Le 10 août, l’émission Par mots et par vaux, animée par le journaliste, écrivain Markendy Simon sur CISM, reçoit le compositeur et interprète André Pappathomas, figure incontournable du chant choral québécois. Une rencontre qui prépare le terrain pour Les Chants d’Asbiaule, concert du 23 août où poésie, musique et improvisation se conjuguent sur scène.


Un journaliste au service de la culture
Né à Port-au-Prince le 1er juillet 1986, Markendy E.J Simon est journaliste et écrivain. Après un baccalauréat de quatre ans en droit, il exerce comme juriste en Haïti et s’apprête à devenir avocat lorsqu’il quitte le pays, au sixième jour de son stage, pour poursuivre ses ambitions au Québec. À son arrivée, il s’inscrit au programme d’actualisation en droit de l’Université de Montréal, qu’il vient de terminer, et il est aujourd’hui étudiant à l’École du Barreau du Québec, où il se prépare à devenir avocat québécois l’année prochaine.
Depuis 2006, Markendy œuvre au renforcement des capacités culturelles dans des régions dépourvues d’infrastructures, militant pour un meilleur accès à la lecture, à la culture et à l’information, aussi bien pour les populations que pour les acteurs étatiques et non étatiques.
Défenseur infatigable de la littérature et de la filière du livre, il représente et valorise cet univers en milieu anglophone et francophone, du siège des Nations Unies à New York à la Guadeloupe, en passant par la France, le Japon, la République dominicaine, Amsterdam et le Mexique.
Lauréat 2016 du Prix GRAHN de la littérature d’expression francophone, il collabore avec des maisons d’édition, des revues et des organisations internationales qui militent pour la démocratie, le droit à la parole et le droit d’auteur. Polyglotte, il parle et écrit le créole haïtien, le français, l’anglais, l’espagnol et l’allemand.
Depuis septembre 2024, il anime sur CISM Par mots et par vaux, une émission de poésie « topographique » diffusée chaque dimanche de 12 h à 13 h. Le programme met en lumière des lieux emblématiques et identitaires du Québec à travers le regard d’une trentaine de poètes francophones, navigateurs, cyclistes, randonneurs, archéologues ou horticulteurs. Entre textes littéraires, chansons, cinéma, photographie ou peinture, l’émission célèbre l’accueil, promeut la culture locale et nationale et renforce le vivre-ensemble pour un Québec plus inclusif et compétitif.

Un entretien sous le signe de la création
Dans l’édition du 10 août (reprise le 13), Markendy Simon échange avec André Pappathomas sur la « relation siamoise » entre poésie et musique, ainsi que sur sa méthode d’« improvisation contrôlée » développée depuis les années 1990. Le fondateur de l’ensemble Mruta Mertsi se confie : « Je cherche dans le son la matière première de l’inspiration », revenant sur son cheminement du rock et du free jazz vers un univers choral contemporain ouvert à l’expérimentation.
Une émission qui ouvre les oreilles
Dans Par mots et par vaux, Markendy Simon entraîne André Pappathomas sur le terrain sensible où se rencontrent poésie et musique. Ensemble, ils évoquent ses projets où dix chœurs issus de dix communautés culturelles chantent dans leur langue — arabe, chinois, créole, français — livrant ainsi toute la musicalité propre à chacune. « J’aime entendre les mots ralentis, sentir les syllabes s’enchaîner, puis en faire naître une composition », confie Pappathomas. Une conversation riche, ponctuée d’anecdotes et de réflexions sur la voix humaine, qui donne à l’auditeur l’impression d’entrer dans l’atelier intime du compositeur.
Les Chants d’Asbiaule, hommage à Claude Gauvreau
Le 23 août, au cœur de Montréal, Pappathomas présente Les Chants d’Asbiaule, une immersion dans l’œuvre poétique du montréalais Claude Gauvreau. Entouré d’un ensemble d’exception — Virginie Mongeau, Élisabeth Lima, Rachel Burman, Marie-Claude de Chevigny, Adrian Foster, Daniel Leroux et Olivier Maranda — il transforme les mots en matière sonore par une mise en scène mêlant voix, instruments inventés et percussions. « C’est une invitation à entendre la poésie autrement, à travers ses résonances musicales », explique-t-il.
Claude Gauvreau a laissé une poésie marquée par l’invention lexicale, la glossolalie et l’exploration des limites du langage. Les textes présentés dans ses publications, et notamment dans des ressources universitaires et numériques, témoignent de son goût pour l’onirisme, le surréalisme et l’ambiguïté des titres et symboles.
Un concert pensé pour l’écoute
Le 23 août, à l’église du Sacré-Cœur de Jésus, à Montréal, Les Chants d’Asbiaule feront résonner la poésie exploréenne de Claude Gauvreau dans un écrin sonore pensé pour préserver chaque mot. Pappathomas y déploiera un dispositif intimiste : quatre enceintes entourant public et musiciens dans le sanctuaire, pour un son clair et enveloppant. « Il faut que tout le monde comprenne tout », insiste-t-il. Deux représentations — à 16 h et 19 h 30 — permettront de savourer cet univers où voix, instruments inventés et poésie se mêlent, portés par des artistes complices comme Rachel Burman au violoncelle ou Olivier Maranda aux percussions.
L’empreinte de l’ensemble Mruta Mertsi
Fondé en 1993, l’ensemble Mruta Mertsi façonne un style singulier, alliant traditions vocales occidentales et orientales. Du toit d’un immeuble à la Place des Arts, de festivals internationaux aux rues animées, ses prestations prennent vie dans des lieux inattendus. « Nous cherchons à faire cohabiter le déterminé et l’aléatoire, le baroque et le contemporain », résume Pappathomas. Une esthétique libre et audacieuse qui promet de marquer le spectacle Les Chants d’Asbiaule.
Deux rendez-vous à ne pas manquer
Entre la profondeur des mots de Gauvreau et la liberté musicale de Pappathomas, l’émission du 10 août et le concert du 23 forment un diptyque rare, où la radio prépare l’oreille à la scène. Reste à savoir si le public se laissera emporter par ce voyage où la poésie, libérée de la page, trouve enfin sa voix.












