En 2019, Le Petit Journal New York a décidé de rendre hommage aux femmes francophones de New York en lançant le « Mois de la Femme ». Parce qu’un an plus tard, les femmes sont toujours sous-représentées dans les médias, nous poursuivons notre projet tant éditorial que sociétal en publiant, chaque jour de mars 2020, le portrait d’une femme francophone de la ville. Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec l’artiste Gaëlle Hintzy-Marcel. Sculpteure, elle a vécu aux quatre coins du monde. Et c’est cette expatriation qui a façonnée sa démarche artistique.
Une vie de par le monde
Parisienne de naissance, citoyenne du monde de part son expatriation, new-yorkaise de coeur, Gaëlle Hintzy-Marcel est une artiste accomplie. Il y a 25 ans, elle suit son mari à New York, c’est leur première expatriation. Jeune couple, leurs 3 enfants arriveront bien plus tard. Son mari est alors en « coopération » et New York est une révélation. Ils se font une promesse : revenir y vivre, plus tard. Promesse tenue, mais après des années passées en Inde, en Indonésie et en Russie. Pendant ces années, dans différents pays, dans différentes cultures, Gaëlle Hintzy-Marcel a affirmé son art, a affiné sa démarche. L’art, une passion qui la tient depuis sa plus tendre enfance.
« Enfant, j’aimais voir l’art » explique-t-elle. C’est à Paris qu’elle commence la sculpture, en intégrant l’atelier « Terre & Feu ». Mais c’est sa vie d’expatriée qui la fait progresser, découvrir, s’enrichir, créer toujours et encore...
En Indonésie, elle découvre le bronze, matériaux qu’elle affectionne particulièrement. « Je travaillais avec Ajis Saleh, un prof génial, j’ai énormément appris ». En Russie, les choses se corsent « je suis arrivée en plein hiver, je ne comprenais rien, j’étais complètement perdue, mon installation là-bas a été une véritable souffrance ». C’est d’ailleurs au pays des tsars qu’elle sculpte la souffrance. « En fait, c’était ma propre souffrance ». Et de rajouter « la sculpture est mon art, c’est aussi ma façon de m’exprimer ».
Mais la Russie n’a pas été que souffrance, elle a aussi été une vraie révélation. « J’y ai été très heureuse et surtout c’est là que je suis devenue “sculpteure” j’ai pris confiance en moi ! J’ai souffert 3 mois puis ce fut extraordinaire pendant 4 ans. J’ai travaillé dans la périphérie de Moscou dans l’atelier de Vadim Kirillov qui est un sculpteur génial qui crée pour lui et fait aussi des commandes de grandes sculptures en bronze. C’est la que mes sculptures ont gagné en force et en technique » relate l’artiste.
De sa vie en Inde, elle ramène de la sérénité, de l’apaisement, acquis par la philosophie du yoga qu’elle découvre, qu’elle apprend, qu’elle pratique et qui lui permet de porter un autre regard sur le monde et sur les relations aux autres, bref, un autre regard sur la vie.
Aujourd’hui, c’est cette perception d’équilibre, de confiance, d’humilité que Gaëlle Hintzy-Marcel sculpte. « Je me sers du corps pour expliquer mes émotions. Mes personnages sont souvent des femmes, mais pas seulement, parfois simplifiés, toujours très authentiques, évoquent avec des détails amplifiés, des bras ou des jambes allongées, des pieds ancrés dans le sol, des postures d’épaules, de mains ou de tête, des états d’esprit comme l’équilibre, l’espoir, la gratitude, la féminité, l’incertitude, l’amour et la mémoire. Comme des messages imprimés dans la matière. »
Œuvre de Gaëlle Hintzy-Marcel - SEATED WOMAN - Bronze et Ciment - 28x23x14 cm ©️David Filipponi
New York un jour, New York toujours
New York toujours en tête, « mon mari a créé l’opportunité de revenir ici ». Et de rajouter « avant de revenir nous installer, nous avons fait un petit voyage de repérage. Avant d’arriver, j’étais déjà inscrite à l’Art Student League. » Gaëlle Hintzy-Marcel le reconnaît « certaines villes donnent plus la possibilité de créer », et New York en fait partie. Dans la ville qui ne dort jamais, l’artiste est comme un poisson dans l’eau « dans une ville où tout est possible ». C’est cette énergie, cette créativité qui donnent chaque jour, à Gaëlle, une véritable niaque. Inspirée par la passion des gens, portée par l’énergie, galvanisée par le possible.
Aujourd’hui new-yorkaise, Gaëlle travaille, en plus du bronze, désormais le métal et l’étain. Il y a deux ans, elle décroche le « Merit Award » de la Art Student League dans la catégorie « semi abstract » ce qui lui permet d’accéder aux ateliers dédiés au métal, une véritable aubaine pour la sculpteure française qui a exposé aux quatre coins du monde. « Aujourd’hui, je veux persister dans l’étain et mélanger les matériaux comme l’acier et le ciment, et je veux aussi intégrer plus de bois dans mon travail ». Elle découvre, encore et toujours. L’art n’a pas de limite.
Gaëlle Hintzy-Marcel multiplie les projets, enchaîne les créations. toujours avec passion, toujours avec son coeur. Sa générosité est l’une des choses qui frappe quand on rencontre l’artiste. Mais pas que ! Derrière ses grands yeux verts, on découvre une femme affirmée et sereine, une femme à l’écoute, attentive. Peut-être observe-t-elle les gens pour s’inspirer de postures, peut-être écoute-t-elle les autres, comme elle écoute ses sculptures...
Œuvre de Gaëlle Hintzy-Marcel TREE POSE - Etain et Acier - 59x16x25 cm © Tamara Gillon Photography
Elle fait partie de Women Artists I From France to USA, un groupement de femmes artistes. Ensemble, elles défient les protocoles de l’exposition, loin des galeries aseptisées, normées et finalement ennuyeuses. Elles sont dans le partage, elles montent elles-mêmes leurs expositions. Elles mélangent leur art. Au-delà d’une exposition, ce sont des conversations artistiques qu’elles engagent. Les sculptures de Gaëlle Hintz-Marcel se mêleront à l’art d’autres Women Artists, en mai prochain, à New York, leur de leur troisième exposition.
Toujours en mai, une petite dizaine d’œuvres de la sculpteure s’envoleront pour le sud de la France. Direction Toulon et sa grand-messe d’art contemporain. Le travail de Gaëlle sera représenté par le Gallery des Artistes, créée par une autre femme, Nicole Bonnifay. Sa première exposition en France, le pays où elle a débuté sa carrière d’artiste.
Émouvantes, poétiques, douces et fascinantes sont les adjectifs qui pourraient résumer les sculptures de l’artiste. Encore une belle âme à découvrir. Encore un travail extraordinaire à admirer.
Merci, Chère Gaëlle, de faire partie des 31 femmes francophones de New York du « Mois de la femme » instauré par notre édition.
Découvrir le travail de Gaëlle Hintzy-Marcel