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Pierre-Yves Miton et sa Petite Bretagne au coeur des paysages côtiers de Mamaroneck

Du Morbihan au Westchester, il n’y a finalement qu’un saut entrepreneurial à prendre. Alors que son épouse trouve un poste à la FASNY en 2020, Pierre-Yves Miton abandonne ses dossiers de DRH pour reprendre un café français au coeur de Mamaroneck et ainsi offrir un petit goût de Bretagne à ses clients français et américains. « La pédagogie finit par payer et, aujourd’hui, à Mamaroneck la Petite Bretagne voit sa notoriété s’approcher de celle de la Grande (Bretagne) ! », nous explique joyeusement le restaurateur breton.

Pierre-Yves Miton et petite bretagnePierre-Yves Miton et petite bretagne
Pierre-Yves Miton, le propriétaire de Petite Bretagne
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 2 septembre 2024, mis à jour le 11 septembre 2024

Comment êtes-vous arrivé aux Etats-Unis ?

J’ai toujours vécu en France et n’avais, a priori, pas de projet d’expatriation. Ma famille et moi étions bien installés dans notre vie parisienne jusqu’à un appel téléphonique reçu par mon épouse en novembre 2019. Au bout du fil, un ami déjà présent à New York évoquait l’ouverture possible d’un poste de professeur de français à la FASNY (French American School of New York) à la rentrée 2020. A l’issue d’un processus de recrutement, mon épouse a obtenu ce poste et, malgré la crise sanitaire liée au COVID, nous sommes arrivés à New York en août 2020. J’occupais alors une fonction de DRH chez Naval Group, l’industriel français qui assure la conception, la fabrication et la maintenance de navires militaires pour la Marine Nationale française et d’autres pays à l’export.

Après un moment de réflexion familiale, nous nous sommes dits « les trains ne passent pas 2 fois dans la vie ». Nous avons décidé de tenter l’aventure !

 

Petite Bretagne à Mamaroneck

 

Pourquoi avoir choisi de vous installer à Mamaroneck ?

L’installation à Mamaroneck est bien évidemment liée à la localisation de la FASNY. Souhaitant privilégier la proximité entre notre domicile et le lieu de travail de mon épouse, nous avons décidé de nous installer à Mamaroneck. Avant notre installation ici dans le Westchester, nous ne connaissions pas l’existence de Mamaroneck. C’est donc un peu par hasard que nous sommes arrivés dans le coin. Mais, à bien y regarder, les paysages côtiers de Mamaroneck nous rappellent à bien des égards les façades maritimes du Morbihan où se trouvent nos attaches familiales. Pour cette raison, entre autres, on s’est vite senti « à la maison » !

 

La Bretagne, dont nous sommes originaires, nous semblait disposer d’une bonne image

 

Quel est le concept de Petite Bretagne ?

Préalablement à Petite Bretagne, le local abritait déjà un café français. J’ai racheté le matériel et le fonds de commerce à l’ancienne propriétaire au printemps 2021. La Bretagne, dont nous sommes originaires, nous semblait disposer d’une bonne image, au moins dans la communauté française, très présente dans la ville grâce à la FASNY. Assez rapidement, j’ai décidé de baptiser mon commerce « Petite Bretagne ». J’ai conservé la partie café et ai étendu l’activité à la boulangerie. On trouve depuis le début de bonnes baguettes françaises et des viennoiseries de grande qualité. Parmi ces dernières, il y a bien évidemment le fameux « Kouign Amann » breton ! Je dis souvent à mes clients que cette viennoiserie, une spécialité de la Maison, est unique et que de nombreux client viennent de loin pour les acheter et les déguster.

 

Enfin, plus récemment, il y a environ un an et demi, j’ai lancé les crêpes et les galettes. Petite Bretagne est donc devenue également une crêperie dans laquelle il est possible de déguster de délicieuses crêpes (sucrées) et des galettes préparées à partir de farine de blé noir, le sarrasin. Anecdotique au départ, l’activité crêpes/galettes pèse aujourd’hui près de 40% du chiffre d’affaires. Au-delà des chiffres, je suis surtout très honoré et fier quand nos clients, Français ou Américains, évoquent leur repas dans des termes élogieux !

