À Montréal comme à Saguenay, le 14 juillet s’est transformé en une véritable déclaration d’amour à la France et à ses traditions. L’Union française a rassemblé des centaines de personnes Place Viger autour de sa Feria, tandis que le Consulat célébrait la République à Hochelaga avec artisans et musique. Retour sur deux jours hauts en couleurs.


Dès le samedi 12 juillet, la Place Viger s’est métamorphosée en bastion tricolore. Sous un soleil de plomb, les premiers visiteurs sont arrivés timidement, freinés par la chaleur. Mais lorsque la soirée s’est installée, la foule s’est densifiée autour des jeux, des stands de restauration, et des brumisateurs bienvenus. « On voulait une fête populaire, festive et inclusive, à l’image du vivre-ensemble montréalais », a lancé Yan Niesing, président de l’Union Française de Montréal, vêtu d’un bandana rouge comme une promesse d’été méditerranéen.

La fête mêlait l’esprit du 14 juillet à celui des ferias du Sud : fanfare de la Banda Loca, Ricard en terrasse, chants à tue-tête, tous les ingrédients de la fête populaire étaient bien présents. Malgré une inondation ayant privé l’organisation d’électricité deux semaines avant l’événement, l’équipe bénévole a tout repensé. « On a fait avec 0% d’électricité, mais 100% de cœur », résumait le président.

Le 14 juillet sous le signe de la solidarité
En fin d'après-midi, la Consule générale de France, Marie Lapierre, a ouvert la soirée en rappelant les valeurs de la fête nationale : liberté, égalité, fraternité. Elle a rendu hommage à l’Union française, « le cœur de la communauté française à Montréal depuis plus d’un siècle ». Elle a aussi souligné l’importance du projet ambitieux de rénovation de l’Union, appelée à devenir la Maison France Montréal, un futur lieu phare de culture et d’accueil.
« Cette fête n’existe que grâce à la mobilisation populaire, aux artistes bénévoles, aux partenaires locaux et à l’enthousiasme collectif », a-t-elle rappelé, invitant chacun à faire un don ou à acheter un billet solidaire. Une manière concrète de prolonger l’esprit du 14 juillet au-delà des festivités.

À Hochelaga, les régions de France à l’honneur
Le dimanche, c’est dans le quartier d’Hochelaga qu’on a poursuivi les réjouissances, cette fois sous l’égide du Consulat de France à Montréal. La menace de pluie n’a pas réussi à ternir l’ambiance conviviale qui régnait sur l’esplanade, animée par des stands d’artisans, une fresque murale réalisée pour l’occasion, et des dégustations régionales. Mais le déluge qui s'est abattu sur Montréal en fin d'après-midi a forcé une retraite anticipée.

Mention spéciale pour les madeleines fleuries et poétiques d’Émilie, formée à Lyon et installée sur la rue Mont-Royal, qui a littéralement réinventé ce classique de la pâtisserie française. « On en a fait 45 variations selon les saisons. La Madeleine, c’est un support créatif sans limites », confiait-elle. Non loin de là, Laurence Spagnolo Moriéri présentait les spécialités des Alpes, preuve que la nostalgie des terroirs peut devenir un succès entrepreneurial. « En moins d’un an, mes produits sont distribués dans tout Montréal », racontait-elle fièrement.

L’Outre-mer en partage
Parmi les figures engagées présentes à Hochelaga, Sabine Monpierre incarnait avec passion la richesse des cultures ultramarines. À travers son association L’Arbre du Voyageur, elle fait rayonner la mémoire, les traditions et les savoirs des Outre-mer, tout en tissant des ponts avec le Québec. Originaire de Guadeloupe, Sabine propose des ateliers, des expositions et des rencontres qui mettent en valeur les héritages afro-caribéens dans une approche résolument inclusive.
« Le 14 juillet, c’est aussi l’occasion de rappeler que la République est une et indivisible, mais plurielle dans ses visages et ses cultures », expliquait-elle depuis son stand coloré, où se mêlaient littérature antillaise, objets artisanaux et sourires. Grâce à des initiatives comme la sienne, la fête nationale prend une dimension résolument ouverte sur le monde, fidèle à l’esprit d’universalité républicaine.

Des parfums de la France entière
Qu’elle soit sucrée ou salée, la fête a aussi passé par l’assiette. Pendant deux jours, les stands gourmands ont régalé les visiteurs avec une incroyable variété de saveurs. Du côté des îles, les incontournables accras – croustillants à souhait – ont fait voyager les papilles jusque dans les Antilles.
Sur d’autres étals, les viennoiseries dorées, les madeleines poétiques, les foies gras truffés ou natures, les oursons à la guimauve enrobés de chocolat rivalisaient de générosité. Le fumet des grillades de Sis, omniprésent aussi bien le 12 à la Place Viger que le 13 à Hochelaga, attirait irrésistiblement les promeneurs, créant des files aussi joyeuses que patientes. « C’est un peu comme une fête de village… sauf que le village, c’est la France entière », glissait un visiteur, un sandwich dans une main, un cannelé dans l’autre.
C’était sans doute cela, l’esprit de ces célébrations : une grande table ouverte à tous, où les saveurs racontent les histoires, les origines et les liens qui unissent.

Des liens renforcés entre France et Québec
Les célébrations à Saguenay, organisées par la Consule honoraire Coralie Monneret dans une atmosphère plus intimiste mais tout aussi chaleureuse, ont prolongé cette dynamique. Entre musique, discussions, et partages culinaires, elles ont souligné une fois encore l’attachement de la communauté française aux valeurs républicaines, mais aussi son ancrage profond dans la société québécoise.
Radio Canada parle du 14 juillet à Saguenay

Une fête qui rassemble
Loin du tumulte révolutionnaire et du sang versé en 1789, le 14 juillet au Québec célèbre aujourd’hui une France vivante, ouverte et rassembleuse. Ce n’est plus la prise d’une forteresse qu’on commémore, mais le goût de la fête, du lien et du partage. Sur les places de Montréal et de Saguenay, ce sont la musique, les sourires et la solidarité qui ont pris le relais de l’histoire, donnant à la fête nationale une résonance chaleureuse et actuelle.
Et si, dans les années à venir, le 14 juillet devenait ici l’un des temps forts de l’été québécois ?
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