La délégation de l’Union européenne auprès de l’ONU expose "Swimsuits", une réflexion picturale sur les droits des femmes par Fleur Spolidor, dans le cadre de la 67ème commission sur le statut des femmes. Cette année, CSW67 se concentre sur le thème de "l'innovation et le changement technologique, et l'éducation à l'ère numérique pour parvenir à l'égalité des sexes et à l'autonomisation de toutes les femmes et filles".
La série "Swimsuits"
Dans cette série naturellement intitulée, "Swimsuits”, l'artiste concentre ses recherches et ses pinceaux sur les situations inimaginables auxquelles les femmes se trouvent confrontées quotidiennement. Des sujets tels que l’allaitement, la ménopause, la ségrégation ou la pink tax sont abordés dans leurs complexités. Ces baigneuses à taille humaine nous regardent droit dans les yeux, partageant avec insistance leurs situations difficiles. Face aux toiles, nous nous rendons compte que les peintures sont réalisées sur de larges panneaux de toile de lin, qui n'étant pas tendus sur châssis, sont directement punaisés au mur. Une présentation simple, plus proche du Fiber art que de la peinture traditionnelle.
Surfaces rugueuses
Ces œuvres sont extrêmement rugueuses au toucher. L'artiste peint à l'acrylique sur un collage de matériaux de récup, pour les recycler, mais aussi pour créer une surface texturée, qui contraste avec l'idée d'une peinture classique construite comme une fenêtre sur un monde lisse et parfait. Rappelons-nous le visage lisse et impénétrable de “La Joconde”. La structure des fonds transparaît à travers les images peintes, marquant les corps féminins d'imperfections symbolisant la rigueur d'une vie qui s'imprime dans la chair. Les rides, les cicatrices, les défauts font part entière de ces femmes contemporaines, imparfaites, réelles et combatives.
Inspiration
Pour la création de ses peintures, l'artiste s'est inspirée d'articles de presse, de faits historiques ainsi que d'histoires personnelles et d'anecdotes qui lui ont été racontées par des amies. Sept œuvres sont en exposition, mais l'artiste travaille actuellement sur cinq autres pièces pour compléter une série de douze peintures. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles Spolidor a choisi de représenter ces douze femmes vêtues uniquement d'un maillot de bain. Ce sont les douze mois de l'année, les douze pin-ups du calendrier. Elles font également référence aux douze travaux d'Hercule, des tâches impossibles à accomplir, une sorte de tonneau des Danaïdes des droits des femmes, un tonneau percé dont les droits s'échappent et cette lutte sans fin qui s'ensuit pour les conserver.
Les corps en maillot
En les peignant vêtus uniquement de maillots de bain, l'artiste vise à interroger le récit entourant le corps des femmes. Pour Spolidor, un maillot de bain (swim suit) est l'exact opposé d'une armure d’homme (suit of armor). C'est un petit morceau de tissu révélateur qui peut être difficile à porter pour certaines femmes: pudeur, canon esthétique, exposition accidentelle d’une partie intime du corps, c'est un carré de tissu qui n'offre aucune protection. C'est aussi un marqueur clair du statut des femmes dans la société où elles vivent, et cela en fonction de la quantité de peau qu'elles sont autorisées à montrer. Une problématique qui ne semble pas concerner le corps masculin. Cette série traite des droits des femmes et de cette lutte qu'elles doivent mener en permanence pour les garder ou en acquérir de nouveaux. Chaque panneau représente une histoire spécifique, mais un dialogue existe entre chacun d'entre eux créant une sorte de galerie chronologique et évolutive des situations rencontrées par les femmes et un rappel que leurs droits demandent d’être consciemment et constamment défendus. Et cela, pas seulement le 8 Mars lors de la journée internationale des femmes, ou juste durant le mois de mars qui est le mois où l'on célèbre l’histoire des femmes, mais tout au long des onze autres mois de l'année, car la violence contre les femmes n’est pas seulement physique. Elle est dans cette incertitude permanente, quotidienne, quand la vie bascule parce qu’une loi injuste est votée ou quand elles n’ont pas accès aux mêmes salaires, études ou technologies que leurs collègues masculins.
L'artiste
Fleur Spolidor est née à Paris. Après des études d’histoire de l’art et de nombreuses années de formation en atelier, elle enseigne l’art dans son studio de New York.
Ses œuvres se trouvent dans des collections particulières en Europe et aux Etats Unis.
Elle est membre du NCWCA et de NAWA.
Info pratiques
Les visites à la délégation européenne sont sur rendez- vous, pour cela contacter l’artiste artefleur@gmail.com et découvrez son travail www.artefleur.com ou sur www.instagram.com/artefleur/