Richard Frerejean Taittinger est le fondateur de Richard Taittinger Gallery, une galerie d’art contemporain installée dans le Lower East Side. C’est son amour pour l’art qui l’a conduit à New York d’où il cultive aussi son autre passion, le champagne. Richard Frerejean Taittinger fait partie des hommes du « Mois de l’Homme » du Petit Journal New York.
Art et champagne
Richard Frerejean Taittinger a grandi entre Paris et La Champagne. « J’ai une double passion, le champagne et l’art » nous explique le galeriste. Initialement œnologue de formation, Richard Frerejean Taittinger cultive une véritable passion pour l’art et il décide d’en faire son métier. « Très tôt, j’allais chiner chez Drouot » relate-t-il. À 27 ans, à la surprise de son entourage, il décide de partir s’installer à New York et de se consacrer à l’art contemporain. « Petit à petit, je me suis préparé pour monter ma galerie ». Et si le parisiano-champenois monte sa galerie, il co-fonde aussi sa maison de champagne, Maison Frerejean frères. L’entrepreneur le dit lui-même « l’un n’empêche pas l’autre. Il y a beaucoup de similitudes entre l’art et le champagne. On éduque son œil comme on éduque son palais. Il y a beaucoup de parallèles entre les deux mondes ».
« En 2007, je suis venu à New York parce que j’étais conscient que le marché de l’art se passait à New York ». Tout reprendre à zéro. Un Master « History of Art and the Art Market : Modern et Contemporary Art » obtenu chez Christies en poche, il est tour à tour assistant chez Phillips de Pury & Company, directeur de galerie chez Cueto Project et US representative pour Antarctic Biennale, mais aussi à la tête de son propre cabinet de conseil en Art contemporain. Richard Taittinger Gallery est ouverte au public le 1er mars 2015. Et ce fût une aventure.
« Je suis un agitateur »
Le galeriste le dit « je suis un agitateur ». Hors de question pour lui de s’installer à Chelsea parmi les 700 autres galeries que compte le quartier, tout comme il est hors de question que la Richard Taittinger Gallery ressemble aux autres galeries. « Les galeries d’art sont froides, élitistes, il faut montrer patte blanche pour pouvoir y entrer. J’ai voulu renverser les codes et rendre l’art accessible ».
Richard Frerejean Taittinger se tourne alors vers le quartier du Lower East Side, où il existe une véritable communauté artistique et où il trouve un espace différent. C’est dans l’ancien « Living-room », où Norah Jones a été révélée, que la galerie s’installe. À Richard Taittinger de développer l’ADN de sa galerie : un lieu de diversité où l’on montre les talents internationaux qui ne bénéficient pas de la couverture qu’ils méritent au pays de l’oncle Sam. Richard Frerejean Taittinger révolutionne l’approche du monde de l’art, alors élitiste, froide et très fermée. « L’art parle à tout le monde, nous avons souhaité créer de l’émotion, une expérience et nous ouvrir à tout le monde » explique celui qui aime tracer sa route et s’érige contre les « tu dois faire comme ça ».
Dans sa galerie, Richard Frerejean Taittinger casse les codes et fait entrer des artistes prometteurs comme Maria Qamar, dont il a décidé de faire le vernissage de l’exposition la seule semaine durant laquelle la ville qui ne dort jamais n’accueille absolument aucun « opening ». « Ce fut un succès, nous avons eu plus de 1500 personnes ».
Si Richard Frerejean Taittinger casse les codes du monde de l’art, il donne aussi une valeur éthique à sa galerie. « Le monde de l’art doit changer, il doit apporter plus de diversité, de transparence et il doit soutenir des causes ». Et c’est ce qu’il fait. Afficher les prix des oeuvres, proposer des reproductions en série très limitées et signées par les artistes, accueillir des artistes du monde entier, mais aussi soutenir la cause féministe ou la cause environnementale font partie de l’ADN de Richard Taittinger Gallery. « On se sert de l’art pour défendre des causes » explique celui qui accueille jusqu’au 20 décembre l’exposition « The Female Lens ». Neuf femmes photographes font partie de cette exposition laquelle montre la femme vue par des femmes.
Au dernier Armory Show, Richard Taittinger Gallery fait installer au centre du show, un oeuvre de l’artiste Pascale Marthine Tayou, haute de 5 mètres et faite de 25,000 sachets plastiques afin de dénoncer l’usage outrancier des sacs plastiques aux États-Unis. « L’ambition de la galerie n’est pas de devenir le plus grand marchand mais plutôt de défendre des valeurs ». Et elle fait bien !
Pour Richard Frerejean Taittinger « l’art est un dialogue, on fait des performances, des concerts, des talks, on amène tout simplement la vie dans la galerie. On a gardé l’ADN festif du lieu parce que l’art est une fête ». Et New York en est la plus grande scène...
Merci, cher Richard, de faire partie des hommes francophones de New York mis en avant dans le cadre du « Mois de l’Homme » du Petit Journal.
Article rédigé par Rachel Brunet - Rédactrice en chef du Petit Journal New York