Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

De la Normandie aux neiges de Québec : l’odyssée canadienne d’une famille française

En quittant la France pour les vastes horizons enneigés du Québec, la famille Godefroy-Hoareau s’est lancée dans une aventure pleine de défis et de découvertes. Entre la recherche de nouvelles opportunités professionnelles, l’adaptation à un climat rigoureux et la navigation dans un nouveau système de santé, leur parcours d’expatriation est un véritable exemple de résilience. Aujourd’hui, après des années d’efforts et de persévérance, ils peuvent enfin appeler le Canada leur foyer, un rêve devenu réalité.

Famille Godefroy-HoareauFamille Godefroy-Hoareau
La famille Godefroy-Hoareau arrivé au Québec, aujourd'hui dans la région d'Ottawa - photo gracieuseté de la famille
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 1 octobre 2024, mis à jour le 1 octobre 2024

Le départ : Une décision audacieuse

Fabrice Godefroy n'était pas de ceux qui choisissent la facilité. En 2015, lui et sa famille décident de quitter la région parisienne pour s'installer au Canada, plus précisément au Québec. Un choix guidé par la volonté de sortir de leur zone de confort et d’explorer de nouvelles perspectives. "On aurait pu tout aussi bien déménager dans le sud de la France, mais ce choix-là ne nous aurait pas poussés à nous dépasser", raconte Fabrice, encore marqué par cette période décisive.

Un saut dans le vide sans retour en arrière

Loin d'un simple projet d'expatriation, cette aventure a été mûrement réfléchie. Durant trois ans, Fabrice et sa conjointe multiplient les voyages exploratoires pour choisir la région qui correspondrait le mieux à leur nouvelle vie. "On a visité Saguenay, Montréal, Québec, toujours avec l’idée de trouver l’endroit où nous pourrions nous installer", se souvient Fabrice. Ils participent à des conférences organisées par l’ambassade du Canada à Paris, où différentes provinces présentent leurs avantages et leurs défis pour les expatriés.

Assez rapidement, le Québec s’est imposé comme une évidence. "Mon anglais est limité", admet Fabrice avec humour. "Ma femme, elle, est trilingue, mais pour moi, il fallait un pays francophone où je pouvais continuer à travailler dans ma langue. Alors on a regardé la carte, et on a vite réalisé que le Québec était la meilleure option."

L'appel du Canada et la première opportunité

Ce rêve canadien prend une tournure concrète lorsque, par un heureux hasard, Fabrice est contacté via LinkedIn par un expatrié français travaillant dans le domaine de la qualité de l'air. Une opportunité professionnelle s’ouvre pour lui, et après une entrevue réussie en février, Fabrice obtient son permis de travail en quelques mois. En août 2015, il pose le pied au Québec, seul pour commencer, laissant derrière lui sa famille qui le rejoindra progressivement.

L'arrivée au Québec : adaptation et découvertes

Avec une valise et une paire de skis pour affronter l’hiver, Fabrice s’installe à Québec. Cette arrivée en plein mois d’août ne ressemble en rien à une simple installation : "On est venu avec le strict minimum, tout le reste est resté en France. C'était une vraie volonté de repartir de zéro". Les premières semaines sont difficiles. Seul face à l'inconnu, il doit jongler avec une nouvelle culture, des démarches administratives complexes, et un rythme de travail beaucoup plus intense qu’en France.

La famille Godefroy-Hoareau adore la neige
La neige, l'élément que Fabrice Godefroy adore 

Malgré cela, une anecdote marquante résume bien l'état d'esprit de Fabrice : "Un matin d’hiver, je dépose mes enfants à l’école et je marche 35 minutes dans la neige, par -15 degrés. Pour moi, la neige, c’était synonyme de vacances. Quand j’étais enfant, chaque année, je partais en montagne pour les sports d’hiver, alors, ici, marcher dans la neige pour aller au travail, c’était un plaisir."

Les défis du quotidien : entre nostalgie et adaptation

L’un des premiers chocs pour la famille Godefroy-Hoareau a été… le fromage ! En Normandie, le fromage est sacré. "Chez nous, c’était toujours sur la table, en grande quantité, un indispensable à chaque repas. Mais ici, au Québec, le fromage coûte cher, et ce n’est pas du tout la même chose." Les enfants, habitués à savourer de délicieux fromages normands, ont dû s’adapter à cette nouvelle réalité.

