Ce mercredi 8 mars, des dizaines de milliers de manifestantes ont défilé dans les rues les plus emblématiques de la ville de México pour défendre leurs droits lors de la Journée internationale des femmes.
Une marée violette s’est déversée sur México à l’occasion de la Journée internationale des femmes, et pour cause : le Mexique est considéré par l’ONU comme le pays le plus dangereux d’Amérique latine pour les femmes.
Une marche teintée de revendications
« Nous avons vécu beaucoup d’injustices, beaucoup de violences, et nous sommes fatiguées », rapporte une manifestante. Cette marche a en effet été l’occasion pour près de 90 000 femmes d’exprimer leur colère vis-à-vis des inégalités et des violences physiques et psychologiques qu’elles subissent au quotidien. Elles sont parties du monument à la Révolution, en passant par l’avenue Paseo de la Reforma, pour enfin arriver à Zócalo, tout en scandant : «C’est ton combat ! », « La police ne s’occupe pas de moi, ce sont mes amies qui le font! », ou encore «S’il te frappe, il ne t’aime pas ! ». Toutes étaient accompagnées de pancartes à messages forts et marquants, ainsi que de vêtements, d’accessoires, ou même de fumigènes violets. Plusieurs collectifs féministes comme Disturbias Violetas, Maternidades Feministas ou encore Amorras y Flores de Acero ont aussi répondu présent, non seulement pour faire entendre leurs aspirations, mais aussi pour apporter aux femmes leur soutien, en leur montrant qu’elles ne sont jamais seules. Et ce, dans un contexte où, selon une autre féministe : « Au Mexique, les droits du travail, les droits humains, le droit à la liberté d’expression ont été bafoués. L’amour aussi : on tombe amoureuses et on nous violente».
Des progrès impératifs
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au Mexique, au moins 10 femmes sont assassinées par jour, et 95 % des cas restent impunis. Sans compter que, selon une enquêtée menée par Enkoll, 45 % des mexicaines ont subi une agression ou du harcèlement sexuel au cours de leur vie. En réaction à ces statistiques, une étudiante présente à la marche explique que « c’est pour cela que le 8 mars est important : grâce à nos efforts, la loi Olimpia (un ensemble de réformes législatives qui punit la cyberviolence sexuelle) a été adoptée. On nous écoute de plus en plus. » S’ajoutent également à ces violences protéiformes de profondes inégalités. D’après l’IMCO, les femmes salariées gagnent entre 13% et 27% de moins que les hommes, à job égal. C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons que le mouvement continue le 9 mars, lors du « Jour Sans Femmes », qui tend à montrer leur indispensabilité. Ces dernières sont en effet appelées à faire une grève de toute activité afin de montrer l’impact qu’il y aurait sur l’économie et le développement du pays sans leur travail, mais aussi pour prôner la nécessité de réfléchir à des solutions face aux disparitions de milliers de femmes au Mexique. Plus concrètement, il leur est suggéré de ne pas aller sur leurs lieux de travail, de ne pas se rendre à l’université, et même de ne pas utiliser les réseaux sociaux. Mais le chemin reste encore long : le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a lui-même affirmé que l’égalité entre les sexes s’éloigne de plus en plus et qu’elle sera atteinte, au mieux, dans 300 ans.