Béju est un artiste français installé en Floride. Un homme au parcours riche qui croit au rêve américain, à condition de ne pas se contenter de rêver. Lui, ne rêve pas, il crée. Ses installations séduisent tant la ville de West Palm Beach — où il vit avec son épouse — que les collectionneurs. Rencontre avec un artiste à la grande âme, créateur acharné qui crée et agit en grand.
Dernière installation de Béju à West Palm Beach
Béju, l’artiste français en Floride
« J’ai la chance d’avoir loupé mon bac » explique avec le sourire Béju qui n’a ainsi pas eu à rentrer dans un moule. Béju est de ces hommes curieux, touche-à-tout, un brin baroudeur. Il n’était pas prédestiné à un parcours classique. Ennuyeux. Chasseur alpin, moniteur d’ULM, il se passionne pour tout ce qui vole. D’en haut, on voit mieux ! « J’ai fait mille et une choses dans ma vie ». Fils de militaire dans l’armée de l’air, il passe une partie de son adolescence en Italie où son père est officier de liaison entre la France et l’OTAN. « C’est là que j’ai appris l’anglais » nous explique-t-il. C’est aussi là qu’il se fait ses premiers amis américains lesquels seront le déclencheur de sa nouvelle vie au pays de l’oncle Sam.
D’artiste en France, il devient entrepreneur aux États-Unis, une success story dans l’univers du bois et de la création. Il revend son entreprise et prend le temps de redevenir ce qu’il est intrinsèquement, un artiste à part entière. Sa démarche artistique repose sur le langage corporel « le langage corporel est quelque chose que l’on interprète sans en prendre conscience » explique-t-il, « en m'appuyant sur le langage corporel, je m'exprime à travers le personnage humanoïde que j'ai créé et que j'appelle Dudali. Il illustre les sentiments et les interactions humaines les plus précises tout en incitant les observateurs de tous âges à se joindre à la conversation. Mes œuvres illustrent la complexité de nos pensées et de nos actions à travers les expressions du langage corporel. Universel et intuitif, il ignore la connaissance et transcende la communication verbale, car il est aussi éloquent que la parole. On peut même suggérer qu'il transgresse les espèces, car les animaux domestiques sont souvent capables de comprendre notre langage corporel et nos expressions faciales. »
Installation de Béju pour une collection privée, en Floride
C’est en se promenant dans les rayons de Home Depot que Béju à l’idée de créer son Dudali avec du matériel de plomberie. « J’avais un cahier des charges très précis », nous confie-t-il. Créer avec des matériaux solides, pas trop coûteux et facile d’assemblage, partout dans le monde. Une des volontés de Béju : pouvoir créer en grand ! C’est un artiste qui lui a soufflé cette recommandation qu’il garde précieusement en lui « do not let scale intimidate you ! » Et c’est ce que Béju fait. Selon le calibre des tuyaux utilisés pour sa construction, chaque sculpture conceptuelle peut être construite dans un éventail de tailles allant de quelques pouces à plus de 20 pieds de hauteur pour s'adapter parfaitement à l'emplacement et configurer sa posture à n'importe quelle base. Fabriqué en PVC peint, cuivre ou acier, Dudali peut être installé à l'extérieur comme à l'intérieur. En grimpant sur les immeubles, Dudali devient une peinture murale en trois dimensions. Avec son poids léger, il peut être attaché aux murs ou aux arbres. Facilement fixé à son support, quel qu'il soit, il est parfaitement adapté à une exposition publique et peut même être immergé. Bref, l’artiste crée à sa guise, sans trop de contraintes techniques.
CityZen, la première installation de Béju à West Palm Beach
Le rêve américain existe
Une des phrases fétiches de l’artiste, le rêve américain existe à condition de ne pas rêver. « Ici, tout est possible, mais à condition de s’en donner les moyens ». Travailler sans limite et ne laisser aucune limite entraver son travail. Ce que fait l’artiste. En 2014, Béju dévoile pour la première fois son Dudali. Dans sa ville, les allées à l’abandon font peau neuve et la ville invite les artistes à y exposer leur travail. Béju répond présent. 18 mois plus tard, il est sélectionné pour son premier projet artistique dans l’espace urbain. Un projet de plusieurs dizaines de millions de dollars dont 1 % doit être, selon la loi floridienne, dédié à l’art urbain. Avec son épouse, ils détiennent leur première victoire artistique. Le première d’une série !
Être exposé dans l’espace public est l’opportunité pour un artiste de montrer son travail au plus grand nombre. Loin des galeries où les codes empêchent souvent le grand public de s’aventurer. En 2018, il inaugure sa première installation permanente « ZenGarden » une sculpture colossale. Un Dudali, assis en tailleur, une représentation du zen qui invite le passant à la quiétude. Une parenthèse artistique dans une vie où tout va toujours trop vite. Ça sert à ça l’art urbain : interpeller le passant et l’inviter à l’art.
Depuis, des collectionneurs privés lui passent commande. Mais pas que ! Trois mois après l’inauguration, un autre promoteur le contactait. Ce 13 mai 2021, Béju inaugurait ainsi sa seconde installation urbaine à West Palm Beach. Un autre projet décroché. Une autre victoire artistique urbaine. Deux sculptures en cuivre, deux Dudali reposant sur des roches de verre. Elles traduisent tant l’esprit de Dudali que l’histoire du passé industriel du site au milieu de son environnement naturel. Se balançant au gré des vents, Bercade Dudali est la seule sculpture cinétique publique de West Palm Beach et, est éclairée la nuit, avec des caractéristiques changeantes de couleur. « Il faut adhérer au passé du lieu, à son histoire » explique l’artiste qui vit son présent et songe à son futur.
Hier, un autre promoteur l’a contacté... Le rêve américain existe, mais il ne suffit pas rêver.
Installation de Béju à Bayfront Park, Floride