Pour certains, Saguenay est une ville fusionnée. Pour d’autres, c’est une région aux paysages majestueux, ou un fleuve mythique dans la tradition innue. Dans les faits, Saguenay désigne à la fois une ville, une rivière, une vallée, et une partie de la région administrative du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Petit guide pour s’y retrouver.


Officiellement, la ville de Saguenay n’existe que depuis 2002. Elle résulte de la fusion de plusieurs municipalités, dont Chicoutimi, Jonquière, La Baie, Laterrière et d’autres entités plus petites comme Arvida ou Kénogami. L’objectif ? Rassembler les forces administratives, créer une cohérence territoriale et mieux répartir les ressources.
Mais cette fusion n’a pas fait disparaître les identités locales. Aujourd’hui encore, les habitants disent souvent « je vis à Chicoutimi » ou « je travaille à Jonquière », bien que ces quartiers soient désormais des arrondissements de Saguenay. Cette persistance culturelle complique parfois la compréhension du territoire, surtout pour les nouveaux arrivants.
Une région… qui n’en est pas une
Au-delà de la ville, on parle fréquemment du Saguenay comme d’une région. Mais attention : il ne s’agit pas d’une région administrative à part entière. Le Saguenay est en fait la partie est de la région administrative nommée Saguenay–Lac-Saint-Jean, dont l’autre moitié est occupée par la zone du Lac-Saint-Jean.
La distinction est autant géographique que culturelle. Le Saguenay est centré autour de la rivière Saguenay, de ses fjords spectaculaires et des villes industrielles historiques. Le Lac-Saint-Jean, quant à lui, évoque de grandes terres agricoles, un vaste plan d’eau, et une identité plus rurale. Les deux sous-régions ont chacune leur accent, leurs références, et parfois… une pointe de rivalité bon enfant.
Une rivière, un mythe, un territoire
Avant d’être une ville ou une sous-région, le Saguenay est d’abord une rivière, longue de 155 km, qui relie le lac Saint-Jean au fleuve Saint-Laurent. C’est l’une des rares rivières à débit inverse au monde, célèbre pour ses falaises, ses bélugas et ses croisières.
Mais c’est aussi un lieu chargé de récits. Dans la tradition innue, Sagenay désignait un royaume mythique au nord du fleuve, riche en métaux précieux, qui aurait fasciné les explorateurs européens du XVIe siècle. Jacques Cartier lui-même en aurait entendu parler au cours de ses expéditions.
Pour résumer « Saguenay » identifie :
Terme |
Statut |
Description |
Saguenay (ville) |
Ville fusionnée (depuis 2002) |
Regroupe Chicoutimi, Jonquière, La Baie, etc. ; environ 150 000 habitants. |
Saguenay–Lac-Saint-Jean |
Région administrative du Québec |
Région officielle englobant Saguenay (ville et vallée) et le Lac-Saint-Jean. |
Saguenay (région naturelle) |
Sous-région non officielle |
Partie est du Saguenay–Lac-Saint-Jean ; centrée sur la vallée de la rivière. |
Rivière Saguenay |
Cours d’eau (155 km) |
Relie le lac Saint-Jean au fleuve Saint-Laurent ; célèbre pour ses fjords. |
Saguenay (mythe) |
Lieu légendaire |
Royaume fabuleux relaté à Jacques Cartier par les peuples autochtones. |
Et ce n’est pas tout…
Une autre particularité de cette région est qu’elle abrite un fjord, le seul fjord intracontinental accessible et aménagé pour le tourisme au Québec. Le fjord du Saguenay est une vallée glaciaire envahie par la mer, située à l’embouchure de la rivière Saguenay, qui se jette dans l’estuaire du Saint-Laurent. En profondeur, le fjord est rempli d’eau salée froide provenant de l’estuaire maritime, tandis qu’en surface, il est alimenté par de l’eau douce plus chaude provenant des rivières et du lac Saint-Jean.
Ainsi, le fjord du Saguenay est à la fois une rivière et une mer : ses eaux profondes sont marines, connectées à la mer via l’estuaire, et il fait partie du Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, une aire marine protégée.
Un nom aux multiples visages
Le mot Saguenay condense une réalité géographique, une histoire locale, une mémoire autochtone et une construction politique récente. Qu’on l’évoque pour parler de la ville, de la vallée, de la rivière ou de la région naturelle, il révèle à quel point les territoires québécois ne se laissent pas enfermer dans des définitions simples. Et si cette pluralité faisait justement la richesse du Saguenay ?