

Ancien délinquant dans la cité Neuhoff de Strasbourg, le slameur Abd Al Malik a radicalement évolué après s'être converti au soufisme. Portrait
Abd Al Malik a déjà vendu 200.000 exemplaires de son deuxième album Gibraltar (Photo Marie Varnieu)
Oui, il a changé. Celui qui se fait désormais appeler Abd Al Malik n'est plus le Régis Fayette-Mikano né le 14 mars 1975 à Paris. Le déclic, il l'a eu à 16 ans, en se convertissant au soufisme, courant mystique de l'islam qui met l'accent sur l'expérience intérieure. Finies les bêtises de délinquant, l'extrémisme religieux dans la banlieue de Strasbourg.
Abd Al Malik s'ouvre aux autres, se spiritualise, milite pour la paix et le vivre ensemble. "Dans mes chansons, je m'exprime totalement avec mon c?ur, précise le chanteur d'origine congolaise. Mon album Gibraltar, sorti en 2006, c'est moi tout entier à un moment précis. Je suis le fils de l'instant donc les prochains seront complètement différents de celui-là."
Pas trop non plus, au risque de s'éloigner du succès remporté par son deuxième opus solo. 200 000 exemplaires, un prix Constantin, une victoire de la musique dans la catégorie album musique urbaine, un succès après la déception du premier album, Le face à face des c?urs (2004). "Le succès de Gibraltar ne s'explique pas, soutient Abd Al Malik. Je pense que ça correspond à l'air du temps. C'est accidentel. J'arrive à un moment où on a besoin d'une certaine parole. J'étais pareil la première fois, sauf que j'ai vendu seulement 5.000 exemplaires !"
"J'ai dû traverser mon enfer pour atteindre mon paradis"
Lui qui s'inspire de styles aussi variés que Jacques Brel, Juliette Gréco ou Amy Whinehouse, prépare la sortie du nouvel album du collectif NAP, les New African Poets, le groupe de rap dont il a le leadership. "C'est fini le gangsta rap, analyse-t-il. Le rap est obligé de changer sinon on tourne en rond. La thématique, le rythme finissent par nous ennuyer. Cette musique ne mourra jamais car elle a cette capacité de vivre avec les autres styles."
Adepte de la philosophie, Abd Al Malik parsème ses chansons de références à des ?uvres littéraires ou des artistes qu'il apprécie. Son cheminement artistique suit celui de sa vie : l'écoute, l'accueil, l'ouverture. "On est soi que dans le partage, que dans l'échange avec l'autre, assure-t-il. Tout est lié. Il n'y a pas de différence entre le moi artiste et le moi tel que je suis." Pas étonnant alors que le titre qui le définit le plus soit "La Quête"de Jacques Brel. "Comme Dante, j'ai dû traverser mon enfer pour atteindre mon paradis."Son paradis aujourd'hui, c'est sa femme, son fils Mohammed, son slam, le soufisme, la paix. Rien de bien compliqué en somme.
Marie VARNIEU. (www.lepetitjournal.com) mercredi 18 juillet 2007
Abd Al Malik met le feu aux Fêtes Escales de Vénissieux
Il avait été choisi pour clore les festivités des Fêtes Escales de Vénissieux (69). Le 14 juillet, Abd Al Malik a enflammé le public vénissian venu l'écouter en masse. De Soldat de plomb à 12-09-2001 en passant par Les Autres, le slameur avait choisi de revisiter ses titres en optant plus des versions plus jazzy. Accompagné entre autres par l'ancien pianiste de Jacques Brel Gérard Jouannest, il s'en est donné à c?ur joie. Mi-parlé mi-chanté, le résultat est beaucoup plus rythmé que l'album, plus entraînant. Une vraie réussite mais beaucoup trop courte. A peu près 1h15 de concert, y compris le rappel, c'est un peu court pour apprécier toute l'intensité de l'?uvre d'Abd Al Malik. (LPJ - 18 juillet 2006)


































