Créée en 1944 dans le tumulte de la Seconde Guerre mondiale, l’Académie des lettres du Québec s’apprête à souffler ses 80 bougies. Entre héritage littéraire, dialogue avec les créateurs et ouverture citoyenne, l’institution s’offre une célébration mémorable le 26 septembre, suivie d’un rendez-vous radiophonique.


On dit que des périodes effervescentes naissent des choses durables. Entre 1931 et 1945, alors que le monde s’embrasait, le Québec voyait naître une institution appelée à marquer son histoire culturelle : l’Académie des lettres du Québec. Autour du professeur Victor Morin, auteur du Code Morin, se rassemblèrent une quinzaine d’historiens, poètes, romanciers et essayistes — Lyonel Groulx, Robert Choquette, Alain Grandbois ou encore Marius Barbeau — pour poser les bases d’une mission claire : défendre et promouvoir la langue française au Québec et au Canada.
Le contexte était propice : Félix-Antoine Savard venait de publier Menaud, maître-draveur (1937), Roger Lemelin Au pied de la pente douce (1944), et Gabrielle Roy s’apprêtait à offrir Bonheur d’occasion (1945). La littérature québécoise trouvait sa voix, tandis que le sport et la politique vibraient au rythme des exploits de Maurice Richard et de la visite annoncée du général de Gaulle.
Huit décennies d’engagement
« La création de l’Office québécois de la langue française a permis à l’Académie de se doter d’outils plus efficaces non seulement pour défendre mais aussi pour rehausser la langue française à travers le Canada et à l’échelle internationale », souligne Laurier Lacroix, professeur émérite de l’UQAM et secrétaire de l’Académie de 2014 à 2023.
Aujourd’hui composée de cinquante académicien·nes, l’Académie n’a cessé de se réinventer pour assurer la transmission de l’héritage littéraire québécois, du passé au présent. Ses prix littéraires — poésie, roman, essai, théâtre — en témoignent, de même que la création récente du prix Nicole et Martel de la traduction, en hommage à son président disparu. Comme l’écrivaient Le Devoir et Le Monde, l’Académie incarne « une vision partagée d’un accès équitable à la culture, à l’éducation et à la participation citoyenne ».

Une soirée festive le 26 septembre
À l’occasion des 80 ans de l’Académie, la poète Denise Desautels a imaginé une grande soirée qui se tiendra le 26 septembre 2025, organisée avec le soutien de Rhizome, de la Fondation Guido Molinari et du FIL 2025. Les membres de l’Académie se joindront aux lauréat·es de ses prix littéraires pour ouvrir un dialogue entre histoires littéraires, sociales et politiques.
La mise en scène, signée Lise Vaillancourt avec Olivier Kemeid comme maître de cérémonie, réunira de nombreux créateurs : Martine Audet, Nicole Brossard, Daniel Canty, Jean-Paul Daoust, Monique Proulx, Rodney Saint-Éloi, Evelyne de la Chenelière, Jean-Marc Desgent, Christian Guay Poliquin, Catherine Lalonde, Vincent Lambert, Élise Turcotte. Blanche Baillargeon (contrebassiste) et Chantale Morin (pianiste) assureront l’accompagnement musical. Les archives de l’Académie seront mises en valeur par Laurier Lacroix et Lise Vaillancourt. La scénographie est signée Marco Dubé, la coordination Enzo Giacomazzi.
Un rendez-vous radiophonique
En écho à cette soirée, l’émission Poésie par mots et par vaux consacrera son prochain numéro à l’Académie et à son histoire. Animée par Markendy Simon et Loubelky S. Thémoniste, elle recevra Laurier Lacroix pour évoquer le rôle et les engagements de l’institution. Diffusion : dimanche 28 septembre à midi sur CISM 89.3 FM, reprise mercredi 1er octobre à 10h.
Une aventure toujours en marche
Huit décennies après sa fondation, l’Académie des lettres du Québec poursuit son chemin avec la même énergie : défendre, transmettre et célébrer la littérature. « Ce n’est pas que l’histoire doit finir, c’est qu’elle est loin d’être terminée », rappelle un adage repris par ses membres.
La fête du 26 septembre et la voix des ondes ne sont qu’une étape : reste à voir quelles nouvelles pages s’écriront pour prolonger cette aventure humaine et culturelle.






