Elle succède à Francis Repka, qui a piloté la Chambre avec engagement et proximité. Forte de trente ans d’expérience dans de grandes entreprises à l’international, aujourd’hui consultante, enseignante et administratrice, Magali Depras apporte une vision résolument tournée vers la durabilité, l’ouverture et les synergies franco-canadiennes. Dans un entretien accordé au Petit Journal, elle affirme sa volonté de faire de la Chambre un pont,


Une trajectoire à la croisée des continents
Le 19 juin 2025, Magali Depras a officiellement pris ses fonctions comme présidente du conseil d’administration de la Chambre de commerce et d’industrie française au Canada (CCI française au Canada). Une institution qu’elle connaît bien, pour y avoir été membre dès son arrivée à Montréal en 2014, après avoir vécu et travaillé en Allemagne. « Nous avions le choix entre Toronto et Montréal. Ce sont mes enfants et mon mari qui ont tranché. Montréal s’est imposée, à la fois pour sa qualité de vie et sa richesse culturelle. Onze ans plus tard, nous sommes toujours là, citoyens franco-canadiens, enracinés. »
Installée dans le quartier de Rosemont, consultante en stratégie ESG, enseignante à HEC Montréal et à l’UQAM, et membre active de plusieurs conseils d’administration, Magali Depras incarne un profil hybride et contemporain. À l’écoute, mais structurée. Connectée au Québec, mais résolument internationale. Son élection, fruit d’un processus rigoureux mené par le comité de nomination, a été entérinée par l’Assemblée générale de la Chambre. Elle prend la suite de Francis Repka, qui laisse le souvenir d’un président accessible, ancré, soucieux de faire de la Chambre une communauté d’affaires vivante.
Une gouvernance au service de la mission
« Mon rôle n’est pas de me substituer à la direction générale, mais d’en être le soutien stratégique, le sparring partner, dit-elle. Je veux veiller au bon fonctionnement du conseil d’administration, clarifier les rôles, activer les comités, et nourrir une vision claire et partagée. » Avec 33 administrateurs, une belle diversité sectorielle et plus de 40 % de femmes, le conseil représente aujourd’hui un écosystème dynamique. « C’est un réseau de très haut niveau, qui peut porter beaucoup plus qu’on ne le croit. »
Magali Depras connaît bien les mécanismes de gouvernance. Diplômée d’une certification en administration d’entreprise obtenue à l’INSEAD (Institut européen d'administration des affaires), elle siège notamment aux CA d’Éco Entreprises Québec et des Grands Ballets Canadiens. « Je crois à une gouvernance efficace, engagée, responsable. À l’heure où les défis environnementaux, sociaux et économiques s’entrelacent, notre rôle est d’être à l’avant-garde, pas en retrait. »
De la chambre réseau à la chambre passerelle
Ce qui motive cette nouvelle présidente, c’est la capacité de la CCI à jouer un rôle d’interface. « Je souhaite raccrocher l’écosystème de la Chambre au tissu économique canadien et québécois. Trop souvent, les chambres de commerce fonctionnent en silo. Il faut bâtir des ponts avec des institutions locales, comme Montréal International, les organisations publiques et privées, les centres de recherche et les universités. »
Convaincue que le moment géopolitique est propice à un rapprochement entre la France et le Canada, elle y voit une opportunité à saisir. « Les entreprises canadiennes ont longtemps eu les yeux tournés vers le Sud. Mais les tensions commerciales et diplomatiques les poussent à diversifier leurs partenariats. La France et l’Europe sont des partenaires naturels, stratégiques, complémentaires. À nous de faire exister ce lien. »
Elle cite volontiers quelques secteurs clés : transition énergétique, intelligence artificielle, transports, défense. « Ce sont des domaines où nos deux pays ont intérêt à collaborer. Il faut faciliter les mises en relation, l’investissement croisé, les opportunités de marché. La Chambre doit redevenir un acteur clé de cette dynamique. »
Une vision ancrée dans les valeurs et dans l’action
Depuis qu’elle a lancé sa pratique de consultante, Magali Depras accompagne des entreprises canadiennes – souvent québécoises – dans leurs démarches ESG. « Je vois à quel point les entreprises ont besoin d’un accompagnement stratégique, d’un éclairage structurant pour répondre aux exigences de transparence, de gouvernance, de performance extra-financière. » Elle enseigne ces sujets dans deux institutions : à l’école des dirigeants de HEC Montréal, et à l’UQAM auprès d’étudiants à la maîtrise.
« La transmission, c’est aussi une manière de contribuer. »
Cette approche, elle compte l’appliquer à la Chambre. « On peut être exigeant sans être rigide. Structuré sans être figé. Pour moi, il ne s’agit pas d’ajouter des procédures, mais de renforcer la lisibilité de notre action. » Attachée au rayonnement francophone, elle évoque aussi le rôle que pourrait jouer la Chambre dans les débats autour de la langue, de la diversité, et de l’économie responsable.
« Il faut refléter la société dans laquelle nous agissons. »
Une présidence entre continuité et transformation
En prenant la relève de Francis Repka, dont le mandat fut marqué par une grande capacité d’écoute et une attention portée aux liens humains, Magali Depras entend conjuguer continuité et transformation. Gouvernance, durabilité, partenariats stratégiques : son ambition est claire. Il reste à voir comment la Chambre saura incarner ce nouveau souffle et s’imposer comme une interface agile entre les deux rives de l’Atlantique – au service des entreprises… et des idées.
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