Montréal accueille un nouveau service d’autopartage : Leo-Autopartage. Derrière cette initiative se trouve Vulog, entreprise française spécialisée dans les technologies de mobilité partagée. En partenariat avec un groupe de concessionnaires locaux, Vulog a décidé de lancer un service en libre-service « free-floating » avec 600 véhicules.


« On ne voulait pas simplement débarquer avec des voitures, mais avec une offre complémentaire, bien calibrée et prête à rouler dès le premier jour » - Vulog
Fondée en 2006 à Nice, Vulog s’est imposée comme un leader mondial des solutions d’autopartage, avec une présence dans plus de 40 villes. Elle fournit à ses partenaires des plateformes intelligentes permettant la gestion en temps réel des flottes, l’optimisation logistique, et l’amélioration de l’expérience usager. L’IA intégrée permet de prévoir la demande, de redéployer les véhicules, et de maximiser la rentabilité du service.
En 2021, Vulog a lancé à Lyon Leo&Go, un service d’autopartage combinant véhicules thermiques et électriques, devenu rentable en moins de deux ans. Ce modèle, testé à grande échelle, sert aujourd’hui de matrice à Leo-Autopartage.

Un marché accueillant… et exigeant
Montréal n’est pas un terrain inconnu pour l’autopartage. La ville compte parmi les pionnières nord-américaines grâce à Communauto, fondée en 1994. Ce service québécois propose deux offres distinctes : des véhicules stationnés réservables à l’avance, et des voitures FLEX, disponibles en libre-service dans des zones précises. Les utilisateurs bénéficient notamment du droit de stationner dans les zones résidentielles.
Cette diversité d’options, combinée à des tarifs incluant essence, entretien et assurance, a contribué à fidéliser des milliers d’usagers dans la métropole. L’expérience client, la couverture du territoire et la robustesse du service en ont fait un acteur incontournable.
Cependant, Leo-Autopartage peut tirer profit d’un marché mature. Les Montréalais connaissent déjà les usages de l’autopartage, les applications mobiles, les avantages écologiques et économiques. Cela réduit les efforts de pédagogie commerciale. De plus, la ville est déjà dotée des infrastructures essentielles : signalisation, règlements de stationnement adaptés, corridors de mobilité partagée. Leo peut donc se concentrer sur la différenciation.
Tirer les leçons des échecs passés
Ce contexte favorable n’a pas empêché certains acteurs de trébucher. En 2018, Car2Go a quitté Montréal malgré une demande apparente. La raison : une inadéquation entre le modèle économique, les règles municipales de stationnement, et la difficulté à atteindre la rentabilité. D’autres services plus discrets ont tenté de s’implanter, sans parvenir à durer.
Même Communauto, malgré sa longévité, a récemment connu des freins à l’expansion en raison de la pénurie de véhicules et de contraintes réglementaires. La réalité du marché montre que la solidité technologique ne suffit pas : il faut aussi de l’agilité, un ancrage local, et une capacité d’adaptation aux imprévus.
Retours d'utilisateurs montréalais qui ont utilisé Leo-Autopartage
Approvisionnement et financement : deux obstacles franchis
Monter une flotte de 600 véhicules en huit mois a été un véritable défi logistique pour Vulog. Il a fallu trouver un partenaire local capable de livrer rapidement, malgré les tensions sur le marché de l’automobile. L’objectif : disposer de modèles robustes, fiables et faciles à entretenir, capables de résister aux rigueurs de l’hiver montréalais comme aux contraintes d’un usage intensif.
Le financement s’est avéré tout aussi complexe. Rares sont les sociétés de leasing prêtes à soutenir un projet de cette ampleur dans le secteur de la mobilité partagée. Mais grâce à la crédibilité acquise avec Leo&Go et à la visibilité du marché montréalais, Vulog a fini par obtenir l’appui de Foss National Leasing — un accord scellé symboliquement la veille de Noël.
Une équipe montréalaise formée à Lyon
L’équipe opérationnelle du service, composée de trois personnes clés (direction générale, opérations et marketing), a été recrutée localement. Loin de rechercher des CV traditionnels dans le secteur de la mobilité, Vulog a misé sur des profils jeunes, enthousiastes et ancrés dans leur communauté.
Ces nouveaux collaborateurs ont été envoyés en formation à Lyon, en immersion auprès de l’équipe Leo&Go. « Ce n’est pas qu’un transfert de compétences, c’est un transfert de culture », précise Vulog. De retour à Montréal, ils sont désormais chargés de piloter le service dans un esprit entrepreneurial et coopératif.
Une technologie pensée pour l’agilité
La promesse de Leo-Autopartage repose aussi sur une interface simple, une inscription rapide, et un suivi de la disponibilité des véhicules en temps réel. Vulog mise sur des algorithmes de repositionnement automatique, des modules d’analyse prédictive et une capacité à intégrer les retours clients pour ajuster l’offre en continu.
Les véhicules Leo, repérables via l’application mobile officielle, sont équipés de vignettes de stationnement 403, autorisant leur stationnement dans les zones réservées aux services d’autopartage. Certains parcomètres du centre-ville sont également accessibles, moyennant un coût additionnel. L’application permettra à l’utilisateur de localiser, réserver, déverrouiller et terminer une location entièrement sans contact.
Cette combinaison de technologie, d’ancrage local et de flexibilité opérationnelle pourrait bien permettre à Leo de s’imposer comme une alternative sérieuse et innovante dans le paysage montréalais.
L’appli et toutes les infos pratiques sont ici
Un nouveau chapitre pour l’autopartage à Montréal
Avec Leo-Autopartage, Vulog parie sur une implantation rapide et bien pensée dans une ville déjà familière avec les enjeux de mobilité partagée. En tirant les leçons du passé et en misant sur l’innovation, l’équipe espère s’ancrer durablement dans le paysage montréalais. La greffe franco-québécoise prendra-t-elle ? Montréal est-elle prête à écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de l’autopartage ?