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MUSIQUE – Brassens et De André, une relation à distance

Le 18 février dernier, l'Italie fêtait l'anniversaire de la naissance de son chanteur populaire Fabrizio De André, décédé le 11 janvier 1999.  Qui a eu l'occasion d'écouter ses chansons a parfois été surpris de la ressemblance musicale entre l'artiste italien et son aîné français Georges Brassens. Plagiat ou collaboration très poussée, lepetitjournal.com de Rome a décidé de se pencher sur la question

De André, "Brassens, mon maître"

Beaucoup d'Italiens sont encore convaincus que Fabrizio De André a été l'auteur de toutes ses chansons et que la version originale du Gorille lui appartient. Ne doutons plus : Le Gorille est bien français. Mais pas de conclusions trop hâtives, De André ne s'est jamais caché de sa passion pour son aîné français : Georges Brassens.

C'est en 1954 que le jeune Fabrizio De André découvre Georges Brassens, célèbre depuis peu. Son père qui voyage régulièrement entre la France et l'Italie, lui ramène les derniers disques d'artistes français tels que Mouloudji, Aznavour ou encore Gilbert Bécaud. Mais c'est en écoutant les chansons de Brassens que la vie de De André prend un tournant musical. Il aurait d'ailleurs dit : "il a bouleversé ma vie. Si j'ai commencé à faire ce métier c'est seulement grâce à lui".

Fabrizio De André commence alors à traduire les chansons de son aîné. Ses productions sont fidèles aux originaux, l'instrumentalisation est identique, et même son interprétation fait écho à la voix de son idole. Certaines des chansons les plus célèbres de l'Italien ne sont autres que les chansons de Brassens, comme Morire per delle idee et Delitto di paese.

Bien qu'il en ait eu l'occasion, De André a toujours refusé de rencontrer son "maître". Une vraie relation à distance, si l'on considère que tous deux ont été en contact, et que l'artiste français ayant pris connaissance du travail de son homologue italien aurait même salué la qualité de son travail. "Brassens a été mon grand modèle, j'ai toujours évité de le connaitre en personne : j'avais trop besoin de le craindre comme mythe. Si en le connaissant, ce mythe s'était écroulé, mon monde aussi se serait écroulé. Si bien que j'ai préféré me l'imaginer à travers ses chansons" expliquait le chanteur italien (Amico Fragile, Fabrizio De André de Cesare Romano, 2000).

Si De André a contribué à faire connaître les chansons de Brassens sur la péninsule, ce n'est pas le seul à les avoir réinterprété en italien. Plus encore, il ne détient pas le palmarès du plus grand nombre de traduction.

L'Italie fan de Brassens

De André a repris neuf chansons de Brassens comme Mourir pour des idées, Le gorille (composée en 1952 et traduite en 1968), La marche nuptiale, Dans l'eau de la claire fontaine, L'assassinat, Les passantes ou encore Le testament.

Brassens a été traduit par de nombreux artistes italiens dont Alberto Patrucco, Beppe Chierici, Giorgio Ferigo, Nanni Svampa, Giacomo Carioti, Daniele Polce. C'est le milanais Nanni Svampa qui arrive en tête du classement des traducteurs. Parmi les textes disponibles en italien, il y a La mauvaise réputation et Chanson pour l'auvergnat traduits par Beppe Chierici mais aussi La mauvaise herbe chanté en dialecte milanais par Nanni Svampa. Au total, plus de 50 chansons de Brassens ont été réinterprétées en italien.

La chanson française italianisée

Brassens n'est pas le seul artiste français à avoir séduit la botte, et d'autres ont eu le privilège de voir leurs chansons adaptées pour le public italien. Voici une petit liste non exhaustive de ce que vous pourrez écouter à loisir en français ou en italien.

Claude François : Le téléphone pleure, traduite par Domenico Modugno (Piange il telefono). Comme d'habitude, écrite par Cloclo en 1967, a été reprise par Paul Anka (My Way) puis par Patty Pravo en Italie (A modo Mio).

J.J Goldman : Elle ne me voit pas devient Lei non vede me avec Richard Cocciante en 1999. Aicha déjà reprise par Khaled, devient Non voglio che amore chez Vittorio Merlo (2007).

Michel Polnareff : La poupée qui fait non est reprise par le groupe Quelli : La bambolina che fa No No No.

Jacques Brel : La chanson des vieux amants devient La canzone dei vecchi amanti quand elle sort de la bouche de Franco Battiato.

Mais les Français aussi ont parfois cherché l'inspiration chez leur voisins Italiens. Ainsi, Parole Parole, chanté pour la première fois en 1972 en Italie a été réinterprétée par Dalida et Alain Delon en 1978.

 

Elise BONNARDEL (www.lepetitjournal.com/rome) Mardi 28 février 2012

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