

Les 17 et 18 Avril prochains auront lieu à Casablanca la 2ème édition des Journées du patrimoine. A cette occasion, lepetitjournal.com vous propose un dossier spécial, en plusieurs parties, apportant un éclairage sur l'histoire et le développement de la ville blanche, son urbanisme et son architecture?
Deuxième partie : Casablanca - Histoire d'urbanisme et urbanisme historique
A l'aube du 20e siècle, Casablanca se confondait avec ce qu'on appelle aujourd'hui l'ancienne médina. C'était une ville d'une cinquantaine d'hectares en bordure d'une rade rocheuse peu hospitalière, entourée d'une ceinture de remparts et habitée par quelque 20.000 âmes. Aujourd'hui elle en compte plus de 5 millions. Comment a-t-elle pu se développer et accueillir des milliers de personnes aussi rapidement? Ou comment la ville a-t-elle été pensée et par qui ? Réponse à travers le parcours de deux personnages emblématiques.
2ème Partie ? Casablanca : histoire d'urbanisme et urbanisme historique
Henri Prost, urbaniste et visionnaire
A partir de 1912, avec la signature du traité du protectorat, les premières constructions importantes apparaissent en dehors de l'enceinte de l'ancienne médina. La spéculation sur les terrains est féroce et l'urgence d'une réglementation s'impose. Après les premiers plans d'aménagement de géomètres, dont Tardif qui dessine l'emprise de la nouvelle ville circonscrite par le boulevard circulaire (boulevard de la Résistance et boulevard Zerktouni), le premier Résident général au Maroc, le Maréchal Lyautey, fait nommer l'urbaniste Henri Prost, "Directeur du service spécial d'architecture et des plans des villes", en février 1914.
Henri Prost, qui reste 8 ans au Maroc, présente son premier plan d'aménagement pour Casablanca en 1915. Il va inscrire définitivement Casablanca dans l'histoire des villes modernes, en mettant en ?uvre pour celle-ci, voulue "capitale économique" dotée d'un grand port par le Général Lyautey, une réglementation originale et innovante en matière d'urbanisme (nouvelle science).
(Bab El Kbir - 1925)
Henri Prost s'inspire des expériences allemandes et américaines : zonage, occupations des sols, gabarits, alignements, remembrements. La mise en pratique de ces nouvelles règles ne pourra se faire, en France, qu'après la première guerre mondiale, faisant de Casablanca une référence.
Michel Ecochard, artiste et humaniste
Casablanca, médiatisée en même temps qu'elle se construit, devient alors le rendez-vous de la modernité pour ses habitants, immigrés de l'intérieur du pays ou de l'étranger, comme pour ceux qui la visitent.
La réglementation des plans de Henri Prost reste en vigueur jusqu'à la fin des années 40. Bien qu'en 1943, Alexandre Courtois soit chargé de leur remaniement, ce n'est qu'avec l'arrivée de Michel Ecochard en 1947 qu'un nouveau plan d'aménagement sera mis en place.

De 1946 à 1952, il mènera la bataille du logement social face aux intérêts du grand capital. Ses plans de zoning sont approuvés en 1952. Il est démis de ses fonctions en décembre 1952 par le Général Guillaume. Il exercera une grande influence sur la nouvelle génération d'architectes qui entrent en scène à l'indépendance et décrira son expérience dans un livre "Casablanca, le roman d'une ville". Les règlements de 1952 seront appliqués jusqu'en 1984, où est publié le nouveau schéma directeur élaboré par le cabinet de Michel Pinseau, également dessinateur de la Mosquée Hassan II.
(Immeuble La Résidence du Parc - Alexandre Courtois - 1956)
Casablanca, "ville éponge"...
Le travail des ces hommes, français, marocains et tous ceux qui ont contribué à la construction de la ville durant cette période, a surtout consisté à absorber les populations venues de tous les horizons. Rien qu'entre 1900 et 1913, la population de Casablanca passera de 20.000 à 78.000 habitants, dont 40% d'Européens. Cette folle expansion se poursuivra pendant près d'un siècle puisque la population a été multipliée par 30 jusqu'en 1950, et par 7 durant cette seconde moitié du siècle.
Casablanca est donc passée de 100.000 habitants en 1920 à 5 millions dans les années 2000? La ville blanche aurait pu aussi bien être surnommée la "ville éponge" - moins romantique mais plus proche de la réalité car on se demande parfois où est passée la virginale blancheur - tant elle a attiré et attire toujours des milliers d'âmes. Et surtout, comment ne pas prendre en compte cette donnée dans le développement (à retardement) actuel de la ville, à mi-chemin entre "sous-développement" (bidonvilles, manque d'espaces verts, ramassage des déchets?) et "surdéveloppement" matérialisé par les grues qui poussent comme du chiendent.
Casa n'est sans doute pas la ville la plus agréable du Royaume, mais elle est sans conteste un trésor d'urbanisme et d'architecture.
A venir, tout le programme détaillé des Journées du Patrimoine de Casablanca qui se dérouleront les samedi 17 et dimanche 18 avril ainsi que la 3ème et dernière partie de notre dossier spécial consacré à Casa : les styles architecturaux.
Casa-Mémoire / Marlène HYVERT. (www.lepetitjournal.com/Casablanca), vendredi 9 avril 2010
Sources et crédits photos: « Association Casa-Mémoire, association de sauvegarde du patrimoine architectural du 20è siècle au Maroc"
Lire aussi >>
- 1ère partie ? « Casablanca : une histoire d'Hommes », article LPJ du 07.04.10
- « Casablanca ? A la (re)découverte de la « vieille medina », article LPJ du 11.02.10
- Bibliographie proposée par l'Association Casa-Mémoire






























