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Quand les charentaises de la Maison Rondinaud chaussent New York…

Les charentaises de la maison Rondinaud débarquent à New York dès septembre 2024 ! Les célèbres pantoufles de Charente seront disponibles à la boutique du Musée d’art moderne de New York. Une aventure outre-atlantique pour le made in France mais aussi une mise en avant d’un artisanat rare.

les charentaises de la maison Rondinaud les charentaises de la maison Rondinaud
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 14 juin 2024, mis à jour le 28 juin 2024

 

 

C’est ce qui s’appelle faire une entrée en grandes pompes. Dès septembre 2024, les célèbres pantoufles en feutre de la maison Rondinaud seront disponibles à partir de septembre 2024 à la boutique du Musée d’art moderne de New York, le MoMA, 11 W 53rd Street en jaune poussin “très pétant”. Encore en fabrication à l’heure où nous écrivons cet article, la pantoufle prendra le large vers New York début juillet 2024. Olivier Rondinaud, directeur de la maison Rondinaud, nous raconte l’histoire de cet artisanat unique et rare qui participe au rayonnement du “made in France” dans le monde. 

 

L’institution américaine commande donc un peu plus de 1200 paires charentaises “made in France” et plus précisément “made in Charente”.

 

 

Le MoMa s’intéresse au made in France charentais 

Une matinée de 2023, Olivier Rondinaud découvre un e-mail du Musée d’art Moderne de New York. “c’est très surprenant de recevoir une demande d’une telle institution. Nous avons pris le temps de vérifier si ce n’était pas un fake. Eh bien non !” Au bout de plusieurs échanges, quelques centaines de paires de charentaises sont commandées. “C’est souvent un “one-shot”. Mais le produit plaît et le MoMa veut retenter l’aventure !” L’institution américaine commande donc un peu plus de 1200 paires charentaises “made in France” et plus précisément “made in Charente”. Le savoir-faire de la charentaise - à l’histoire centenaire très particulière -  fait une entrée remarquée sur le sol américain. 

 

 

les charentaises Rondinaud au MoMa de New York en septembre 2024
les charentaises Rondinaud au MoMa de New York en septembre 2024


 

La charentaise, un artisanat français unique et feutré 

Une histoire particulière donc ? Olivier Rondinaud plante le décor : “La charentaise est un produit qui est né du recyclage de deux régions : la charente et la charente maritime.” Puis fait un grand pas dans le passé. “Retournons au XVIIème siècle, au temps du Roi Soleil. Autour de Rochefort, un port important, sont réquisitionnés les tailleurs pour réaliser les uniformes des équipages. Sur place, les habitants récupèrent des chutes de feutres et de tissus, qu’ils placent dans leurs sabots pour les rendre plus confortables mais aussi imperméables” Le dessus de la charentaise est décidé. Quant à la semelle, c’est une autre histoire près d’Angoulême. Le papier vélin - un papier sans grain, soyeux et lisse - y est répandu. Pour terminer sa fabrication, deux plaques épaisses de feutres sont nécessaires. “Mais, une fois très utilisées, ces plaques sont mises au rebut. C’est sans compter sur le bon sens paysan ! Des semelles y sont alors découpées” . Le dessous de la charentaise est né. 

 

Il y a encore une dizaine d’artisans - maximum - qui connaissent la technique du cousu retourné...”

 

Aujourd’hui, le feutre de papeterie n’est produit que par une seule entreprise dans le monde, à Mazamet. “Nous sommes interdépendants les uns des autres. La Maison Rondinaud existe depuis 1907, fondée par mes arrière-grands-parents. Notre spécialité est la charentaise en cousu retourné, la technique ancestrale. Nous sommes le dernier fabricant sur la terre d’origine, la Charente. Mais surtout, il y a encore une dizaine d’artisans - maximum - qui connaissent la technique du cousu retourné et savent utiliser les derniers prototypes de machines dédiées à cette fabrication.” souligne Olivier Rondinaud. 

 

 

la fabrication artisanale du cousu retourné de la charentaise
la fabrication artisanale du cousu retourné de la charentaise 

 

 

“Je m’amuse à penser que l’image du Français à l’étranger, c’est quelqu’un avec un béret, une baguette sous le bras, une bouteille de Bordeaux et…des charentaises aux pieds”

 

 

La charentaise, une “ambassadrice” du rayonnement de la France 

Si l’authentique charentaise va bientôt faire sa belle au MoMa, elle peut aussi être fière de s’exporter partout dans le monde “Nous avons des clients au Japon, en Belgique, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni, en Scandinavie. La semaine dernière, des paires sont parties pour chausser le Luxembourg, brodées avec les armes du Grand Duché.” confie Olivier Rondinaud. “Au total, environ 5% de nos 130.000 charentaises annuelles partent à l’étranger”. Côté des acheteurs particuliers, le site est ouvert aux pays francophones européens : “En septembre 2024, nous ouvrirons à la totalité de l’Europe”.

 

 

Olivier Rondinaud dans l'atelier de fabrication des charentaises
Olivier Rondinaud dans l'atelier de fabrication des charentaises 

 

“Je m’amuse à penser que l’image du Français à l’étranger, c’est quelqu’un avec un béret, une baguette sous le bras, une bouteille de Bordeaux et…des charentaises aux pieds” sourit Olivier Rondinaud. “Plus sérieusement nous sommes fiers de travailler sur le rayonnement international du savoir-faire à la française”. Depuis 2019, la région de Charente bénéficie de la mise en lumière des indications géographiques protégées. “Hors alimentaire, il n'y en a pas pléthore” confie Olivier Rondinaud, mentionnant en exemple la porcelaine de Limoges ou la dentelle de Calais. En 2023, La maison Rondinaud représente le département dans les salons de l’Elysée à l’exposition du Fabriqué en France. Il y a un an également, le directeur était présent au célèbre salon international de l’Agriculture “C’est aussi à travers ces évènements à résonance mondiale que nous représentons notre patrimoine et notre art de vivre”. 

 

 

les charentaises à l'Elysée en juillet 2023
les charentaises à l'Elysée en juillet 2023

 

 

Nous voulons faire reconnaître les gestes de fabrication du cousu retourné. Il faut que nous puissions graver dans le marbre ce patrimoine immatériel.

 

Parlant du patrimoine justement, Olivier Rondinaud souhaite aller plus loin et confie travailler avec le PCI, le Patrimoine Culturel Immatériel : “C’est un peu l’antichambre de l’UNESCO. Nous voulons faire reconnaître les gestes de fabrication du cousu retourné. Il faut que nous puissions graver dans le marbre ce patrimoine immatériel.” Et, tandis que les charentaises s’apprêtent à fouler le sol de New York, la maison Rondinaud propose des visites de ses ateliers et réfléchit à la création d’un musée : “Nous voulons montrer les savoir-faire de nos aïeux et changer l’état d’esprit sur l’importance d’un patrimoine…pour tous devenir des consomm’acteurs”.

 

 

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