Combattre l’invisibilité du handicap autour d’une bonne tasse de café ou d’une pâtisserie française, voilà le tour de force réalisé par le Café Joyeux depuis 2017. Lancé en mars 2024 à New York, le flagship américain, dirigé par Sylvie Giret, prouve qu’un café de qualité peut aussi être riche de belles valeurs humaines. Grâce à une formation rigoureuse et adaptée, l’équipe atteinte de handicap intellectuel a l’opportunité d’apprendre un métier mais aussi d’enseigner aux clients un message que Sylvie nous répète : « L’inclusion n'a pas de frontières ».
Cela faisait déjà 17 ans que Sylvie Giret évoluait aux Etats-Unis, lorsqu’elle a rejoint Café Joyeux pour son lancement outre-Atlantique. Cette Franco-américaine, « spécialisée dans le développement de marques françaises aux Etats-Unis dans les biens de consommation premium », voulait « mettre du sens » à son activité professionnelle. Elle rencontre alors Yann Bucaille-Lanrezac, le fondateur de Café Joyeux, un concept qui fait fureur depuis 2017 en France. « Impossible de rester insensible, il est tellement habité par cette mission », nous confie-t-elle. Sylvie rejoint l’aventure le 21 février 2024, soit un mois avant l’ouverture officielle au 599 Lexington Avenue. Après 19 cafés ouverts en Europe, l’établissement au personnage souriant et à l’identité visuelle jaune solaire est le premier à s’installer aux Etats-Unis.
Café Joyeux, un vrai café et de vraies valeurs
Partir à la conquête de l’Amérique « n’était pas naturel », nous explique Sylvie. Il a fallu deux ans de travail aux équipes françaises « pour trouver la bonne recette » outre-Atlantique. Car si « l’inclusion n'a pas de frontières », le groupe Café Joyeux n’a lui pas de réelle stratégie de développement à l’international. « Nous avons une mission charitable, mais Café Joyeux reste un véritable business », rappelle la CEO US. Il a donc fallu trouver des sponsors, des donateurs et des ambassadeurs pour aider à développer le projet. Son emplacement de choix a été possible grâce à un gros promoteur immobilier séduit par le concept et qui leur permet de rester « à des conditions incroyables ». Contrairement à d’autres chaînes de cafés, l’investissement de base pour lancer un Café Joyeux est plus conséquent et donc moins rapidement rentable. « Nous investissons beaucoup dans la formation de nos équipes », rappelle Sylvie Giret.
L’inclusion par la formation
Si la bienveillance est de mise dès que l’on franchit la porte du Café Joyeux, les clients doivent s’attendre à un service de qualité avec des employés investis et dont les tâches « ont été adaptées ». Les employés « atteints de trisomie ou d’autisme » apprennent un réel métier et à devenir autonomes. « Une large majorité des personnes en situation de handicap aux Etats-Unis ne trouvent pas d'emploi ordinaire dans des conditions ordinaires. Ici, nous ne les cantonnons pas à la plonge », insiste Sylvie. Sur les 20 employés de l’enseigne, 15 sont en situation de handicap, les autres sont là pour aider dans certaines tâches mais pas pour les coacher. Grâce à une formation adaptée et à des aides visuelles, les employés apprennent à se responsabiliser et à être en contact avec la clientèle. « Nous leur donnons la chance d'apprendre un métier multi-facettes avec un schéma de progression. Techniquement au bout de deux ans en moyenne, ils peuvent aller travailler dans un restaurant lambda », se réjouit la directrice du lieu.
Café Joyeux à la conquête des Etats-Unis
Au vu du succès de ces premiers mois d’activité, Café Joyeux a déjà d’autres ambitions pour ce pays continent, déjà séduit par la French touch : « Nous avons travaillé le concept à la française, ce qui intéresse toujours beaucoup les Américains ». Mais au-delà du joli emballage, le message du Café Joyeux touche autant qu’il interpelle : « Nous voulons combattre l’invisibilité du handicap et changer le regard de la société ». Si chaque croissant ou pain au chocolat acheté compte, le combat a aussi sa place dans le monde des affaires. « Nous travaillons avec des entreprises pour opérer leur cafétéria et les transformer en Café Joyeux. Nous voulons vivre au cœur de l’entreprise », nous explique Sylvie Giret. L’entreprise charitable propose aussi la vente de grains de café, un service traiteur et également la privatisation de ses espaces pour des évènements. Le Café Joyeux à New York est « un peu notre flagship », sourit Sylvie qui nous confie qu’elle reçoit des demandes d’ouverture « de tous les Etats-Unis » mais la volonté n’est pas d’ouvrir en masse et surtout de ne pas « diluer » le concept.
Le développement dans tout le pays prendra donc le temps nécessaire. Ce message, le Café Joyeux le fait déjà rayonner depuis New York : « Il est temps de créer des structures plus humaines et d’intégrer que nous n’évoluons pas tous de la même manière. La différence est une force et peut devenir une richesse si nous mettons les moyens nécessaires ».
599 Lexington Avenue, New York NY 10022
Sur le même sujet
L'annuaire 
L'agenda 
