La médaille d'honneur échelon or de la Police nationale a été décernée par le Ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer à Jean-François Meunier, laquelle lui a été remise par l'attaché de sécurité intérieure aux Etats-Unis, le commissaire général Raphael Juge le 5 avril 2024, soulignant 35 ans de loyaux services irréprochables. Une reconnaissance témoin de la coordination historique entre les forces de l’ordre français et new yorkaises. À la fois Officier de Liaison au New York Police Department et Commandant de la police française, Jean-François Meunier nous partage les coulisses de cette alliance et son impact sur la sécurité internationale.
Vous avez reçu l’insigne de la Médaille d’Honneur échelon or de la police nationale française, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Cette médaille, remise en personne par le Ministre français de l’Intérieur, exprime la gratitude pour les policiers envers leurs années de service irréprochables - la médaille d’or étant le plus haut échelon.
Cette cérémonie du 5 avril était donc l’occasion de souligner mes 35 ans de carrière en tant que Commandant de la police française et Officier de Liaison avec le New York Police Department (NYPD). Le titre de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite a également été remis à mon homologue en poste à Paris, Nicolas Gouzien, par le connu professeur en criminologie Alain Bauer. Cette distinction vient aussi consacrer sa position d’Officier de Liaison et son dévouement depuis plus de six ans au sein de la Préfecture de police de Paris. Le consulat général a profité de ces deux récompenses pour organiser un événement conjoint avec des représentants de la communauté française, pour mettre en valeur la coopération entre la France et New York.
La police municipale de New York incarne un véritable modèle pour la France et fait rêver l’outre Atlantique.
En quoi consiste précisément le rôle d’Officier de Liaison ?
Depuis 2010, grâce à un accord bilatéral entre le ministère de l’Intérieur français et le NYPD, la mairie de New York bénéficie d’un Officier de Liaison. La police municipale de New York, étant l’une des plus anciennes et des plus importantes polices aux États-Unis, incarne un véritable modèle pour la France et fait rêver l’outre Atlantique. Je travaille au quotidien avec eux, étant à la fois Commandant de la police française et Officier de Liaison. Je suis d’ailleurs l’un des seuls officiers sur cette plateforme, aux côtés de cinq autres services représentant la Jamaïque, le Qatar, la Jordanie, Toronto ainsi que les Émirats Arabe-Unis.
Mon rôle implique l’assistance du consulat général, pour notamment aider les Français expatriés, en les soutenant dans des situations délicates ou en répondant aux requêtes du gouvernement français, concernant des individus disparus aux États-Unis par exemple. Je facilite également la communication entre les services français et américain pour mener des enquêtes, ainsi que la coordination des actions en matière de sécurité.
La coopération sécuritaire entre les deux pays repose essentiellement sur la confiance.
Comment décririez-vous l’importance de la collaboration entre la France et les États-Unis dans la lutte contre la criminalité internationale ?
Le poste d’Officier de Liaison a en fait été créé en 2006 à New York, après les attentats du 11 septembre 2001, lorsque la ville a réalisé que les menaces pouvaient venir de l’étranger. La coopération sécuritaire entre les deux pays existe donc depuis longtemps, et repose essentiellement sur la confiance. Les services américains, comme le FBI, possèdent des équipes dans leurs ambassades, et leur coopération avec la France est historique. Nous travaillons ensemble sur une multitude de sujets, de la lutte contre l’immigration illégale à la cybercriminalité, ou le trafic de stupéfiants.
En 2023, il y a eu plus de 120.000 overdoses mortelles aux États-Unis, dont plus de 85 % qui sont attribuables au fentanyl.
Suite à la récente visite du ministre de l’Intérieur français à New York, Gérald Darmanin, comment pourrait s’illustrer la coopération entre la France et les Etats-Unis dans la lutte contre la criminalité, notamment en matière de trafic de drogues ?
En France, l’Office anti-stupéfiants (OFAST) collabore avec la Drug Enforcement Administration américaine (DEA) pour lutter contre le trafic de drogue. Le 12 avril, Gérald Darmanin s’est entretenu avec le maire de New York sur ce sujet - une réunion à laquelle j’ai également assisté. Nous avons échangé sur les défis communs, notamment sur la légalisation du cannabis à New York en 2021 et ses implications sur le marché noir. Le fentanyl est devenu une préoccupation majeure, un véritable fléau pour la population américaine. Cette drogue de synthèse a été démocratisée dans les années 80. La plupart du temps fabriquée en Chine, elle est transférée au Mexique dans les cartels, pour finalement arriver aux États-Unis. La fabrication du fentanyl n’est pas onéreuse, ce qui explique sa réputation dans les rues américaines. Souvent mélangée à d’autres drogues sans que les consommateurs ne le sachent, comme la MDMA, elle crée une dépendance dès les premières doses et engendre une véritable addiction. Chaque année, elle provoque un nombre alarmant d’overdoses. En 2023, il y a eu plus de 120.000 overdoses mortelles aux États-Unis, dont plus de 85 % qui sont attribuables au fentanyl.
Le fentanyl représente-t-il également une menace pour la France ?
Le ministre de l’Intérieur reste opposé à la légalisation du cannabis en France. Même si cela n’est pas directement lié, sa légalisation peut conduire une substitution par des drogues de synthèses, telles que le fentanyl. L’aspect illicite du produit lui donne nécessairement une valeur ajoutée. Récemment, quelques laboratoires de drogues de synthèse ont été démantelés en France, mais aucun cas de fentanyl n’a été pour le moment signalé.
Comment voyez-vous l’avenir de la coopération entre la France et les États-Unis ?
Cette coopération ne peut que se renforcer. Nous sécurisons ensemble de grands évènements, à l’image des Jeux olympiques et paralympiques de Paris qui approchent à grand pas, mais aussi la Coupe du monde de football en 2026 à Los Angeles. Nous échangeons aussi régulièrement sur les dernières technologies, la lutte contre la drogue, les violences conjugales ainsi que d’autres sujets de sécurité communs. L'accueil des délégations officielles françaises à New York, notamment lors de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2024, auquel assiste le président français, est un exemple concret de cette coopération, dont j’assure la sécurité avec une profonde fierté.