrière professionnelle, loin de sa France natale. Pourtant, son départ pour l'Irlande n'était pas prévu ; et encore moins la création de sa propre entreprise de production et de vente de pâtisseries françaises artisanales.

Pourquoi Dublin ?

C'est une rencontre amoureuse il y a deux ans qui a tout orchestré. "J'ai rencontré quelqu'un en vacances en Irlande. On a entretenu une relation longue distance pendant un an et demi environ, et au final j'ai décidé de venir m'installer ici pour être avec lui." Elle ajoute : "Au départ je cherchais à travailler comme je le faisais en France, dans une pâtisserie. Mais je n'ai pas réussi à trouver quelque chose qui me plaisait". Océane constate ainsi qu'en Irlande, il n'y a pas cette tradition de la boulangerie-pâtisserie artisanale et décide donc de fonder Océane's French Cakes. "Quand j'ai vu qu'il n'y avait aucune option, mon copain m'a conseillé de me lancer à mon compte". Elle travaille aujourd'hui dans le même appartement qu'elle avait loué il y a deux ans.

"C'est pas évident, mais c'est plus facile qu'en France"

En créant sa boite de toute pièce, la première difficulté est de trouver la clientèle et de vivre de son activité. Pour Océane cependant, l'expérience fut plus facile qu'elle ne l'eût été en France, où les règles d'hygiène imposent de travailler au sein d'un commerce dédié à son activité. Or à Dublin, posséder son local implique une manne financière conséquente. C'est pourquoi la possibilité de travailler à domicile était la bienvenue. "Ça a été assez facile tout de même, nous avons eu une inspection de l'hygiène. Cette dernière a donné son accord. Comme mon entreprise est encore au stade de petite entreprise, il n'y a pas eu cette paperasse administrative que l'on peut connaitre en France".

Un commerce en progression mais un avenir encore incertain

Depuis fin octobre, date de sa création, son commerce a progressé et continue de grandir en termes de ventes. "Je me suis donné un an, la fin du délai fixé est au mois de décembre. C'est là qu'on prendra tous les deux une décision pour savoir si on continue ou si on s'arrête." Océane espère poursuivre, et son carnet de commandes se remplissant ces derniers mois conforte son souhait. "J'ai eu un mariage au mois de juin, j'en ai un ce mois-ci et un très gros pour la fin du mois de septembre, un mariage français. Si je pouvais avoir de très grosses commandes dans les mois à venir ainsi que des petites commandes à côté, je devrais pouvoir m'en sortir" confie Océane. Mais l'organisation du calendrier est aléatoire, "Je peux avoir de très grosses semaines et des semaines ou il n'y a presque rien. Je peux avoir sept à huit gâteaux à réaliser en un seul week-end comme je peux en avoir que quatre. Ce n'est pas prévisible."

"J'ai eu un mariage au mois de juin, j'en ai un ce mois-ci et un très gros pour la fin du mois de septembre, un mariage français"

Les Français ne sont pas les seuls friands de pâtisseries

Si les Français expatriés se laissent aisément tentés par les pâtisseries bien de chez nous, ils ne représentent pas la majorité de la clientèle d'Océane. Beaucoup de ses réalisations sont destinées à des fêtes d'anniversaire ou encore des mariages irlandais. "Je pense que c'est assez varié", affirme t-elle. "L'avantage de Dublin est qu'on a vraiment de toutes les nationalités. L'autre point positif est que je suis située à deux pas de chez Google, ce dernier me fait beaucoup de commandes." "Je pense que les Français représentent à peu près la moitié de mes commandes."

Les gourmands peuvent choisir entre sept réalisations de gâteaux, dont les recettes ont été préalablement testées et améliorées. Océane propose également des macarons. Les demandes personnalisées proviennent surtout des Français qui rêvent d'un Paris-Brest ou d'un millefeuille.

Les gourmands peuvent choisir entre sept réalisations de gâteaux, dont les recettes ont été préalablement testées et améliorées

Être à son compte implique toute une organisation

Des plus petites commandes aux plus importantes et volumineuses, tout se fait à domicile dans sa petite cuisine personnelle de quelques mètres carrés. "C'est vrai qu'au niveau des commandes je vais être assez limitée, je ne peux pas faire plus d'un certain nombre de commandes dans la journée." Pour le moment, Océane parvient à s'organiser mais cherche tout de même à louer une cuisine professionnelle pour faciliter la réalisation des grosses commandes, même si les tarifs sont très élevés.

Pour la livraison, les gens viennent généralement directement à l'appartement, sinon il lui arrive de livrer à pied mais dans un périmètre restreint puisque Océane n'a pas de voiture.

Concernant les matières premières, elle accorde une importance capitale à la qualité de ses produits. C'est la raison pour laquelle elle prend soin d'importer une grande partie de ses ingrédients de France. Son statut d'indépendant l'empêche en effet de se procurer ses ingrédients chez des grossistes. "Je fais mes courses chez Tesco" ironise Océane.

Un vrai contact avec les clients

Pour elle, travailler de manière indépendante à domicile est un avantage, avec notamment des questions administratives moins contraignantes qu'en France. Pour les tarifs, elle s'aligne sur ceux proposés par l'ancienne boutique dans laquelle elle travaillait auparavant. "Je ne peux pas non plus me permettre d'être plus chère que les autres, je pense être dans les prix. Par exemple, la boutique à côté propose les mêmes prix, à la seule différence que moi, je me procure mes ingrédients au supermarché". Océane ne regrette pas car son statut lui permet d'être au contact de ses clients, chose qui n'était pas possible en France où elle travaillait en arrière cuisine. "C'est un vrai plaisir de leur répondre directement, d'avoir leur ressenti, leur impression, leur retour."

"Il faut que ça marche, je n'ai pas d'autre option"

Océane n'imagine pas poursuivre autrement que dans cette voie. "Je n'ai pas envie de me retrouver à faire quelque chose qui ne me plait pas. Si ça ne fonctionne pas, à vrai dire je ne sais pas trop ce que je vais faire, peut-être retourner en France. Il faut que ça marche, je n'ai pas d'autre option". En revanche, "si ça fonctionne, j'aimerais passer en cuisine professionnelle pour pouvoir produire plus". Afin de concrétiser son projet professionnel, elle et son compagnon réfléchissent à ouvrir une boutique dans Dublin, mais seuls les prix exorbitants des loyers les freinent aujourd'hui. "Il ne faut pas se planter", conclut Océane.

Retrouvez Océane sur son site : Océane's French Cakes

 

Retrouvez Océane sur son site : Océane's French Cakes

Crédit photo : ©Océane's French Cakes

Elisa Mau (www.lepetitjournal.com/dublin) Jeudi 16 août 2017

 

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