Le quotidien n’est pas sans défis. "La cantine à l’école, ici cela n’existe pas. Les enfants ont dû s’habituer à des sandwichs, même par -20 degrés à l’école." Ce genre de petit détail, anodin en apparence, symbolise l’ampleur du changement auquel Fabrice et sa famille ont dû faire face.

L’adaptation au mode de vie québécois, notamment au travail, est tout aussi révélatrice. Habitué aux 35 heures et aux pauses café prolongées en France, Fabrice découvre un rythme bien différent au Québec : "Ici, la pause café, c’est devant l’ordinateur, et on mange souvent en 30 minutes. Tout est plus direct, mais aussi plus flexible."

Le grand Nord et l’esprit d’aventure

Travaillant dans le domaine de la qualité de l'air, Fabrice a eu l’occasion de découvrir des régions éloignées et peu accessibles du Québec, comme Fermont, le Labrador ou encore Port-Cartier. "J’ai parcouru plus de kilomètres en deux ans au Québec que dans toute ma vie en France", plaisante-t-il. Ces voyages lui permettent d’apprécier l’immensité de la province, mais aussi de comprendre les réalités climatiques et géographiques de son nouveau pays.

Un défi familial : l’école anglophone et la santé

L’éducation des enfants a aussi été un enjeu majeur. "Nous voulions que nos enfants aient une éducation anglophone, ce qui était déjà notre souhait en France. Québec nous a permis de concrétiser cela dès notre arrivée." Ce choix s’est avéré stratégique pour l’avenir de leurs enfants, mais la question de la santé a vite pesé dans la balance. "Nous avons réalisé qu’au Québec, il était difficile d’avoir un médecin de famille. Après trois ans d’attente, nous n’avions toujours pas de médecin. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons finalement déménagé à Ottawa."

Là-bas, les choses ont été différentes. "Dès notre arrivée en Ontario, nous avons eu un médecin de famille, presque immédiatement. C’était un vrai soulagement." Ce déménagement a aussi permis à leurs enfants de continuer leur scolarité dans une école anglophone, tout en suivant le programme français via le CNED. "C’était important pour nous de garder ce lien avec la France."

La famille Godefroy-Hoareau maintenant canadienne
La citoyenneté : un aboutissement symbolique

En janvier 2024, après plusieurs années d’efforts et de patience, la famille Godefroy-Hoareau obtient enfin la citoyenneté canadienne. Ce moment représente une étape symbolique dans leur aventure. "La cérémonie de citoyenneté a été un moment fort pour nous. Cela a concrétisé notre parcours, notre intégration. Nous étions enfin Canadiens."

Un bilan positif malgré les défis

Aujourd’hui, la famille Godefroy-Hoareau est installée à Ottawa, où elle a trouvé un nouvel équilibre. Fabrice continue de travailler à Montréal, tandis que sa famille profite de la tranquillité de l’Ontario. "Ce n’est pas toujours facile de jongler entre deux provinces, mais nous sommes heureux."

Cette aventure a transformé la famille Godefroy-Hoareau à bien des égards. "Je n’aurais jamais pu accomplir en France ce que j’ai fait ici, tant sur le plan personnel que professionnel. Le Québec et le Canada nous ont offert des opportunités incroyables. Nous avons fait des choix difficiles, mais en fin de compte, nous sommes restés fidèles à notre décision de changer de vie."

Une nouvelle vie construite avec résilience

Le parcours de Fabrice Godefroy et de sa famille est un exemple de résilience et d’adaptation face à l’inconnu. Loin d’être un long fleuve tranquille, leur expatriation a été marquée par des hauts et des bas, des moments de doute et des réussites inattendues. Aujourd’hui, avec la citoyenneté canadienne en poche, ils regardent l’avenir avec confiance, tout en savourant chaque étape de cette aventure. "Il n’y a pas de pays idéal, mais pour notre part, on sait d’où on vient et où on veut aller."

 

Bertrand de Petigny
Publié le 1 octobre 2024, mis à jour le 1 octobre 2024

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions