Pascale Roux de Bézieux est une des quatre artistes françaises qui forment le mouvement Women Artists From France To USA. Ensemble, elles exposent les 23 et 24 octobre à la galerie VICTORI + MO, à Chelsea. Notre édition est partie à la rencontre de cette photographe empreinte de liberté et d’imagination. Elle nous a laissé entrer dans son monde.
« Eyes Have It » ©️Pascale Roux de Bézieux
C’est en Australie que Pascale Roux de Bezieux commence la photographie. Là-bas, elle débute assistante photographe dans l’univers du cinéma. Un pied à l’étrier pour la photographe qui crée son monde, son univers. Débordante d’imagination, de malice et de curiosité, Pascale Roux de Bézieux est de ces femmes que l’on n’enferme pas une boîte, que l’on ne met pas dans une case. C’est une artiste hors-normes, qui repousse les limites. Libre. Une femme pour qui photographie rime avec mise en scène. Durant le confinement, elle a exploré ses limites. En est né une série d’auto-portraits qu’elle expose lors d’Itinerancy #03 ces 23 et 24 octobre aux côtés des trois autres artistes françaises de New York, à la galerie VICTORI + MO de Chelsea. Une exploration d’elle-même durant les trois longs mois de confinement new-yorkais.
De la mise en scène
« J’amène mes copains dans mes délires » explique Pascale Roux de Bézieux. Une joyeuse bande qu’elle met en scène, photographie. Dans le métro, dans les rues de New York, son terrain de jeux, à la montagne en pleine tempête de neige, au bord d’une piscine à Saint-Tropez. Elle regorge d’imagination, sa base en photographie. Elle a l’art et la manière. En janvier, quand à New York, on commence à se douter que le Covid finira bien par arriver, elle s’inscrit à un cours de photographie à l’International Center of Photography dirigé par un photographe qui va la marquer. « Dans ce cours, je ne cherchais pas à améliorer ma technique » chose qu’elle maitrise parfaitement. C’était un cours de grammaire de photographie. On y apprend ce qui fait une belle photographie, comme en littérature, on apprend ce qui fait un beau texte. Avec ce cours, Pascale Roux de Bézieux cherche à se challenger, à dépasser ses limites. Un besoin de quelque chose de nouveau pour cette maman de jeunes adultes. C’est ce photographe qui lui met la réalité en face : elle est une artiste. Par pudeur, elle a toujours eu du mal à l’accepter, elle qui minimise son talent.
Du cours à la pratique, il n’y a qu’un pas, qu’un clic. Pascale se retrouve dans les rues new-yorkaises à photographier des inconnus. De près. Le nouveau coronavirus arrive et la proximité avec les autres devient vite une impossibilité. « Je me suis retrouvée chez moi, à court de sujet. J’ai décidé de me lancer dans une série d’auto-portraits ». Pour mieux lâcher prise, la photographe se met elle-même en scène et montre ses propres émotions, sans doute pour mieux les accepter et arriver à dominer ce confinement. Allez Chiche ! Sa phrase fétiche pour celle qui a le goût du challenge. Elle passe devant l’objectif.
La pandémie et le confinement ont pour Pascale Roux de Bézieux le goût d’un mariage étrange entre réel et irréel. Son New York est devenu irréel. Des rues vides de gens et de sens. Méconnaissables. « Dans les rues vidées, on ne voyait plus que les sans-abris alors que dans le New York d’avant, ils étaient invisibles. Après chacune de mes sorties, j’étais obligée de me ressourcer à Central Park » explique celle qui a la bienveillance dans son adn. Comme si elle avait été vidée par le désert de la ville. De cet environnement devenu irréel, la réalité est pourtant bien là. Traumatisante. « Durant le confinement, je me suis sentie privée de ma liberté, enfermée » lâche la photographe. Et c’est devant son appareil photo qu’elle trouve un semblant de sérénité. Un voyage avec elle-même. Ce challenge dont elle avait besoin. Un pas de plus dans son univers décalé et singulier.
©️Pascale Roux de Bézieux
Prise de vue, prise de hauteur
Depuis son rooftop, Pascale Roux de Bézieux fait un constat « la ville a pris le pouvoir sur l’homme ». New York s’enveloppe d’une nouvelle normalité : les rues se vident et les toits se remplissent. En ces mois de confinement, chacun veut sa bouffée d’oxygène, sa claque d’air frais. On ne descend plus dans la rue, on monte sur les toits. Depuis l’Upper East Side où elle habite alors, Pascale se lance dans une nouvelle série. Elle observe et capture ce ballet incessant sur les toits de son quartier. Avec pudeur et respect. Photographier sans importuner et respecter le peu de liberté que les New-Yorkais volent à la pandémie. De cette démarche singulière, Pascale Roux de Bézieux tire une série qui relate l’espoir, la joie et l’excentricité des New-Yorkais, « Rooftop series : Where're the quarantined ? », en référence à « Where's Waldo ? ». Une de ses photographies est sélectionnée par l’International Center of Photography dans le cadre du mouvement #ICPConcerned Global Images for Global Crisis exhibition. Le hashtag #ICPConcerned est nommé ainsi en reconnaissance du principe fondateur de l’ICP : défendre la photographie engagée, les images à l'esprit social et politique qui peuvent éduquer et changer le monde.
L’exposition Itinerancy #03 marque la fin d’un cycle pour Pascale Roux de Bézieux ; celui d’une exploration photographique singulière avec elle-même et d’elle-même, mais aussi d’une prise de hauteur, au sens propre comme au sens figuré. Pendant ces mois de crise sanitaire, l’artiste a photographié pour s’exprimer. Aujourd’hui, elle est enfin capable de mettre des mots sur ses photographies. Plus libre que jamais.
Pour découvrir le travail de Pascale Roux de Bézieux
Exposition Itinerancy #03 à la galerie VICTORI + MO - 242W 22 Street, New York (Entre 7e et 8e avenue)
Vendredi 23 octobre et samedi 24 octobre
Réservation obligatoire : réservez ici
Respect des obligations sanitaires obligatoire
Pour en savoir davantage sur les artistes
Le Petit Journal New York, French Wink, She for S.H.E, Women of culture et Monsieur Brunold sont partenaires de cette exposition.
©️Pascale Roux de Bézieux - photographie sélectionnée par l’ICP