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« Niksen », ou quand les Néerlandais prônent l’art de ne rien faire

Et si regarder dans le vide ou s'asseoir sur un banc sans but n’étaient plus des pertes de temps dans la journée mais plutôt des activités de bien-être à part entière ? Récemment démocratisé par la journaliste polonaise et exerçant aux Pays-Bas, Olga Mecking, c’est sous le nom de Niksen qu’a été popularisée cette idée de ne rien faire comme moyen de soulager la suractivité et la frénésie de la productivité au quotidien. Avec le Niksen, le meilleur moyen de faire le vide, c’est de ne rien faire.

image d'une route sur laquelle est écrit "Slow" à la peinture blancheimage d'une route sur laquelle est écrit "Slow" à la peinture blanche
Perspective d'une route avec la mention "Slow" (photo: wikimedia)
Écrit par Melchior Leveillé
Publié le 26 février 2024, mis à jour le 28 février 2024

 

Dans un monde ultra stimulant et où chaque minute de notre temps vaut de l'or, pas facile de ralentir la cadence le temps d'un café ou d'une soirée sans ressentir cette petite dose de culpabilité monter en soi. Avoir sauté la séance de sport, ne pas avoir fini sa to-do list de la journée au bureau ou procrastiner la lessive à faire depuis des jours : des exemples du quotidien qui peuvent sembler synonyme de paresse ? Pas pour les Néerlandais, à condition que ce soit au profit de quelques minutes d'égarement, d'oisiveté. Du néerlandais "niks" la traduction de "rien" et d'où le verbe "niksen" signifie "ne rien faire", il est répandu dans le pays de s'octroyer ponctuellement un moment où le cerveau se met sur pause. Oublier son emploi du temps pendant cinq minutes et laisser son esprit vagabonder, telle serait la clé des Néerlandais pour activer la soupape anti-submersion face à la surcharge mentale du quotidien.

 

 

Niksen, popularisé par un livre 

C'est en 2021 que le Niksen se voit propulser sur le devant la scène dans le domaine du bien-être. Depuis la sortie de l'ouvrage "Maîtrisez l'art de ne rien faire venu des Pays-Bas" de la journaliste et auteure Olga Mecking, le nombre d'articles sur le sujet explose sur internet et sa pratique se popularise partout dans le monde. Dans son ouvrage, l'auteure dévoile les techniques de mise en application et vente le regain de productivité, de créativité et de sérénité au quotidien.

 

 

 

 Les collègues internationaux du niksen

À travers les cultures, nombreuses furent les techniques développées pour tendre vers la quiétude et l’agrément. Les italiens jouissent du dolce farniente, cet état de paresse, si possible au soleil, afin de prendre du temps pour soi. Les danois, eux, cherchent en le hygge le réconfort et la convivialité dans les petites choses et petits gestes du quotidien. Plus facile à mettre en place et moins chronophage, le niksen n’a rien a envié à ses grands frères et sœurs dans la famille des disciplines liées à  la santé mentale.

 

Comment bien "nikser" ?

Le niksen, il ne se s’agit pas de fermer les yeux sur le nombre infini de tirets sur sa to-do list au profit d'une heure de paresse à se perdre sur les réseaux sociaux ou devant la télévision. Nikser, c'est littéralement ne rien faire. Au bureau ou à la maison, en plein rush ou lorsque cinq minutes se dégagent devant soi, faire une bulle autour de soi pour empêcher toute dispersion, éteindre son cerveau et se laisser emporter par l'oisiveté, ça c'est du vrai niksen. Rien de compliqué en apparence, mais difficile de résister aux tumultes des distractions et micro-stimulations du quotidien, tant par les écrans, nos pensées ou les personnes qui nous entourent.

 

 

Pourquoi faire ?

À première vue, il y a toujours un message en attente à traiter ou un coup d'aspirateur à passer. On pourrait croire qu'il y a mieux à faire que de perdre son temps volontairement. Mais errer dans son environnement serait rempli de bénéfices pour notre bien-être.

Dans un contexte où neuf Français sur dix se disent fréquemment stressés, le niksen aurait la vertu de permettre de prendre du recul sur la situation dans laquelle on se trouve, réduisant ainsi une trop forte intensité des émotions, dont le stress, pour laisser place à davantage d'objectivité sur la perception de la situation.

Ce recul permis par le niksen serait également une chance pour accroître sa créativité. Si notre conscience se met sur pause, notre inconscient lui ne s'arrêterait pas, lui donnant l'opportunité de prendre le dessus quelques instants et d'apporter sur la table de nouvelles idées et manière de concevoir les choses. Utile pour développer sa capacité de résolution de problèmes.

Enfin, mettre de temps en temps son cerveau en veille puis le redémarrer est un excellent moyen pour clarifier son esprit et reprendre avec un cerveau plus frais. C'en est ainsi la définition d'objectif, la capacité de réflexion/raisonnement et la performance qui se voient augmentées.

 

Jeune homme regarde dans le vide par dessus une rambarde
Jeune homme regarde dans le vide par dessus une rambarde (photo: freep!k)

 

Toutefois, le niksen doit rester activité rare. Il est important de préciser que cette activité nécessite d’être pratiquée de manière ponctuelle et comme un outil de soutien à des remèdes plus solides contre des maux plus profonds. Il est également pertinent de rappeler que de nombreuses études dont celle de l’université de Chicago démontrent une forte corrélation entre la productivité et le bonheur, démontrant ainsi que l'effort et la trime ne sont pas à diaboliser lorsqu'il advient de réfléchir aux méthodes d'accession au bien-être.

 

 

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