Alors que les Pays-Bas s’étaient positionnés comme acteur neutre face aux rivalités idéologiques et militaires de la seconde guerre mondiale, en l’espace de quatre jours, du 10 au 14 mai 1940, La violence des bombardements allemands ont fait sombrer la seconde plus grande ville des Pays-Bas dans l’épisode le plus noir de son histoire, et influe encore de nos jours la culture de cette ville si différente de ses sœures
Alors que les Pays-Bas s’étaient positionnés comme acteur neutre face aux rivalités idéologiques et militaires de la seconde guerre mondiale, en l’espace de quatre jours, du 10 au 14 mai 1940, La violence des bombardements allemands ont fait sombrer la seconde plus grande ville des Pays-Bas dans l’épisode le plus noir de son histoire, et influe encore de nos jours la culture de cette ville si différente de ses sœures
Lorsque quiconque découvre Rotterdam pour la première fois, une remarque surgit presque immédiatement : Qu’est-ce que c’est surprenant de voir une ville si urbaine et à la fameuse “ skyline” digne de celles de Manhattan ou de Shanghai, comparé à l’architecture pittoresques du reste du pays. Et si à cela s'ajoutent ces étranges spots de lumières rouges dispersés de manière curieuse sur les trottoirs de certains quartiers, il est légitime de se questionner sur les raisons de la spécificité de Rotterdam. Il suffit alors de ressortir les manuels d’histoires pour en apprendre davantage sur le douloureux passé de la ville en lien avec la seconde guerre mondiale et les conquêtes allemandes, amenant les Rotterdamois à abandonner l’ancienne vie et ville à héritages médiévaux pour démarrer une nouvelle histoire.
« Cas Jaune »
Durant les plusieurs décennies de conflits politiques européens de la première moitié du 20e siècle, les Pays-Bas sont demeurés quasi neutres. En effet, le gouvernement à préféré fuir les instabilités que génèraient les prétentions politiques de certains pays européens en faveur de l’exercice de ses prospères activités de commerce. Le pays faisait cependant preuve de solidarité de manière ponctuelle envers ses voisins. Dans ce cadre, les Néerlandais accueillirent à la fois les réfugiés belges lors de la première guerre mondiale ainsi que permit l’exil de l’Empereur allemand Guillaume II lors de sa défaite en 1918.
En revanche, lors de la montée en puissance des régimes totalitaires en Europe dans les années 1930, le déclenchement des invasions par l’Allemagne nazie des territoires occidentaux entraine l’apparition de l’ambition « Cas Jaune » : conquérir l’actuel Benelux ainsi que la France.
Bataille et bombardement
Le 10 mais 1940, lors de l’exécution de cette entreprise, les armées allemandes eurent en ligne de mire le pont Willemsbrug de Rotterdam, la porte d’accès fluviale vers toute la partie nord du pays. Se heurtant à des hommes de combat néerlandais plus coriaces que prévu, au matin du 14 mai, le commandant des troupes allemandes Schmit imposa un ultimatum dans une lettre envoyée au maire de Rotterdam : « L'opposition persistante à l'offensive des troupes allemandes dans la ville de Rotterdam m'oblige à prendre des mesures appropriées si cette résistance ne cesse pas immédiatement ». C’est la « destruction complète de la ville » qui attendait les Rotterdamois si la ville ne se rendait pas.
Par suite du refus de la part du maire, c’est deux heures plus tard que la Luftwaffe enclencha le Rotterdam Blitz : le bombardement total de la ville. Au total, 970 tonnes d’explosifs furent lâchées sur les toits de Rotterdam, principalement sur l’actuel centre et le quartier Kralingen. L’association de ces explosions et d’un vent fort ce jour-là transforma la ville en une rageante tempête de feu, décimant ce qui avait résisté aux bombes. Ce sont plus de 850 morts, 80000 personnes sans-abris et une ville rasée que laisse le « Het Bombardement » ou le bombardement en néerlandais.
Menaçant de faire subir le même sort à Utrecht et Amsterdam, les Pays-Bas capitulent le 15 mai 1940 et cèdent leur gérance aux autorités allemandes. Alors commencent plusieurs années d’occupation jusqu’à la chute de l’Allemagne nazie en mai 1945.
Reconstruction et héritage
En conséquence de la destruction de la ville, un chantier titanesque a vu le jour entre 1945 et 1968 : Le Wederopbouw, ou La Reconstruction en néerlandais. L’ambition des urbanistes furent de faire de Rotterdam la ville la plus moderne et au design urbain le plus poussé. Rein Blijstra, un des concepteurs dira : « Rotterdam sera spacieux, elle aura l'élégance d'une métropole : la circulation rapide, les larges boulevards, tous les grands immeubles généreront un sentiment d'agitation qui s'intégrera harmonieusement à la vie moderne. » C’est empreint des avancées technologiques et du progrès du 20e siècle que Rotterdam balayera les aménagements et architectures hollandaise pour laisser place à une ville sophistiquée, aux systèmes de transport, de logement, de consommation et de centre d’affaire bien huilés, aux gratte-ciels et monuments architecturaux impressionnants à la pointe des années 1950-60.
Au milieu de cette nouvelle ville, pour garder en mémoire les événements tragiques du 14 mai 1940, un employé de mairie chargé du patrimoine de la ville explique : « Puisqu’il n’y a physiquement plus de trace de la tragédie, c’est notre rôle de recréer des marques de l’évènement. Pour ne pas oublier ». C’est ainsi que sont installés depuis 2010 des Brandgrenslampjes ou « lumières de limite de feu » en néerlandais, le long de la Fireline. Pour symboliser la délimitation de la zone bombardée, 385 spots de lumière rouge sont ancrés dans le sol des rues. Ces spots projettent une illustration noire, d’un homme pris aux flammes de sa maison des suites du bombardement. basée sur la statue "De verwoeste stad" (1953) du sculpteur français Ossip Zadkine. Cette œuvre est elle-même inspirée de l'œuvre Guernica de Picasso.
De manière élargie à l’échelle de l’Europe touchée par les déportations des populations juives, des Stolpersteine ou « pierre sur laquelle on trébuche » en allemand, ces pavés dorés installés devant les maisons d’anciennes personnes juives déportées, ornent les rues des pays européens. Rotterdam ne déroge pas à cet hommage et compte près de 400 Stolpersteines en commémoration de sa population juive malmenée pendant son occupation.
La population juive de Rotterdam passe de 10.515 en 1930 à 780 en 1950. Un monument à la mémoire des Juifs de Rotterdam assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale a été inauguré en 1981 dans le jardin de l'hôtel de ville de Rotterdam. Puis, en avril 2013, un monument dédié aux 686 enfants juifs déportés a été inauguré dans la Stieltjesstraat, à côté du site de Loods 24.
Commémoration
En mémoire de cet épisode sombre de la ville, il vous est possible de participer chaque 14 mai aux manifestations de commémoration mis en place dans la ville ou de prendre part à des tours touristiques tout au long de l’année avec un guide qui vous emmènera retracer les lieux symboliques, la Fireline et les témoignages artistiques semés dans la ville.