Qualité de vie : photographie du bien-être dans les villes italiennes

C’est une première pour Bergame. La ville lombarde remporte la tête du classement 2024 du Sole 24 Ore,  publié ce lundi, qui photographie la qualité de vie à travers la Péninsule. Bergame devient un symbole de résilience 4 ans et 9 mois après une douloureuse scène qui a marqué le monde entier, lorsque le 18 mars 2020, une longue file de camions militaires transportant des victimes du Covid, roulait dans les rues de la ville. A l’époque, Bergame était 52e au classement du Sole 24 Ore. Depuis, la ville lombarde s’est dignement relevée : elle était capitale de la culture (avec Brescia) en 2023, son théâtre Donizetti et l’Académie Carrara ont été requalifiés, son taux de chômage s’est consolidé au plus bas, sous la barre des 3%, et ses grandes et moyennes entreprises excellent à l’export.

Six autres villes et provinces de Lombardie – Monza et Brianza, Crémone, Come, Milan, Lecco et Brescia - se distinguent parmi les 20 premières places du classement sur la Qualité de vie du Sole 24 Ore. L’enquête se fonde sur 90 indicateurs issus de sources certifiées, tel que l’Institut national des statistiques, divisés en six catégories.

Derrière Bergame, on trouve deux habitués des podiums : Trente et Bolzano. Les provinces autonomes excellent dans plusieurs domaines, notamment en matière de démographie, de santé et de société, mais aussi pour les dépôts bancaires, le nombre réduit de familles à faible revenu et le taux d'emploi élevé.

Qualité de vie : le triomphe du Nord-est de l’Italie

Le top 10 du classement voit une prédominance des régions du Nord-est avec un grand nombre de provinces du Trentin Haut Adige, de Lombardie et de Vénétie. La province Monza et Brianza est 4e, suivie par Crémone (5e), Udine (6e), Vérone (7e) et Vicence (8e), puis Crémone et Ascoli Piceno (toutes deux 10e). Bologne (9e) est la seule grande ville a figurer parmi dans le top 10.

Recul du bien-être dans les grandes villes

Le résultat de l'édition 2024 de la Qualité de vie est marqué par le recul des grandes villes. Bien que destinations touristiques ou centres économiques et politiques, les métropoles perdent des positions sous le poids du ralentissement du PIB par habitant et de l'augmentation du coût de la vie.
Bologne et Milan restent les mieux placées restent. La ville d’Emilie Romagne est 9e après avoir remporté l'enquête à cinq reprises, dont la dernière en 2022. Milan perd quatre positions par rapport à 2023 et arrive en 12e, en conservant son leadership dans la catégorie « Affaires et travail » et la troisième place dans la catégorie « Environnement et services ».

La grande ville suivante au classement ne figure qu’à la 36e place, avec Florence (sixième l'année dernière). La ville toscane conserve toutefois un leadership important, en première place pour la qualité de vie des femmes. Venise occupe la 46e place, soit 14 de moins qu'en 2023, et Gênes la 54e. Turin perd 22 places et se retrouve à la 58e position, juste au-dessus de la capitale, Rome, qui se retrouve à la 59e place.

Le poids des inégalités sociales

Les grandes villes du Centre-Nord sont pénalisées par certains paramètres, en particulier par l'introduction de nouveaux paramètres, à l’instar de l’évolution du PIB par habitant qui récompense au contraire des villes du Sud comme Palerme, Reggio de Calabre et Messine.
Si Milan reste la première ville en termes de PIB par rapport à la population, elle n’arrive qu’en 54e position sur les 107 provinces si l'on analyse l'évolution : 2 % contre 3,9 % pour Palerme.
Et si le Sud enregistre des taux de croissance du PIB plus élevés, reste à savoir quand cette croissance permettra de réduire le fossé entre le Nord et le Sud de la Péninsule.

Aujourd’hui, les aires métropolitaines restent le centre de gravité de la production de richesse : 41 % du PIB national est concentré dans 14 territoires, et Rome et Milan représentent à elles seules environ 20 %.

La question du logement vient également pénaliser la qualité de vie dans les grandes villes. A Rome par exemple, le loyer d'un appartement de 100 m² dans une zone semi-centralisée pèse 81% du revenu moyen déclaré, contre 13% à Trapani (Sicile) et Chieti (Abruzzes). Autre indicateur : il faut 164,8 salaires mensuels pour acheter un deux pièces à Rome contre 33,4 à  Avellino (Campanie).
Résultat, toutes les grandes villes – à l’exception de Milan et Bologne – ont perdu plus d’habitants que la moyenne nationale.

Polarisation des revenus

Il en résulte une polarisation des revenus des habitants des grandes villes d’après le nouvel indicateur introduit cette année sur l'inégalité entre les contribuables. Dans la capitale lombarde, l'écart entre les revenus les plus élevés et les plus bas s'est considérablement accru en quelques années. En 2008, les contribuables les plus aisés étaient 13 fois plus riches que les contribuables aux revenus les plus modestes, contre 18,2 fois en 2022.
L’indice de criminalité désavantage également les grandes villes, a fortiori les plus touristiques, qui font l’objet d’un plus grand nombre de délits.

Le Sud de l’Italie à la traîne

Parmi les plus mauvaises places des territoires du nord du pays, on trouve toutefois deux provinces ligures : Imperia (79e), précédée par Savona (69e).
Comme les années précédentes, le Mezzogiorno est concentré dans les dernières positions avec Catane (83e), Messine (91e), Palerme (100e), Naples (106e) et Reggio Calabria (107e). La meilleure province du Sud de l’Italie est Bari (65e).

Cependant, certaines données montrent un changement de vitesse dans certaines villes du Sud. L'évolution du PIB par habitant récompense Palerme, Caltanissetta et Nuoro (Sicile), et la valeur tendancielle des présences touristiques prime Isernia (Molise), Frosinone (Latium) et Enna (Sicile) qui enregistrent les valeurs les plus élevées.