En ce 8 mars: Journée des droits des femmes, l’Edition de Nouvelle-Calédonie met à l’honneur : Louise Michel, symbole du féminisme et personnification de la révolution et de la pensée libre. Elle fut déportée au bagne de Nouvelle-Calédonie en 1871 pour avoir participé activement aux événements de la Commune.
Son parcours : de la bonne société de la Haute-Marne à aux barricades de Paris
Louise Michel est née en le 29 mai 1830 en Haute-Marne. Elle est fille de domestique qui ne connaitra jamais son père mais élevée au sein du château de Vroncourt comme si elle faisait partie des nobles. Elle y reçoit une bonne éducation et fait déjà preuve d’un caractère très affirmé. En 1851 elle obtient son diplôme d’institutrice. Mais à l’époque, on doit prêter serment à Napoléon III pour pouvoir enseigner, ce à quoi Louise Michel se refuse. Elle décide de monter sa propre école à Audeloncourt alors qu’elle n’est âgée que de 22 ans.
Les années qui suivent ne seront qu’enseignements et apprentissages. C’est une professeure passionnée toujours en quête de savoirs nouveaux. Elle commence à écrire de la poésie et ses intérêts pour la politique se dessinent. Elle entretient une correspondance avec Victor Hugo, un des écrivains les plus respecté de son époque ; qui d’ailleurs la soutiendra dans les moments les plus sombres de sa déportation.
Son appétit politique et révolutionnaire se dessine petit à petit. Elle se définit comme Blanquiste (appartenant au mouvement révolutionnaire et républicain socialiste d’Auguste Blanqui). Elle collabore à des journaux d’opposition tel que : Le cri du peuple; elle est secrétaire d’une association d’aide aux ouvrières et lors du siège de Paris elle crée une cantine pour ses étudiantes.
Lors des évènements de la Commune en 1871, Louise Michel prend une part active aux manifestations, se mêlant aux soldats et aux révolutionnaires. Elle fait alors partie de l’aile révolutionnaire la plus radicale aux côtés des anarchistes. Quand elle n’est pas dans les rangs pour porter l’offensive, elle se porte volontaire comme ambulancière. D’avril à Mai les évènements sanglants s’enchainent dans Paris. Sa mère est faite prisonnière, pour la libérer : Louise se rend à la police. Elle est d’abord détenue dans un cap près de Paris avant son jugement, lors duquel elle plaide coupable de tous les délits dont on l’accuse, la tête haute elle déclare au tribunal : « Si vous n’êtes pas tous des lâches : tuez-moi ! ». Les jurés n’en feront rien mais la condamne à la déportation.
La déportation en Nouvelle-Calédonie
Il se passera 2 ans entre la date de son jugement et la date de son départ pour le bagne en Août 1873. Elle est entre-temps incarcérée dans la morbide abbaye d’Auberive. Et il faudra encore 4 mois de plus de voyage, sur le bateau le ‘Virginie', pour que Louise Michel pose le premier pied sur le sol de Nouvelle-Calédonie.
Ironie du sort, c’est à bord du bateau qu’elle se lie d’amitié avec Henri Rochefort, polémiste, ou encore avec Nathalie Lemel membre de la Commune et anarchiste elle aussi, qu’elle retrouvera des années plus tard à Paris.
Pendant son exil Louise Michel se passionne pour son pays d’accueil, elle apprend le kanak et traduit dans une langue poétique plusieurs des mythes fondateurs de l’île. Elle cherche à connaître ce peuple et soutient la population dans sa lutte pour l’indépendance. Elle a notamment participé à l'insurrection du grand chef Ataï en 1878 lorsqu'il mène l'insurrection kanak contre les colonisateurs français.
C’est à cette période que Louise Michel devient anarchiste, qui vient du grec « an » : sans et « arkhê » : pouvoir.
En 1879 elle a l’autorisation de s’installer à Nouméa où elle reprend ses activités d’enseignante notamment auprès des enfants de déportés (majoritairement Algériens), les petites filles et aussi les kanak adultes.
Ses engagements : Révolution – Anarchisme – Féminisme
De retour à Paris en 1880 après une remise de peine, elle reprend ses engagements militants et se déclare anarchiste et en faveur du drapeau noir pour représenter le mouvement et pour se dissocier des socialistes.
Les années suivantes sont pour Louise Michel une suite de luttes révolutionnaires et de coups d’éclats publics. Elle sera régulièrement condamnée pour ses actions, mais elle ne fléchira jamais. Pendant les dernières années de sa vie elle est déjà une figure révolutionnaire et anarchiste reconnue, et fait entendre sa voix lors de conférences entre militants puis dans toute la France et jusqu’en Algérie. Elle prône un socialisme libertaire, ajouré d’une liberté d’action et de pensée.
Le féminisme est également une de ses luttes principales. Avec George Sand elle est une figure de proue du mouvement féministe. Il faut rappeler que nous parlons ici des années 1860-1880, donc ces femmes étaient des précurseures en la matière.
La question des femmes est, surtout à l’heure actuelle, inséparable de la question de l’humanité.
Oui nous sommes bien au 19e siècle quand elle prononce ces mots. Elle milite pour le droit des femmes et participe au Groupe du Droit des Femmes avec André Léo et Maria Deraismes. Elle est depuis toujours engagée avec les groupes de femmes ouvrières et elle mènera toute sa vie un lourd combat contre la prostitution.
Louise Michel était une femme engagée : Humaniste et Féministe éprise de liberté et sûre de ses convictions. Même exilée de force au bagne de Nouvelle-Calédonie elle trouve le moyen de transformer sa geôle en terrain fertile d’apprentissage et de partage avec les kanak. Elle est convaincue que l’émancipation d’un peuple passe par l’accès à l’instruction et à l’éducation. Femme moderne avant l’heure, Louise Michel n’a pas fini de nous inspirer.