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La francisation en péril au Québec : le cri d’alarme du commissaire Dubreuil

Dans une déclaration publiée ce 4 décembre, le commissaire Benoît Dubreuil dénonce la fin des cours de francisation dans plusieurs centres de services scolaires. Une situation qui soulève des questions sur la capacité du Québec à répondre aux défis linguistiques d’aujourd’hui.

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Au Québec, des milliers d’élèves privés de francisation - Illustration LPJ
Écrit par Lepetitjournal Montreal
Publié le 5 décembre 2024

 

 

« Les ruptures de service observées cet automne soulèvent des enjeux importants pour l’intégration des personnes immigrantes. »
Benoît Dubreuil, Commissaire à la langue française 


 

 

Depuis le début de l’année scolaire, les fermetures de classes de francisation dans les centres de services scolaires (CSS) ont laissé des milliers d’élèves en attente de cours de français. Ce phénomène est dû à de nouvelles règles budgétaires instaurées par le ministère de l’Éducation, qui ont restreint le financement destiné à ces formations. Comme le souligne Benoît Dubreuil : « Ces ruptures de service ont des répercussions profondes sur l’intégration des nouveaux arrivants. »


 

La francisation désigne le processus par lequel une personne ou une communauté adopte la langue française, souvent pour faciliter son intégration dans une société francophone. Ce terme englobe l'enseignement du français à des non-francophones vivant dans des régions ou pays francophones, avec pour objectif de leur permettre de développer leur autonomie, de jouer un rôle de citoyen responsable et de développer un sentiment d'appartenance à la société d'accueil.

 

Au Québec, la francisation s'inscrit dans une démarche institutionnelle visant à renforcer l'usage du français. Le gouvernement offre des cours de français gratuits aux personnes de 16 ans et plus domiciliées dans la province, afin de faciliter leur intégration linguistique, culturelle et sociale. 


 

 

Une gestion budgétaire sous le feu des critiques

La répartition des fonds en fonction des effectifs de 2020-2021, une période marquée par une faible demande, a exacerbé les inégalités régionales. Certaines zones, où les CSS étaient les seuls prestataires, se retrouvent sans solution alternative. Pour le commissaire, cette planification est symptomatique d’un manque de concertation : « Un meilleur travail de planification entre le MIFI, le MEQ et les CSS aurait pu éviter cette situation. »

 

CSS - centres de services scolaires 
CS - commissions scolaires
MIFI - ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration
MEQ - ministère de l’Éducation du Québec 
FQ - Francisation Québec 

 

 

Enseignants impactés, expertise fragilisée

Outre les élèves, les enseignants spécialisés en francisation sont directement touchés. Beaucoup ont vu leur contrat prendre fin, risquant de faire disparaître une expertise précieuse dans le réseau scolaire. La perte de cette main-d'œuvre qualifiée pourrait compliquer encore davantage la relance des services.

 

Un déséquilibre structurel persistant

 

Le commissaire relie ces difficultés à une demande croissante due à l’arrivée massive de travailleurs étrangers temporaires. Malgré une augmentation notable du nombre de places en 2024, la capacité d’accueil reste insuffisante. « Les consultations prévues au printemps 2025 devront impérativement envisager des solutions pérennes pour répondre à la demande », avertit Benoît Dubreuil.


 

Quelle stratégie pour l’avenir ?

 

Cette déclaration met en lumière des enjeux cruciaux pour l’avenir linguistique du Québec. Comment le gouvernement compte-t-il résoudre ces déséquilibres structurels ? Les consultations de 2025 permettront-elles de corriger ces lacunes ? Et surtout, quels seront les impacts à long terme pour les communautés touchées par ces ruptures de service ? Autant de questions qui restent sans réponse.

 

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