Édition internationale

MUSIQUE – "Enfants d’hiver" de Jane Birkin : une joie adulte en toute saison

Alors que depuis toujours Jane Birkin a investi la scène française, elle met pour la première fois en avant sa propre personnalité. Accompagnés par son timbre singulier, les chansons écrites pour son album Enfants d'hiver sont prodigieuses

En dépit de ses jeans, de ses dents écartées, et de ses fautes de français, Jane Birkin continue de fasciner en France. En dépit, ou à la grâce de sa silhouette, de son sourire, de son accent, de ses paniers, de son histoire, ou de ses enfants, Jane Birkin participe à la joyeuse élaboration de l'identité française.
Qui se souvient encore de ses cheveux raides, de sa timidité rougissante ou de ses débuts avec Serge Gainsbourg ?
Voilà 18 ans que l'homme à la tête de chou n'est plus. Et tout autant que l'Anglaise lui survit.
Elle lui survit tellement qu'avec la majorité elle s'affirme enfin : pour la première fois de son parcours, à plus de 60 ans, Jane Birkin signe la totalité des textes d'Enfants d'hiver.

Au recto d'un artistique non-couleur, la jaquette montre la petite fille sur une plage.

Au verso, elle flashe 4 photos miniatures datées, en noir et blanc, d'une enfant plus petite encore. Et dans le catalogue du disque, de nouveau des photos d'enfance familiale. Comme si la dame avait à rappeler qu'avant la gloire, un être avait été contraint de pousser.
La dame n'a pourtant ni à s'excuser, ni à se justifier : elle offre un album de vastes qualités.

Artiste a-temporelle et a-géographique
Elle pose sa voix un peu blafarde, vaguement sucrée, sur un timbre infiniment apaisant et sur des musiques d'Alain Souchon et d'Alain Lanty. Et livre 11 plages de quotidien et d'envolées sentimentales en français. Toutes nickel. Comme La maison étoilée dont le ton évoque celui de Jeanne Balibar, ou Oh comment ça va, quand une nana apprend par son ex qu'il a eu un enfant : elle feint de s'en réjouir alors que ça la tue.
Et c'est ça qui est parfaitement extravagant chez Birkin : ce pont éternel entre les générations, les sentiments et les peuples.
Sa chanson Aung San Suu Kyi reste d'ailleurs la plus bouleversante de l'album. Pour le coup, l'imagerie enfantine est pulvérisée. Birkin convoque sa colère humaniste, féministe et politique face à l'assignation à résidence par la junte birmane du prix Nobel de la paix 91. C'est l'unique texte en anglais. Il est phénoménal.
Betty RUBY. (www.lepetitjournal.com) lundi 26 janvier 2009

Enfants d'hiver, Jane Birkin (EMI)

Jane Birkin en tournée
 03 fév : théâtre Rutabeuf, Clichy
05 fév : théâtre d'Hérouville Saint-Clair
07 fév : théâtre Simone Signoret, Conflans Sainte-Honorine
13 fév : espace André Malraux, Chateaudun
19 fév : théâtre des Chalands, Val de Reuil
21 fév : Barbican Centre, Londres
10- 15 mars : le Palace, Paris
19 mars : le Bfm, Genève
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