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Trump-Harris : que retenir du débat électoral américain ? 

Moment clé de chaque élection présidentielle, le premier débat télévisé du premier tour de l'élection a la capacité de faire basculer la course pour la présidence. Le duel entre l'ex-président républicain Donald Trump et la vice-présidente démocrate Kamala Harris était l'événement le plus attendu de l’une des plus courtes campagnes électorales américaines.

Le débat télévisé entre le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris sur la chaîne abcLe débat télévisé entre le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris sur la chaîne abc
Le débat télévisé entre le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris sur la chaîne Abc
Écrit par Liz Fredon
Publié le 11 septembre 2024

 

Kamala Harris, actuelle vice-présidente, a su créer la surprise et faire naître un nouvel espoir pour le parti démocrate le 21 juillet 2024, lorsque le président Joe Biden a orchestré son retrait de la course présidentielle. Pourtant, l’élection n’est pas gagnée d’avance. L’ancien président Trump était, jusqu’à récemment, mieux placé dans les sondages qu’il ne l’était en 2016 ou 2020. Au niveau national, Donald Trump mène d'un point seulement devant la vice-présidente des États-Unis (48 % contre 47), d'après une enquête réalisée par le New York Times et le Siena College publiée le 8 septembre. L'enjeu de ce tout premier premier face-à-face est de taille. Les Américains doivent saisir cette occasion pour mieux cerner la candidate démocrate et son projet politique.

 

Kamala Harris impose son style dès le début

Dès son entrée sur le plateau, Kamala Harris montre une attitude déterminée. Visage sûr, regard défiant, presque moqueur, poing posé sur le menton, l’ancienne sénatrice de la Californie aborde un langage corporel fort, envoyant un message clair : son rival est dépassé. Cette confiance se reflète dans son approche stratégique et ses réponses percutantes, face à un Trump souvent désarmé, notamment sur certains sujets cruciaux comme la santé publique. Sur la question de l'Obamacare, par exemple, Harris met en lumière les lacunes de l'ancien président, qui n’a toujours pas de projet pour remplacer le système de santé actuel alors qu’il le remet en question depuis des mois.

 

“I have a concept of a plan, I’m not president right now”

“J'ai un concept de plan, je ne suis pas président en ce moment ”

 

 

Elle réussi non seulement à faire vaciller Trump, mais marque des points en imposant son agenda progressiste, tout en discréditant son adversaire. À l’inverse, Trump fixe la caméra et affiche une expression progressivement colérique.

 

 

Le conspirationnisme de Trump en lumière

 

“In Springfield, they’re eating the dogs, the people that came in, they’re eating the cats, they are eating the pets of the people that live there and this is what’s happening in our country, and it’s a shame.”

“À Springfield, ils mangent les chiens, les gens qui sont arrivés, ils mangent les chats, ils mangent les animaux de compagnie des personnes qui vivent là et c’est ce qui arrive actuellement dans notre pays, et c’est une honte.”

L'un des moments les plus marquants du débat est lorsque Donald Trump relance cette fausse accusation virale à propos des migrants à Springfield, Ohio. Une telle déclaration provoque l'incrédulité de Harris et du modérateur, David Muir. Ce dernier rappelle alors qu'aucune preuve n'appuie une telle affirmation.

 

 

 

 

Sur un autre sujet sensible, Trump affirme que les démocrates soutiennent l’« avortement après la naissance », un concept visant à discréditer l'accès à l’IVG. La modératrice intervient ensuite pour préciser que "dans aucun État, il n'est légal de tuer un bébé après la naissance". Face à ces propos, Kamala Harris reste ferme, rappelant que la lutte pour les droits des femmes était centrale dans son programme.

 

Le duel sur l'économie et la politique étrangère

L’économie, sujet crucial pour les électeurs américains, n’a pas échappé au débat. Harris a accusé Trump d’avoir nui à l’industrie américaine, en particulier en "vendant des semi-conducteurs américains à la Chine* et en menant des “guerres commerciales” qui, selon elle, ont affaibli la compétitivité des États-Unis. En Pennsylvanie, un État-clé où le débat avait lieu, le sujet de la fracturation hydraulique a également été abordé. Trump mis Harris en difficulté en rappelant son opposition passée à cette pratique. La vice-présidente a ajusté ses propositions pour adopter une approche plus pragmatique face aux défis économiques et environnementaux.

Sur la scène internationale, Harris a pris pour cible la relation ambiguë de Trump avec des dirigeants autoritaires comme Vladimir Poutine. Elle a déclaré que sous une présidence Trump, Poutine aurait déjà envahi Kyiv. De son côté, Trump a riposté en vantant son soutien par le président hongrois Viktor Orban, tout en affirmant que "si Kamala Harris devient présidente, Israël n'existera plus d'ici deux ans". Un commentaire qui n'a pas réussi à déstabiliser Harris. La candidate démocrate a affirmé : "La guerre doit cesser immédiatement, mais la manière dont elle se termine est cruciale". En réponse, son adversaire a déclaré : "Si j'étais président, cela ne serait jamais arrivé". Harris a insisté sur l'importance d'un cessez-le-feu et de la libération des otages, tout en soutenant une solution à deux États.

 

Un tournant décisif dans le débat américain ?

L’élection reste incertaine, mais ce débat a mis en évidence la dynamique changeante de la campagne présidentielle. Nicolas Nehamas, correspondant politique pour le New York Times, souligne que Harris a habilement utilisé les 90 minutes pour "marteler Trump sur ses condamnations pénales, sa gestion de la pandémie de Covid-19, et les critiques des dirigeants étrangers" à son égard. 

Selon les médias américains BBC, CNN, ou encore The Guardian, le premier affrontement a permis à Kamala Harris de démontrer qu'elle est prête à mener une bataille difficile contre un adversaire redoutable. Après le débat télévisé, un sondage a été réalisé auprès des téléspectateurs par un institut de sondage pour le compte de plusieurs médias américains, dont CNN. Kamala Harris est perçue plus favorablement que Donald Trump, avec 45% contre 39% pour Trump. Cependant, 55 % des personnes estiment que le candidat républicain est plus compétent en matière d'économie, contre 35 % pour Harris. L’issu de l'élection dépendra cependant de la capacité des candidats à mobiliser des électeurs dans les “swing-state”, états pivots pouvant faire basculer le vote final.

 

 

 

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