 

Pierre Yves Miton propriétaire de Petite Bretagne

 

Est-ce que la Bretagne parle aux Américains ?

Nos clients américains sont de plus en plus nombreux ! A la base, ils connaissaient plutôt et surtout la « Grande Bretagne »…j’ai installé dans la boutique une grande carte de la France au mur. Je peux ainsi montrer où se trouve la Bretagne en France. La pédagogie finit par payer et, aujourd’hui, à Mamaroneck la Petite Bretagne voit sa notoriété s’approcher de celle de la Grande (Bretagne) !

Au-delà de la Bretagne, les Américains viennent aussi chercher une expérience française dans mon commerce. Je mesure aujourd’hui à quel point notre pays bénéficie d’une excellente image de marque. Nous en jouons avec nos clients Américains qui adorent entendre quelques mots de français glissés dans les conversations que nous avons avec eux !

 

 

 

Quels sont vos conseils pour ceux qui souhaitent réorienter leur carrière à l'étranger ?

Cette expérience m’a poussé à me réinventer fortement, à sortir de ma zone de confort…c’est le moins qu’on puisse dire ! Il a fallu rester « manœuvrant » et c’est une qualité indispensable à tous celles et ceux qui voudraient se lancer dans une nouvelle carrière à l’étranger.

Je me suis formé pendant plusieurs mois, j’ai été également accompagné par des experts de la restauration. Il s’agit en particulier de la merveilleuse équipe du restaurant français OCabanon, installé à Manhattan. Au démarrage, l’équipe de OCabanon a cru en moi. Leur présence et leur accompagnement a été une des composantes clés du succès futur de mon aventure.

Enfin, il faut s’entourer de collaborateurs qui se projettent dans cette aventure. J’ai recruté une équipe de personnes qui n’avaient jamais exercé dans la restauration et la vente. Cette équipe, elle aussi, a cru en moi. Nous avons tous « appris en marchant » pour faire de Petite Bretagne, en quelques mois, un lieu incontournable de restauration française dans le Westchester !

 

L’association des Bretons de New York m’a aidé à développer mon affaire

 

Les Bretons de l'étranger sont souvent très solidaires, est-ce que c'est un réseau qui vous a aidé à développer votre affaire ?

Le réseau des Bretons de New York fait partie des associations les plus actives parmi la communauté française vivant à New York et aux alentours. Avant même d’arriver à New York en 2020, j’avais entendu parler de cette association comme étant très dynamique et structurée. J’ai pu le mesurer alors à mon arrivée. Pour l’anecdote, c’est le fils d’une ancienne collègue de travail de Naval Group qui était le président de cette association en 2020, année de notre arrivée. La connexion s’est donc faite naturellement et très rapidement. Et, c’est lors d’un repas organisé par les Bretons de New York au printemps 2021 que j’ai rencontré un des associés du restaurant OCabanon qui, ensuite, m’a soutenu dans le lancement de Petite Bretagne. Je peux donc clairement affirmer que c’est bien l’association des Bretons de New York qui m’a aidé à développer mon affaire !

 

Il est fondamental de continuer à prendre du plaisir et aussi, et surtout, à en donner aux clients

 

Quels sont vos projets à venir ?

Mon commerce se porte bien, même très bien. J’ai été rentable dès la première année et l’activité a crû entre 20 à 25% par an depuis l’ouverture en 2021. Récemment, j’ai commencé à utiliser les plateformes d’achat et de livraison. Grâce à celles-ci, j’ai gagné encore de nouveaux clients qui, maintenant, viennent aussi en boutique.

Mais, en tant que chef d’entreprise, je me dois de développer encore l’activité et l’affaire. Dans les axes de développement, je mise beaucoup sur le « catering ». J’ai commencé à proposer ce type de prestations qui peut s’envisager dans de nombreuses circonstances : retour de mariage, fêtes d’anniversaire, fêtes de « graduation », rencontres entre voisins (block party), repas de cohésion en entreprises, etc. Je cite là des prestations déjà réalisées et pour lesquelles nos clients nous ont fait part de leur grande satisfaction.

Enfin, je dirai pour l’avenir qu’il est fondamental de continuer à prendre du plaisir et aussi, et surtout, à en donner aux clients. C’est le cas depuis le début et j’espère y arriver encore longtemps !

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