Quand la France prend possession de la Nouvelle-Calédonie au milieu du 19e siècle, elle y voit un intérêt commercial et militaire, en même temps qu'un éloignement idéal pour fonder une colonie pénitentiaire.
Parmi les Européens, ce sont pourtant les Britanniques qui découvrirent en premier, en 1774, ce territoire du Pacifique, baptisé New-Caledonia par le navigateur James Cook parce qu'il lui rappelait son Ecosse natale (Caledonia).
Les Kanak, descendants d'un lointain peuple de navigateurs, les Austronésiens, peuplent les lieux depuis 1.100 av. J-C.
Dès 1844, les premiers militaires français débarquèrent sur la Grande Terre et les premiers massacres d'indigènes eurent lieu en 1847.
Des missionnaires protestants britanniques et catholiques français sont déjà sur place, des baleiniers également, et la population autochtone est évaluée entre 50.000 et 90.000 personnes quand les Français, emmenés par le contre-amiral Febvrier-Despointes, prennent possession de la Grande Terre le 24 septembre 1853, puis cinq jours plus tard de l'île des Pins.
Les îles Loyauté ne seront considérées comme des dépendances de la Nouvelle-Calédonie qu'en 1864.
La Nouvelle-Calédonie est d'abord rattachée administrativement à la Polynésie française (Tahiti). En 1853, un décret du gouverneur Guillain impose l'enseignement du français et dix ans plus tard le gouvernement colonial interdit l'enseignement de toute autre langue, davantage pour stopper l'influence de l'anglais que celle des langues mélanésiennes et du bichlamar qui n'étaient pas vraiment en situation de concurrencer le français.
Terre de déportation politique
Pour peupler la Nouvelle-Calédonie, le gouvernement Français fait venir deux types de colons, les "libres", volontaires, et les "pénaux", contraints à venir purger sur place leur peine d'emprisonnement et souvent à y rester à vie.
Les conséquences de la colonisation sur la population kanak sont terribles : l'Etat s'attribue la propriété des meilleures terres et repousse "les indigènes" dans des "réserves" d'ampleur très limitée. En 1878, une révolte kanak est sévèrement réprimée et 600 insurgés sont tués, 1.500 contraints à l'exil. En 1887, un "régime de l'indigénat" contrôle au plus près les Kanak, qui ne peuvent pas circuler librement.
"L'espace foncier mélanésien de la Grande Terre est réduit à 13% de sa superficie initiale sous les coups de boutoir des opérations dites du +grand cantonnement+, conduites entre 1897 et 1903 sous l'autorité du gouverneur Feillet", écrit l'historienne calédonienne Christiane Terrier.
Jugées impropres à une agriculture de type européen, les îles Loyauté seront épargnées et déclarées "réserves intégrales".
Les terres calédoniennes se révèlent hostiles aux colons venus de La Réunion pour cultiver la canne à sucre ou de France pour planter du café. Leur vie est particulièrement difficile, leur production médiocre et difficile à exporter. Après 1900, la France abandonne ces opérations d'immigration.
Entretemps, en 1863, Napoléon III a décidé de créer sur l'archipel une grande colonie pénitentiaire. Des prisonniers politiques y seront déportés, en particulier des communards comme Louise Michel et Henri Rochefort.
Les "transportés" condamnés aux travaux forcés construiront eux les routes ou travailleront dans les mines, le sous-sol calédonien étant riche de nombreux minerais comme le nickel.